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27/12/2018

Quel beau fiasco social !

Séduit par son analyse pertinente et sa détermination à lever les blocages de la société, jamais nous n’imaginions qu’élu, le Président instaurerait un rapport direct aussi illusoire que prétentieux avec les citoyens.

Plusieurs fois, j’ai hésité à poursuivre cette chronique. Comment parler des relations sociales quand il n’y en a pas?
Cette chronique s’engage, elle conteste le Tout État et pousse les acteurs à la libre négociation autonome notamment entre les acteurs syndicaux et patronaux. Le bilan 2018 n’est pas glorieux, la verticalité étatique triomphe, les corps intermédiaires sont dénigrés et snobés, le social ne s’exprime qu’à l’aune de la règle à calculer, l’idiote opposition anciens/modernes remplace l’obsolète droite/gauche. Quant au climat social le gâchis est énorme.

Le « en même temps » si cher au négociateur soucieux de trouver des compromis acceptables - en même temps- par toutes les parties a fait long feu tant la balance des efforts demandés est déséquilibrée.

Pour résumer concrètement cette critique, revenons au sujet des retraites. Autant l’instauration d’une CSG retraite compensant la baisse des cotisations pour améliorer le pouvoir d’achat des jeunes actifs était un acte fort et nécessaire de solidarités intergénérationnelles, autant la désindexation de la revalorisation des pensions sur les prix est une injustice inqualifiable à quelques mois d’une réforme ambitieuse.

On ne peut revenir sur cette année sans nous souvenir du choc des élections régionales, des mots et du visage expressif du Président BERTRAND ravagé par ce qu’avait exprimé la campagne et son résultat annonçant des présidentielles à très hauts risques. Il est toujours surprenant de voir comment les électeurs qui ont eu si peur du « vert-de-gris » sont excessifs dans leurs attentes vis à vis de celui qu’ils ont élu échappant au pire. Ici on s’en souvient, c’est pourquoi notre critique envers le Président MACRON, nous la faisons avec cette reconnaissance de nous avoir épargné LEPEN. Oui c’est d’autant plus difficile à vivre que nous sommes convaincus que ce quinquennat tout comme la mandature régionale sont condamnés à réussir faute d’alternative.

Comme les mots ont un sens, cette année a montré que le terme « société civile » était inopérant, il est plus juste de parler des « corps intermédiaires » ou de « société civile organisée ». L’irresponsabilité revendiquée des gilets jaunes nous montre à la fois l’impasse de toute démocratie directe et la nécessité démocratique d’un dialogue social beaucoup plus généreux qu’il ne l’a été ces dernières années. Cela s’appelle aussi la démocratie sociale.

23/12/2018

10 morts pour une révolte, c’est humainement inacceptable!!

Imaginons un seul instant (même si ce n’est pas plausible) qu’un conflit social organisé par la CFDT ou la CGT, ait fait 10 morts, que n’aurions nous pas entendu, à juste titre, sur ces syndicats irresponsables et assassins.

La presse nous a gavé des portraits des leaders (leaders d’eux mêmes) habillés de jaune et ne nous a rien dit de ces vies brisées comme si cela aurait été incorrect, mal venu. Ce sont, ceux là même,qui agressent des journalistes qui ont été épargnés par les médias.

Aucune tolérance ne peut tolérer la mort de dix êtres humains.

Je ne comprends pas tous ces silences coupables.

Indignez vous! nous demandait Stéphane HESSEL comme si nous étions devenus incapables de nous indigner devant l’intolérable.

Humanistes, ne nous laissons pas abuser. Aucune cause ne vaut la mort d’innocents

21/12/2018

Rappel méthodologique avant la consultation décentralisée

A situation inédite, réponse inédite. Prenant avec des pincettes la proposition de Laurent BERGER d’organiser une concertation liant social et transition énergétique, le gouvernement a proposé « une grande concertation décentralisée » mêlant tous les acteurs possibles et imaginables.
Proposons un peu de méthode et de clarification tout en acceptant qu’à situation et réponse inédites on ne peut reprendre tels quels les habituels rituels du dialogue social. Clarifions donc autant que faire se peut.

« Concertation » et négociation se différencient par la notion de responsabilité des acteurs. Pour négocier il faut être au moins deux capables d’apposer une signature au bas d’un accord. La concertation n’implique que celui qui convoque à la discussion. Dans le cas présent si le gouvernement engage la concertation c’est qu’il existe des marges de manœuvre, c’est qu’il est prêt à reprendre des propositions de ses interlocuteurs. Est ce le cas?

Concertation « décentralisée ». Pour engager une concertation décentralisée le national doit mettre quelque chose sur la table. Autrement dit, si le gouvernement ne fait pas un geste personne n’en fera au local.
- « Décentralisée » oui, mais quel est le niveau de la décentralisation et y a t’il à ce niveau des acteurs légitimes et responsables.
- Comment concerter sur le pouvoir d’achat de manière décentralisée quand les rémunérations se négocient dans les branches professionnelles et les entreprises.

La légitimité d’acteurs aussi différents que l’Etat, les élus, les partenaires sociaux, les associations voire les gilets jaunes... c’est un empilement de légitimités différentes. Dans ces conditions, la définition des règles du jeu et du rôle de chacun est un préalable.

Tous les corps intermédiaires ont été malmenés ces 18 derniers mois, les appeler à la rescousse pour calmer le jeu nécessite quelques bilatérales pour tenter de lever quelques frustrations.

Il serait bon de sérier les sujets soumis à la concertation. Serait t’il possible de se limiter à des sujets locaux à des solutions opérationnelles.

Vu les difficultés de la tâche réfléchir à une « mesore « -meilleure solution de rechange- si la concertation échouait.

La problématique du pouvoir d’achat sera au menu de la concertation. Y a t’il des marges de manœuvre locales? Le patronat ne pourra échapper à l’interpellation des syndicats, attention aux jeux de rôle stériles.