07/07/2014
Face à la tentation de baisser les bras, l’urgence de se responsabiliser
Aux détours de ses dernières interviews, Jean Paul Delevoye fait part de sa profonde inquiétude face à la lassitude des forces vives du pays. La France doit redouter la tentation de ses citoyens les plus actifs de « baisser les bras », autant sinon plus qu’une explosion de colère, estime le président du Conseil économique, social et environnemental.
Je partage cette appréhension qu’un certain nombre d’hommes et de femmes qui sont la colonne vertébrale de l’action publique ou économique arrêtent à un moment donné par lassitude de défendre le pays.
Ces chefs d’entreprises, syndicalistes, bénévoles associatifs, fonctionnaires qui font vivre une certaine idée du service public et de l’égalité, nombre d’entre eux se lassent d’une impossible réforme de notre pays. La France connaît effectivement une crispation institutionnelle entre un exécutif inaudible, une majorité au bord de la rupture, une opposition complètement éclatée et des élus locaux en opposition avec l’Etat en raison de ses projets de réforme des collectivités territoriales.
Tous se retrouvent sur le diagnostic et sur les réformes nécessaires. Le socle commun des réformes urgentes existe mais se heurte aux conservatismes et positions de chacun. Nous sommes tous des conservateurs en puissance, adossés à nos positions.
Et pourtant, qui peut, en conscience, ne pas reconnaître l’urgence de réformer notre système de formation professionnelle (32 milliards d’euros qui ne vont pas en priorité aux demandeurs d’emploi) ; notre politique logement qui favoriser la rente plutôt que la construction (et la loi ALUR ne lutte pas contre cette tendance) ; notre fiscalité dont l’un de nos économistes que l’Amérique s’arrache dit qu’elle injuste…
Et que dire de notre réforme territoriale qui aujourd’hui se heurte aux cumuls des mandats de nos élus. Et que dire encore de la position irresponsable du MEDEF sur le pacte de responsabilité proposé par le Président de la République. Depuis 10 ans, aucun effort de cette ampleur n’a été proposé aux chefs d’entreprises et ce ne serait pas encore assez ?
Chacun, à notre niveau de décision, nous portons une part de responsabilité. Réformer pour autrui est toujours plus facile que pour soi-même disait Clémenceau.
Avant que la tentation de baisser les bras nous envahisse et finisse de nous immobiliser, je crois que la première des urgences n’est pas de réformer mais de se responsabiliser. Responsabiliser les élus qui doivent dépasser l’horizon de leur mandat, les chefs d’entreprises et syndicats qui doivent dépasser leurs intérêts catégoriels, les simples citoyens qui ne peuvent indéfiniment reporter l’effort sur les autres.
Faisons de ce temps estival, un temps productif où chacun pourrait réfléchir, à son niveau, à un changement qui bouleverse son quotidien, et qui puisse, même modestement, servir un dessein collectif meilleur. Des crispations naissent autant le chaos, que le renouveau. A nous de faire le bon choix.
01:56 Publié dans Actualités | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : réforme
Les commentaires sont fermés.