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30/09/2017

Du bon et du moins bon dans le nouveau paysage syndical.

Après cette séquence sur les ordonnances, pour les syndicats, il y a du bon et du moins bon.

Le bon : les syndicats réformistes, déjà majoritaires en représentativité, se renforcent avec FO. Les relations syndicats/gouvernement sont enfin devenues matures et ont conduit tous les syndicats, sans exception, à se parler et se concerter ; ce ne sera pas superflu car avec la suppression du paritarisme aux ASSEDICS, le bigbang de la formation professionnelle et l’unification des règles de calcul des retraites, c’est à une boulimie de réformes que MACRON invitent les syndicalistes.

Le moins bon : la concertation a clairement donné l’avantage aux employeurs, un coin a été enfoncé dans le monopole syndical dans les TPE PME, les règles de loyauté dans la négociation sont toujours absentes. Le MEDEF est plus lobbyiste que jamais.

Passons en revue chaque syndicat :

La CGT continue à masquer ses divisions par un surcroit de contestation, concurrencée par France Insoumise.

La CFTC, comblée d’avoir sauvé sa représentativité, monnaye son appoint, décisif, pour la signature d’accords majoritaires.

La CGC (à égalité avec la CGT, 7 points derrière la CFDT dans l’encadrement) se cherche une énième stratégie, elle cultive le mécontentement et refuse l’étiquette de réformiste.

FO a tiré (semble-t-il durablement) les leçons de son positionnement contre la loi EL KOMRI, effectuant un revirement à 360 degrés sur les ordonnances droit du travail. Même si en interne ça tangue (plus de la moitié des unions départementales), J C Mailly veut transmettre le témoin à Pascal PAVAGEAU sur une ligne syndicale réformiste. Gouvernement et employeurs vont vite vérifier la fiabilité de leur interlocuteur.

La CFDT, profondément déçue de l’arbitrage gouvernemental sur les ordonnances, est l’organisation qui avait le plus travaillé ses 50 pages de propositions. Elle qui, seule, a appelé « à voter Emmanuel MACRON » n’a pas été entendue sur les deux marqueurs plébiscités par ses militants, à savoir le monopole syndical pour négocier et avancer vers une codétermination à l’allemande. La CFDT qui travaille sur le temps long sait que gouvernement et patronat ont besoin d’interlocuteurs fiables, mais elle ne mettra plus jamais en cause sa cohésion interne encore renforcée suite aux ordonnances.

Jamais la France n’a eu l’expérience d’avoir comme premier syndicat un syndicat réformiste qui pèse plus de 30%. La CFDT veut rassembler 10 000 militants à Paris, le 3 octobre, on sait qu’ils sont capables de soutenir les réformes mais il ne faudra plus les décevoir.

09/09/2015

C’est quoi être militant aujourd’hui.

Les militants responsables sont en première ligne pour essayer d’endiguer le risque extrémiste qui mine notre société. Être militant en cette rentrée, c’est déjà cerner la priorité de l’action. Le problème ce n’est pas le gouvernement, c’est le risque d’un Syriza français d’extrême droite. C’est évident, après les départementales, les régionales et la présidentielle seront gagnées par le FN si les militants humanistes et républicains ne se bougent pas. Les divisions de la gauche annoncent un nouveau 21 avril, les divisions de la droite accentuées par les primaires minent les espoirs d’alternance.

Être réaliste est la première qualité du militant.

Comme aime le dire un dirigeant syndical ami « je rêve mais la nuit », on ne nous demande pas de rêver en « isme » mais d’agir en « eur ». Oublions le réformisme et soyons réformateur ! Oui soyons acteurs, mettons les mains dans le cambouis et faisons sauter les tabous et les totems. Nos concitoyens s’en foutent de savoir si l’on est trop à droite ou trop à gauche, ils veulent du concret, du tangible.
Changer le réel avant de chercher à changer les opinions, c’est le b.a.-ba du militant.
Maintenant, il est urgent d’afficher ses convictions, voici les miennes :

Je suis humaniste. Je place la Femme, l’Homme, l’Enfant, au-dessus de tout. L’enfant rom n’a pas à errer sur le trottoir quand un petit français serait placé en famille d’accueil. Jeune, je me battais contre les taudis, comment puis-je accepter les jungles et bidonvilles. La Femme est l’égale de l’Homme, religion ou pas, ce n’est pas négociable. Aussi, j’ai apprécié le discours de Merkel sur les migrants. La tentation du repli identitaire, parlons-en, rien n’est perdu d’avance.

Je suis réformateur. Ma société va mal, le chômage, la précarité, les inégalités sont insupportables. Changer c’est réformer. Réformer ce n’est pas que du sang et des larmes Monsieur Fillon ! c’est remplacer une situation insatisfaisante par une situation meilleure. La réforme c’est tout de suite, pas de pause électorale, il est illusoire de vouloir battre les extrêmes en attendant et en rabâchant nos anciennes certitudes. Pourquoi réformateur plutôt que réformiste ? Tout le monde est pour la réforme mais jamais pour celle-ci, réformateur fait penser à acteur, trop de militants craignent la réforme tout en la souhaitant, or le militant d’aujourd’hui est le soldat des réformes.

Je suis négociateur. Quand patronat et syndicats ne se situent qu’en rapport au gouvernement ils ne négocient plus entre eux, ce qui est leur première mission. Nous savons bien que toute négociation, est aujourd’hui sensible car elle bouge les lignes (ces fameux totems) mais sans accord négocié c’est faire porter le changement par la loi donc les politiques. Notre rôle est de soutenir les négociateurs syndicaux qui osent prendre leurs responsabilités. Par ailleurs les syndicalistes doivent se former aux techniques de la négociation raisonnée, la négociation de positions devenant inopérante.

Mais être négociateur c’est aussi un état d’esprit pour engager la discussion avec ceux qui s’apprêtent à voter extrême. Refusons les guerres de positions, cherchons à raisonner ensemble. Un électeur FN n’est pas un paria, il faut discuter avec lui, l’écouter et lui donner notre avis, entendre ses remarques et essayer d’y répondre. La bataille des idées ne peut être gagnée si on ne la mène pas. Les qualités du négociateur (écoute, empathie, sens du compromis) sont très utiles pour engager la discussion et argumenter.

29/05/2015

Les sans protection syndicale

On connait les « sans », ils sont de plus en plus nombreux. Les sans emploi, sans domicile fixe, sans papier, sans protection sociale. Il serait temps de se soucier des sans protection syndicale ou plus précisément des sans représentant du personnel.

Je vais ici défendre les indéfendus, ceux qui ont des petits droits parce qu’ils travaillent dans des petites entreprises. Ceux qui sont face à face avec leur patron, sans aucune aide, sans aucun moyen d’être assistés quand ils ont besoin d’un conseil.

Le projet de loi REBSAMEN sur la modernisation du dialogue social va instituer des commissions paritaires régionales interprofessionnelles où siègeront à parité des représentants des employeurs et des salariés issus des TPE (très petites entreprises).

Les salariés des TPE n’ont pas le droit d’élire des délégués du personnel et cela se comprend vu la taille de l’entreprise. Ils ont le droit d’être défendu et assisté, uniquement lors de l’entretien pour leur licenciement, à ce moment-là, ils ont –quand même- le droit d’être assisté par un « conseiller » du salarié extérieur à l’entreprise. C’est pour le moins révoltant de dire à ces salariés que leur seule possibilité de recourir à l’assistance d’un représentant du personnel c’est au moment du licenciement, quand tout est foutu !

Alors évidemment que la création de ces commissions paritaires va dans le bon sens, mais alors pourquoi refuser à ces représentants la possibilité, s’ils le souhaitent, de rencontrer les employeurs ou les salariés à l’intérieur de l’entreprise ? Le projet de loi de loi s’arrête au milieu du gué, là où il pourrait devenir opérant. Il existe pourtant dans l’artisanat des commissions territoriales auxquelles les salariés peuvent faire appel, et ces commissions n’ont jamais interdit à un artisan de décider un licenciement ou une sanction.

Je me souviens, il y a 40 ans, à ARRAS, je défendais les salariés de l’agriculture. Au téléphone, un agriculteur me disait son désarroi devant la grille de qualification et je le conseillais, de même quand un salarié me disait être en conflit avec son patron agriculteur, j’appelais ou j’allais voir celui-ci et nous réglions le problème 8 fois sur 10.

Penser que l’on peut développer les TPE PME en les exonérant de tout dialogue social formalisé est une pensée du début du siècle dernier.

Je le dis ici sans provocation, les représentants des petites entreprises non artisanales, n’ont rien compris à l’économie contemporaine, en continuant à « octroyer »de petits droits à leurs salariés ils sont eux même des Petits.

article paru dans Autrement Dit