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02/07/2018

Et il ne faudrait pas s’indigner !

Stephan HESSEL avait raison, la capacité d’indignation n’est pas innée, quand le cynisme fait feu de tout bois, faudrait-il nous aussi se laisser aller aux petites démissions, silencieuses et tellement confortables. Désolé, l’été ne s’annonce pas radieux.

Les grévistes de la semaine dernière, tous des mauvais pères ! Syndicalisme devrait rimer avec solidarité intergénérationnelle. Avec les réformes des retraites ou les rythmes scolaires, j’ai appris que, souvent, ce n’était pas vrai. Pourquoi avoir puni nos enfants et petits enfants qui révisaient puis passaient leurs examens, bac ou autre ? Par aveuglement corporatiste, bras d’honneur à l’intérêt général au profit d’une minorité qui ne pense qu’à elle. Je ne décolère pas de ce printemps 2018 si éloigné de 1968 et de tout ce qui se nomme SOLIDARITE.

Parcoursup, si c’est çà entrer dans ce monde de la bienveillance ! Pourquoi punir avec une telle violence toute une génération qui a déjà tant de mal ? Un mois avant le BAC, stresser à ce point des jeunes qui ont intégré leur déclassement par rapport à la situation de leurs parents est une faute de notre génération. J’ai vu pleurer ces filles qui étaient recalées sur tous leurs souhaits, recalées par l’écran d’une machine à qui l’on ne peut rien dire. J’ai vu ce jeune qui ce 18 juin est parti passer son BAC sans avoir aucune certitude sur son avenir d’étudiant. J’ai moi aussi souffert de cette impuissance à leur proposer mon aide. Si nous voulions leur démontrer que le bac ne sert à rien, nous n’aurions pas fait mieux, me dit un ancien recteur.

Le PDG de CARREFOUR s’est invité à ma table. Pas de chance, je connais 3 proches qui travaillent à Carrefour, ils aiment leur travail et sont indignés. 273 magasins sortis du groupe, 2400 postes supprimés, un plan social pour 2100 salariés et le PDG responsable qui avait accepté une rémunération de 13,17 millions d’euros pour 2017, cadeau (ne l’oublions pas) du conseil d’administration. Comment voulez vous être syndicaliste modéré dans ces conditions ? Je n’ai pas su panser leurs plaies. Ne baissez pas les bras, Camarades.

« On met un pognon de dingue dans les minimas sociaux et les gens, ils sont quand même pauvres… » Et j’ai voté, appelé à voter pour entendre cela!

80 km/h est ce que ça vaut 400 morts même ruraux ? Les 80 km/h est-ce la bonne solution ? Regardons la vérité en face. Nord : 23 voies concentrent 47% des morts. Pas de Calais : 18 voies pour 51% des morts. Somme : 16 voies pour 51% des morts. Avez-vous vu les reportages sur ce que disaient nos compatriotes quand, en 1973, il y avait 16 000 morts pour dénigrer les limites, puis les ceintures, enfin les alcootests… les mêmes arguments à la noix que parfois nous répétons. Aujourd’hui, nous sommes 3684 à mourir sur nos routes, les cyniques disent que c’est le prix de la liberté.

08:40 Publié dans Actualités | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : 80kms

12/06/2018

Un monde politique et syndical en explosion.

Après les congrès nationaux de 4 syndicats (CGC, CGT, FO, CFDT), l’échiquier syndical est fortement modifié. Faute d’interlocuteurs patronaux et gouvernementaux ouverts à la négociation, les dirigeants et encore plus les militants syndicaux deviennent plus contestataires. Tentons une petite revue de détail.

François HOMMERIL, le président de la CFE-CGC a pris ses distances avec la qualification de réformiste qui ne serait qu’une « instrumentalisation du gouvernement ». Pour lui être réformiste c’est être considéré comme béni-oui-oui. Ainsi, depuis son congrès, la CGC prend soin de toujours se démarquer de la CFDT et de la CFTC… sans pour autant rejoindre FO.
A la CGT, Philippe MARTINEZ dit clairement ne rien attendre du patronat et du gouvernement unis dans une stratégie de détricotage systématique du modèle social français. L’unité du syndicat se fait sur la base du discours le plus radical quitte à être inopérant et assumer des défaites à répétition.

Pascal PAVAGEAU, le nouveau leader de FO se dit « FO canal historique » comprenons : plus dur que son prédécesseur. « Totalement opposé » au gouvernement, le discours est brutal : « Macron déprotège dans une logique de chacun pour soi, une logique de jungle ». Très attaché aux idéaux républicains et aux services publics, il explique « Notre engagement est noble. On cherche à défendre, protéger, proposer, construire ». Lors du congrès tenu à LILLE, les observateurs ont été marqués par l’âpreté des débats et les clivages entre les partisans de la ligne MAILLY plus ouverte à la négociation et les radicaux souvent politisés. Le congrès a aussi marqué sa volonté de participer activement aux futures manifestations voire aux grèves contre les projets gouvernementaux en particulier la réforme des retraites.

Le congrès de la CFDT vient de se terminer. Laurent BERGER s’est présenté très critique devant des militants impatients de durcir le ton sans pour autant renier les valeurs historiques avec un hommage appuyé aux anciens, décédés cette année, Edmond MAIRE et François CHEREQUE. Voici quelques paroles de militants suite aux ordonnances : « Nous n’étions pas déçus mais en colère », « il faut une position plus forte face à un gouvernement qui n’a rien à faire des syndicats », une colère sourde pointait dans de nombreuses interventions sans remettre en cause le leadership de l’équipe BERGER. La CFDT termine son congrès avec la volonté « d’exercer son contre-pouvoir sans tomber dans l’opposition politique ». Malgré les vents contraires, la ligne réformiste en sort même renforcée.

Les élections de représentativité qui se dérouleront en fin d’année dans les trois fonctions publiques donneront le classement des syndicats tous secteurs confondus, gros enjeu pour la CFDT qui brigue la première place.

19:45 Publié dans Actualités | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : monde syndical

25/05/2018

Depuis 40 ans, la fête du travail se cherche comme le travail.


Où sont passés les Premier Mai revendicatifs, populaires et festifs des années 70. Je n’en manquais aucun. En quatre décennies, mortes et enterrées ces fêtes du travail conviviales et rien ne les a remplacées. Pour de nombreux militants réformistes, le Premier Mai est aujourd’hui synonyme de grasse matinée et de repos. Déjà dans les années 80, Edmond MAIRE, Secrétaire Général de la CFDT, avait refusé de participer à une manifestation où le syndicat appelait. Il n’y voyait pas d’intérêt.

On peut regretter, en ces moments de fort chômage, la sortie provocante et peu respectueuse du monde du travail – non ce n’est pas un gros mot- du Président de la République qui se vante de travailler, lui, tous les jours même le premier mai, comme si ce n’était pas le cas du salariat de 2018 !

Le Premier Mai fait partie de notre culture commune, le familistère de GUISE avait souhaité instaurer une fête des travailleurs, mais ce sont les syndicats américains de l’AFL-CIO qui se sont battus pour le Premier Mai et ont été les premiers à le fêter à CHICAGO en I886. En 1991, avec Pierre MAUROY, alors Premier Ministre, nous manifestions à FOURMIES pour le centenaire du premier mai où ont été tués 6 ouvriers.

On peut, comme beaucoup, ne pas manifester ce premier mai 2018, mais -en même temps- respecter et même honorer cette mémoire collective comme nous le ferons pour mai 68. Oui, les propos du Président étaient choquants.

Cette chronique s’interroge chaque semaine sur les évolutions, souvent radicales, du monde du travail, évolutions qui attisent les tensions sociales.

Le dernier congrès de Force Ouvrière qui s’est tenu à LILLE dans une ambiance détestable a montré combien les dirigeants syndicaux avaient les pires difficultés pour faire bouger les lignes et les comportements militants.
Jean Claude MAILLY qui a tenté d’ouvrir un dialogue constructif avec le gouvernement pour infléchir les ordonnances travail a été ainsi malmené pendant toute la semaine.
Dans tous les syndicats, les dirigeants sont en difficulté, nous avons vu les deux responsables régionaux de la CFDT démis de leur fonction parce que jugés collants trop aux nouvelles modifications du territoire régional. Désemparés devant les stratégies patronales et gouvernementales et encore plus devant celles des salariés, trop de délégués syndicaux se retranchent derrière un discours certes virulent mais peu opérant. Bien sûr, rien ne dit que les efforts mis par de nombreuses sections syndicales pour comprendre ces évolutions et les négocier soient vains, bien au contraire.

Nous comprenons alors pourquoi depuis 40 ans, à cause du travail, la fête du travail comme les syndicats se cherchent

09:23 Publié dans Actualités | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : 1er mzi