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04/01/2020

Bonne année et merci à vous les jeunes qui financez ma retraite.


Comment ne pas être surpris de lire des tonnes de commentaires sur la réforme des retraites et ne rien lire, ou presque, sur les solidarités intergénérationnelles. Pourtant la répartition repose totalement et uniquement sur un pacte de confiance entre les générations. Entre les générations qui payent, paieront et celles qui touchent, toucheront leur retraite. Ce pacte est déséquilibré.

Cette chronique a pris parti depuis plus de vingt ans pour la jeunesse, condamnant les omissions coupables des générations âgées sur la réalité des inégalités générationnelles.

En ce premier janvier 2020, tous mes vœux vont donc, en priorité, à notre jeunesse à qui nous devons et devront le paiement de nos retraites.


Les jeunes actifs paient plus d’un trimestre de salaires par an pour payer nos retraites. Oui l’ensemble des cotisations sociales prélevées sur les salaires s’élève à plus de 27%.

L’Observatoire des inégalités, édition 2019, titre « Les jeunes paient le prix de la crise « . Les inégalités de revenus s’accroissent entre les plus riches et les plus pauvres, mais aussi entre les groupes d’âges. Au cours des vingt dernières années, nos calculs montrent que le niveau de vie des 18-29 ans a augmenté de 17% soit 2700 euros annuels (après impôts et prestations sociales et inflation déduite). Pendant ce temps, le niveau de vie moyen annuel de la population a augmenté de plus de 19% (+3 200 euros) et... celui des 65-74 ans de 22% (+ 4000 euros). Fin de citation.

Et dans les Hauts de France ?.
En décembre, l’INSEE nous offre une étude passionnante concernant les 1 133 300 jeunes Hauts Français de 15 à 29 ans.
La région détient la plus forte part de non-diplômés et non scolarisés de France métropolitaine : 12% des 16-24 ans soit 82500 jeunes. Ils éprouvent davantage de difficultés de lecture notamment dans l’académie d’Amiens. 40% occupent ici un emploi contre 44% en France métropolitaine. Aussi, près d’un jeune sur trois quitte sa zone de résidence pour trouver un emploi.
Les jeunes « ni », ni en emploi, ni en formation représentent un jeune sur quatre, soit 5 points de plus qu’au national. Trois jeunes ménages sur dix sont pauvres quand la moyenne nationale est de 23%.
Arrêtons là, ces chiffres, le CESER en parlera en 2020 dans son portrait des jeunes Hauts Français.

Comment être de bon pères après avoir osé la clause du grand père ou proposer une augmentation des cotisations payées par nos enfants rien que pour nous.

Bonne année à vous.

13/11/2019

Cette nouvelle croissance, créatrice d’inégalités, est elle vraiment souhaitable ?

Ah cette croissance tant recherchée. Croissance créatrice d’emplois à temps plein comme jadis, croissance verte pour demain ou comme aujourd’hui, croissance génératrice d’inégalités. Partout où la croissance progresse, elle est génératrice d’un accroissement terrible des inégalités.

Le drame vécu par les personnes défavorisées du Chili en est l’exemple le plus dramatique. Comme beaucoup, nous lisions que l’économie chilienne était devenue un exemple de croissance et de stabilité. Leur Président en parlait comme d’un oasis de sécurité et de prospérité. Il aura fallu une simple augmentation du ticket de métro pour déconstruire le mirage. Aujourd’hui, dans l’oasis, les militaires emprisonnent et tuent. Insupportable.

Plus près de nous, la théorie du ruissellement s’est prise en boomerang le torrent des gilets jaunes... 10 à 14 milliards dépensés sans grande réflexion pour répondre à ce sentiment d’injustices et d’inégalités. Depuis, en France, la politique aide les très riches et les très pauvres.

Dans la région, le patronat du Comité Grand Lille réuni, il y a quelques mois à la Chartreuse de Neuville qui travaille sur l’économie inclusive, s’inquiétait du risque majeur que représentait pour l’économie cette gravissime montée des inégalités dans le monde.

En juin, l’Observatoire des inégalités présentait son rapport: « Il y a une France qui vit dans l’insécurité sociale, aux alentours d’un quart de la population active ». 8 millions de personnes sont fragilisées face à l’emploi, « c’est une France qui n’a pas d’horizon de vie, ne peut pas prévoir ce que sera demain ». Nous pouvons continuer, un adulte sur 4 n’arrive pas à la stabilité qu’il recherche.

En France, les 10% les plus riches perçoivent des revenus 8,7 fois plus élevés que les 10% les plus pauvres. La France est après la Suisse, le pays d’Europe où les riches sont les plus riches.
Et l’observatoire relève qu’entre 2016 et 2019, il est « très probable « que les inégalités de niveaux de vie se soient accrues.

Baume au cœur pour les militants anti-exclusion, la protection sociale atténue fortement ces inégalités.

Autre inégalité, celle de l’espérance de vie. Chez les hommes, treize années d’espérance de vie à la naissance séparent les 5% les plus pauvres et les 5% les plus riches.

Et dans les Hauts de France? Comme il est difficile d’objectiver le sentiment partagé par beaucoup, le CESER va travailler cette question des inégalités qui aujourd’hui est source de colères de plus en plus violentes.

03:44 Publié dans Actualités | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : croissance

11/11/2019

Le « bon endroit » du Président

À RODEZ, le Président déclare solennellement : « Nous sommes en train de réinventer la grammaire du dialogue social...Il faut mettre les partenaires sociaux au bon endroit. » Cette évidence exprimée, pourquoi en appeler à la grammaire pour gommer la mise à l’écart progressive des partenaires sociaux au profit d’une démocratie directe avec des citoyens tirés au sort, ou comme à Rodez, avec des lecteurs de journaux régionaux.
C’est une vraie question, redondante, en France, Mais n’est-ce pas d’abord celle de l’Etat qui, lui, devrait se trouver et rester au bon endroit.

Disons le, la France est étatique, les corps intermédiaires n’y ont pas bonne presse. Même le leader du premier syndicat écrit dans un livre ne pas aimer ce mot lui préférant celui d’acteurs de transformation sociale -OK-.

Pourquoi cette soif d’Etat, jamais assouvie malgré DE GAULE et maintenant MACRON. Pourquoi les Jacobins dominent-ils toujours les Girondins ?

L’Histoire y répond. Les révolutionnaires de 1789 ne voulaient aucun intermédiaire entre l’Etat et le camarade Citoyen. Mort aux corporations, mutuelles, amicales et bien sûr religions, associations et syndicats étaient réprimés !

Il aura fallu un siècle pour obtenir les lois de 1884 sur les syndicats et le début du 20 ème siècle pour la loi 1901sur les associations. Dire que les rapports entre l’Etat et les religions ont été réglés par la loi de 1905 est, ces jours-ci, bien téméraire.

Oui, pendant un siècle, syndicats-associations et différemment les religions ont été interdits. Pendant ce siècle chape de plomb sur la démocratie sociale française, partout en Europe, le syndicalisme prospérait, notamment les trade-unions britanniques qui dominaient même les partis politiques. L’histoire du mouvement syndical, dans tous les autres pays européens, n’a pas connu pareille parenthèse. Après, nous nous étonnons, comme des vierges effarouchées, des comparaisons entre les taux de syndicalisation de l’Europe du Nord ou des pays anglo-saxons. Triste école de la République qui omet cette apprentissage historique.

Plus près de nous, à quelques mètres, en Belgique, les partis politiques laissent le champ du social aux partenaires sociaux. Au moment où MACRON s’accapare l’UNEDIC, les chômeurs belges vont chercher leurs indemnités chômage au local syndical. Pas questions d’y toucher, démocratie sociale et démocratie politique font bon ménage... enfin comme tous les ménages.

Pour en venir à cette extraordinaire réforme des retraites, il est désolant de se dire que nos concitoyens vont résumer les questions de gouvernance à une querelle d’intérêts quand il s’agit de redéfinir pour cinquante ans les rapports entre l’Etat et les organisations représentatives de ceux qui financent la répartition à savoir les salariés et les entreprises.