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24/05/2021

Démographie 3. Les 10 défis démographiques du prochain Conseil Régional

Voici la quatrième chronique consacrée à la démographie, le portrait démographique des Hauts de France trace la feuille de route du prochain Conseil Régional, voici dix enjeux:

La transition générationnelle. Dans 20 ans nous aurons 287 989 jeunes en moins et 332 991 personnes de plus de 75 ans en plus. Comment instaurer un nouveau pacte de confiance et de solidarités entre les générations au sein de la région?
La honte éducative des Hauts de France. Un jeune sur 4 est sans formation et sans emploi. Plus de 80 000 jeunes se retrouvent chaque année sans diplôme. Comment mettre fin à ce scandale?
Baisse de la fécondité. Nous sommes passés de + 85000 naissances dans les années 90 à - de 70000 en 2019. Faut il essayer de la relancer? Si oui, comment?
Le déficit migratoire chronique. Comment le réduire ou le compenser? Quelles populations retenir? Expliquer pourquoi accepter de nouvelles migrations est décisif pour l’avenir économique des Hauts de France.
Quid des 3 espaces où les pertes de population seront les plus importantes, à savoir l’Aisne, le Pas de Calais, la Somme ?
Plus de 80% des seniors ne sont pas dépendants, ce chiffre restera stable. Pourquoi cette extraordinaire bonne nouvelle n’est pas relayée par nos élus?
Les inégalités de revenus. Si nous avons, dans les Hauts de France, le plus faible revenu disponible médian, les écarts de revenus se réduisent de moitié après redistribution, alors comment d’abord augmenter les revenus pour ensuite, et seulement ensuite, revoir nos filets de protection sociale.
La misère des familles monoparentales et des jeunes ménages. 36,5% c’est le taux de pauvreté des familles monoparentales et 28,9% celui des ménages de moins de 30 ans. Quelles politiques régionales ciblent ces familles pour lutter contre cette misère contemporaine.
Illectronisme. Une personne sur 6 est en situation d’illectronisme dans la région. Quelle politique publique pour résorber ce retard qui handicape la vie des intéressés et le développement économique régional.
Plus de logements et pouvoir en changer. Avec le vieillissement, il est nécessaire d’organiser une libre fluidité permettant de changer facilement de logement pour répondre aux changements de vie. Quid des forts besoins en logements nouveaux du Nord et de l’Oise + de 20%?.
Le taux d’emplois des seniors de 55/65 ans est de 43,2%, ce qui rend totalement démagogique le recul identique pour tous de l’âge de la retraite. Là encore, nous ne pouvons nous satisfaire des discours idéologiques comme l’âge pivot. Les réponses d’Europe du Nord seraient une solution, qu’en pensent nos futurs élus ?.

Vos réponses sont attendues Mesdames et Messieurs les candidats.

Démographie 2. La pandémie est une épidémie qui a réussi (JL MIÈGE)

Dénigrer le respect des consignes sanitaires, penser que l’on peut vivre sans réguler les activités humaines comme les déplacements, c’est nier l’histoire des pandémies indissociable de l’histoire de l’humanité.

Au travers les siècles, comme les guerres, les pandémies ont modifié les rapports de forces au sein des continents et du monde.
Dans son essai, Y CARONI citait la Peste Noire qui ravagea l’Europe pendant la guerre de CENT ANS. En un siècle l’Angleterre est passée de 5 à 3 millions d’habitants, dans le même temps, la France passait de 16 à environ 12 millions d’habitants. La guerre se termina par l’épuisement de l’Angleterre et de la France.
La même Peste Noire explique la fin de l’Empire Romain d’Orient, après 100 ans de pandémie, l’Europe avait perdu 30% de sa population ce qui permis aux Turcs de terminer la conquête de l’empire par la chute de Constantinople.
Tout au long de notre histoire les épidémies anciennes et nouvelles, favorisées par les migrations et les échanges intercontinentaux ont marqué pour toujours les imaginaires de grandes villes meurtries par la pandémie comme Venise qui perd 50 000 habitants dans les années 1575, Messine 40 000 ou Barcelone qui perd la moitié de ses habitants en 1650 avec le retour de la peste.
Et Marseille en 1720 avec ses 40 000 morts soit la moitié de la population de la ville où les intérêts économiques du port ont prévalu sur ceux de la population...
Dans la région, entre 1739 et 1749, une période de forte mortalité brise un temps l’essor démographique.
Les confinements dans des îles proches des ports servaient de mise en quarantaine des « pestiférés » ou des voyageurs au long cours, comme dans le lazaret de l’île Tatihou au nord du Cotentin. Des lazarets, il en existe dans de nombreuses rades françaises mais aussi dans des villes comme Beauvais ou le lazaret allemand de Hautmont.
Nous n’avons rien inventé, l’histoire se renouvelle encore et encore.


Ce que disent les premières données régionales sur la Covid?
Entre 2019 et 2020, la surmortalité s’est élevée à 11% bien supérieur au reste de la France 8,8%. Pour la tranche des plus de 75 ans, lors de la première vague c’était plus 34%! Plus 29% dans les maisons de retraite.
Or, cette population très fragile face aux épidémies comme la grippe va fortement progresser, dans les Hauts de France le nombre de personnes de plus de 75 ans va augmenter de 186 580 dans les 10 ans pour atteindre une augmentation de 426 000 en 20500! Les futures populations régionales à risques nous les connaissons, elles seront en progression, la seule question à se poser est: quelles politiques sommes nous prêts à mettre en œuvre pour les prévenir.
Cette fois, nous ne pourrons pas dire que nous ne savions pas.

03/05/2021

Le langage des démographes

Ma dernière chronique reprenait les nouvelles données démographiques régionales. Le constat est imparable, nous vieillissons comme toute l’Europe.
La base de notre pyramide des âges se rétrécit et cela va continuer. Les Hauts de France resteront longtemps la région la plus jeune... des régions vieilles. La fin du baby-boom et du papy-boom annonce une transition démographique à laquelle nous ne sommes pas préparés. Quand le problème des retraites a été nié par la meute des anti-réformistes:« ce n’est pas un problème démographique », nous nous devons ne pas rater cette transition démographique porteuse de choix qui seront difficiles. C’est un combat militant auquel nous sommes encore conviés.
Mes prochaines chroniques seront démographiques, vous verrez c’est passionnant.

La boussole du temps long et mi-long.
En 2015, l’essai d’Yves CARONI (grand patron nordiste des travaux publics), co-écrit avec Jean Claude BRANQUART, commençait par « Parce que la démographie préfigure l’avenir... ». Oui, cette science qui scannérise la population à l’instant T, nous apprend aussi ce que sera la population de demain. Ce livret anticipait l’évolution vérifiée de la Russie et de l’Asie, toujours d’une brûlante actualité. Ma conviction est que les démographes nous prédisent l’avenir, mais la construction de l’avenir réel nous appartient.

La pyramide des âges.
En 1883, Émile CHEYSON a inventé la pyramide des âges, outil emblématique des démographes. Mais en soi « la » pyramide ne dit pas grand chose, l’important est de juxtaposer les pyramides par décennies, les décennies passées et futures, nous pouvons alors apprécier les dynamiques. Ainsi pour notre région, nous distinguons très bien l’érosion de la base ( les jeunes) et le gonflement des anciens dans la partie supérieure.
Le danger, souvent vérifié, est d’en tirer des décisions mathématiques. Par exemple, la baisse de la natalité régionale aura dans deux trois ans des répercussions sur le nombre de classes et d’enseignants en maternelles, mais il serait idiot d’utiliser la règle de trois consistant à calquer le nombre de classes en proportion du nombre d’élèves. C’est faire l’impasse sur les déterminants sociaux et géographiques. La démographie n’est qu’un indicateur parmi d’autres, mais essentiel.

L’espérance de vie.
Autre terme utilisé par les démographes, l’espérance de vie suscite de nombreuses polémiques, son augmentation pourtant évidente est encore interrogée car cette bonne nouvelle suscite aussi des angoisses. La différence hommes/femmes alimente des discussions dignes du café du commerce, elle existe pourtant sur tous les continents. De quelle espérance de vie parle t’on: à la naissance, à 65 ans, en bonne santé... la précision est importante pour les politiques à décider. Son augmentation d’environ 3 mois à la naissance sera impactée par la pandémie. Mais l’importance des pandémies dans la démographie se sera pour la prochaine chronique.