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27/11/2016

Le concept de rupture : archaïque, belliqueux, malveillant, quand celui de réforme…

La rupture excite beaucoup de monde en ce moment, tout au moins en politique. C’est à celui qui serait le plus apte à engager des ruptures que nous devrions accorder nos voix.

Si les mots veulent encore dire quelque chose, la rupture est « une séparation brutale ». On parle de rupture de contrat, d’anévrisme ou tout simplement de rupture amoureuse, autant dire que la rupture ne fait pas rêver. Alors pourquoi nos candidats présidents ont-ils tous ce mot à la bouche.

Est-ce mollasson de préférer mutation, évolution, transformation, transition ?

J’ai toujours préférer le lien à la rupture, la réconciliation à la rupture, c’est même un idéal militant. J’ai eu la chance d’avoir des maitres capable de m’expliquer que la réforme est plus révolutionnaire que la révolution (cf. Nicole NOTAT). Les jeunes socio-démocrates allemands et suédois ont passé des soirées à me convaincre des vertus de la négociation. Le dissident polonais, Jacek KURON, expliquait « j’ai arrêté d’etre révolutionnaire, le jour où j’ai appris que si je gagnais je devrais vivre avec mon adversaire ». Comment ne pas voir qu’il est très difficile de coexister après une rupture ?
Comment ne pas voir que ce concept de rupture conduit à des casses que nous (ou nos enfants) serons obligés de recoller plus tard avec patience et beaucoup de persévérance.

Proposer la rupture n’est-ce pas un signe d’impuissance à changer autrement qu’en démolissant ce qu’ont fait les prédécesseurs ?

Ne serait-ce pas plus facile de refonder la politique en proposant le changement (même radical) par la négociation ?
Les partisans des ruptures ne croient plus aux corps intermédiaires capable de réguler leurs conflits d’intéret. Ils ne croient qu’à la politique au point de légiférer avec le 49-3 !

Maintenant, je comprends l’impatience, l’urgence, la nécessité de se démarquer entre candidats. Mais les réformistes ne doivent pas se taire, surtout quand les temps ne sont pas favorables.
Et puis, qui peut nous expliquer que sur les retraites, le cout du travail, la durée du travail, comment il est possible de rompre brutalement avec les réformes déjà engagées.

Aller plus vite, faire autrement, oui. Mais en laissant une place, une toute petite place, au dialogue.

09:49 Publié dans A lire | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : réforme

07/07/2014

Face à la tentation de baisser les bras, l’urgence de se responsabiliser

Aux détours de ses dernières interviews, Jean Paul Delevoye fait part de sa profonde inquiétude face à la lassitude des forces vives du pays. La France doit redouter la tentation de ses citoyens les plus actifs de « baisser les bras », autant sinon plus qu’une explosion de colère, estime le président du Conseil économique, social et environnemental.

Je partage cette appréhension qu’un certain nombre d’hommes et de femmes qui sont la colonne vertébrale de l’action publique ou économique arrêtent à un moment donné par lassitude de défendre le pays.

Ces chefs d’entreprises, syndicalistes, bénévoles associatifs, fonctionnaires qui font vivre une certaine idée du service public et de l’égalité, nombre d’entre eux se lassent d’une impossible réforme de notre pays. La France connaît effectivement une crispation institutionnelle entre un exécutif inaudible, une majorité au bord de la rupture, une opposition complètement éclatée et des élus locaux en opposition avec l’Etat en raison de ses projets de réforme des collectivités territoriales.

Tous se retrouvent sur le diagnostic et sur les réformes nécessaires. Le socle commun des réformes urgentes existe mais se heurte aux conservatismes et positions de chacun. Nous sommes tous des conservateurs en puissance, adossés à nos positions.

Et pourtant, qui peut, en conscience, ne pas reconnaître l’urgence de réformer notre système de formation professionnelle (32 milliards d’euros qui ne vont pas en priorité aux demandeurs d’emploi) ; notre politique logement qui favoriser la rente plutôt que la construction (et la loi ALUR ne lutte pas contre cette tendance) ; notre fiscalité dont l’un de nos économistes que l’Amérique s’arrache dit qu’elle injuste…

Et que dire de notre réforme territoriale qui aujourd’hui se heurte aux cumuls des mandats de nos élus. Et que dire encore de la position irresponsable du MEDEF sur le pacte de responsabilité proposé par le Président de la République. Depuis 10 ans, aucun effort de cette ampleur n’a été proposé aux chefs d’entreprises et ce ne serait pas encore assez ?

Chacun, à notre niveau de décision, nous portons une part de responsabilité. Réformer pour autrui est toujours plus facile que pour soi-même disait Clémenceau.

Avant que la tentation de baisser les bras nous envahisse et finisse de nous immobiliser, je crois que la première des urgences n’est pas de réformer mais de se responsabiliser. Responsabiliser les élus qui doivent dépasser l’horizon de leur mandat, les chefs d’entreprises et syndicats qui doivent dépasser leurs intérêts catégoriels, les simples citoyens qui ne peuvent indéfiniment reporter l’effort sur les autres.

Faisons de ce temps estival, un temps productif où chacun pourrait réfléchir, à son niveau, à un changement qui bouleverse son quotidien, et qui puisse, même modestement, servir un dessein collectif meilleur. Des crispations naissent autant le chaos, que le renouveau. A nous de faire le bon choix.

01:56 Publié dans Actualités | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : réforme

09/10/2011

La prochaine étape de la réforme des retraites devrait être celle de la retraite à la carte

Les 2 réformes de 2003 et 2010 ont fixé durablement l’évolution des paramètres de la retraite à savoir : allongements progressifs de la durée de cotisation et de l’âge et indexation des pensions sur l’évolution des prix.

Si ces 2 réformes ont amélioré le financement futur des retraites, elles ont comme principal défaut celui de l’uniformité et de la rigidité.

Il faut dorénavant introduire de la liberté individuelle dans les possibilités d’accès à la retraite.

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