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24/05/2021

Démographie 2. La pandémie est une épidémie qui a réussi (JL MIÈGE)

Dénigrer le respect des consignes sanitaires, penser que l’on peut vivre sans réguler les activités humaines comme les déplacements, c’est nier l’histoire des pandémies indissociable de l’histoire de l’humanité.

Au travers les siècles, comme les guerres, les pandémies ont modifié les rapports de forces au sein des continents et du monde.
Dans son essai, Y CARONI citait la Peste Noire qui ravagea l’Europe pendant la guerre de CENT ANS. En un siècle l’Angleterre est passée de 5 à 3 millions d’habitants, dans le même temps, la France passait de 16 à environ 12 millions d’habitants. La guerre se termina par l’épuisement de l’Angleterre et de la France.
La même Peste Noire explique la fin de l’Empire Romain d’Orient, après 100 ans de pandémie, l’Europe avait perdu 30% de sa population ce qui permis aux Turcs de terminer la conquête de l’empire par la chute de Constantinople.
Tout au long de notre histoire les épidémies anciennes et nouvelles, favorisées par les migrations et les échanges intercontinentaux ont marqué pour toujours les imaginaires de grandes villes meurtries par la pandémie comme Venise qui perd 50 000 habitants dans les années 1575, Messine 40 000 ou Barcelone qui perd la moitié de ses habitants en 1650 avec le retour de la peste.
Et Marseille en 1720 avec ses 40 000 morts soit la moitié de la population de la ville où les intérêts économiques du port ont prévalu sur ceux de la population...
Dans la région, entre 1739 et 1749, une période de forte mortalité brise un temps l’essor démographique.
Les confinements dans des îles proches des ports servaient de mise en quarantaine des « pestiférés » ou des voyageurs au long cours, comme dans le lazaret de l’île Tatihou au nord du Cotentin. Des lazarets, il en existe dans de nombreuses rades françaises mais aussi dans des villes comme Beauvais ou le lazaret allemand de Hautmont.
Nous n’avons rien inventé, l’histoire se renouvelle encore et encore.


Ce que disent les premières données régionales sur la Covid?
Entre 2019 et 2020, la surmortalité s’est élevée à 11% bien supérieur au reste de la France 8,8%. Pour la tranche des plus de 75 ans, lors de la première vague c’était plus 34%! Plus 29% dans les maisons de retraite.
Or, cette population très fragile face aux épidémies comme la grippe va fortement progresser, dans les Hauts de France le nombre de personnes de plus de 75 ans va augmenter de 186 580 dans les 10 ans pour atteindre une augmentation de 426 000 en 20500! Les futures populations régionales à risques nous les connaissons, elles seront en progression, la seule question à se poser est: quelles politiques sommes nous prêts à mettre en œuvre pour les prévenir.
Cette fois, nous ne pourrons pas dire que nous ne savions pas.

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