12/03/2018
Les corps intermédiaires, l’angle mort du réformisme macronien.
Dans la même semaine, Véronique DESCACQ, secrétaire générale adjointe de la CFDT, déclare : « Les « big bangs » et autres coups de pied dans le « système » ne sont que communication politique. Méfions-nous d’un Etat qui pourrait seul tout savoir et tout faire ». Pierre GATTAZ, patron du MEDEF, regrette dans le JDD le manque de discussions sur la formation professionnelle avec le gouvernement. Les tensions entre les partenaires sociaux et le gouvernement étaient telles que les syndicats réformistes avaient conditionné leur signature de l’accord à un engagement préalable du gouvernement de respecter l’équilibre de la négociation.
Avec MACRON, il n’y a pas de partage des responsabilités, les corps intermédiaires sont toujours consultés mais le gouvernement décide seul et de tout. C’est l’héritage culturel de notre pays où après la révolution de 1789 les corps intermédiaires ont été interdits, contrairement aux autres puissances européennes. Il nous aura fallu un siècle pour qu’une loi autorise les syndicats en 1884 et les associations 1910. Cette culture de la primauté étatique n’est plus adaptée (si elle le fut un jour) à la gouvernance d’une société moderne, non pyramidale et plus transversale. La culture européenne repose majoritairement sur 2 piliers indissociables de la démocratie : la démocratie politique imbriquée avec la démocratie sociale. Les « modèles » allemands et nordiques respectent cet équilibre entre la loi et la négociation collective, ils ont fait leurs preuves en témoignent les statistiques sociales.
Nul n’ignore plus que MACRON a un angle mort avec les corps intermédiaires, qu’il considère comme ringards, corporatistes, déconnectés. La volonté dite infaillible de faire tout ce qui a été promis dans la campagne électorale est évidemment une impérieuse obligation pour redorer le Politique, comme l’urgence de débloquer la société.
Nous n’oublierons jamais dans cette région ce que l’on doit aux politiques qui nous ont préservés de l’extrême droite. Notre critique est donc constructive.
Les carences des partenaires sociaux sont réelles. Il y a par exemple 70 000 défaillances d’entreprises par an et personne ne s’était soucié de l’indemnisation chômage de ces entrepreneurs, le patronat arque bouté sur le refus de toute cotisation au nom d’un libéralisme idéologique et les syndicats sur une vision non renouvelée du salariat… MACRON, lui, y répond.
Les futures assises régionales sur le dialogue social organisées par le Conseil Régional sont vraiment nécessaires.
01:57 Publié dans Actualités | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : corps intermédiaires
09/03/2018
Sans intérêt général, pas de démocratie.
Dure dure cette période pour les militants de l’intérêt général. La décision concernant Notre Dame des Landes nous appelle à réfléchir au concept d’intérêt général.
Comme la société le syndicalisme a toujours été divisé sur la défense de l’intérêt général. Force ouvrière considère que son rôle est de défendre les intérêts individuels et professionnels, défendre l’intérêt général c’est le rôle du politique. Pour la CGT, proche de la culture des corporations comme la défense des cheminots, des ouvriers imprimeurs, des dockers, les intérêts corporatifs ne s’opposent pas à l’intérêt général. Pour SUD, le travailleur a toujours raison, l’intérêt général est un concept qui aliène. La CFDT et la CFTC se démarquent radicalement des autres syndicats en faisant de la défense de l’intérêt général, un marqueur de leur identité syndicale, un combat difficile à assumer.
Nous voyons avec ce rapide aperçu que la notion d’intérêt général ne va pas de soi. Pour moi l’intérêt général est en recul.
Les rythmes scolaires sont ceux des enseignants et des parents qui ne travaillent pas le week-end, peu importe que nos enfants soient très fatigués et en retard scolaire dans les stats européennes. L’intérêt de l’enfant est blaqueboulé pour les intérêts des adultes !
Les déserts médicaux sont des attentats permanents à l’intérêt général de la santé. Les médecins libéraux refusent toute régulation contraignante de l’installation des médecins au nom des libertés individuelles, bien sûr.
Le financement des maisons de retraite et des Ehpads n’a toujours pas été résolu mettant des personnes âgées et leurs familles dans des situations insupportables. Combien de citoyens se disant choqués sont d’accord pour financer par l’impôt une vraie prestation autonomie ? A chacun de se débrouiller avec ses vieux parents.
Les victimes des inondations se retournent vers l’Etat. Les permis de construire accordés en zone inondable répondaient à des intérêts particuliers et maintenant -comme toujours devant l’accident- nous en appelons à l’intérêt général.
Nous pouvons encore citer : le débat sur la vaccination obligatoire, la limitation de vitesse, le péage urbain, l’installation des antennes relais… à chaque fois le législateur est confronté aux résistances individuelles qui s’opposent aux intérêts collectifs. Contaminer ses collègues, provoquer un accident, participer à la trombose urbaine… est ce à mettre en balance avec la liberté de faire ce que l’on veut ?
L’individualisme, l’égoïsme et tous les « quant à moi » abiment nos sociétés, ne les laissons pas prospérer. C’est un combat militant.
10:00 Publié dans Actualités | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : intéret général
19/01/2018
2018, construire le projet régional.
Je vous souhaite une bonne année. Merci à vous lecteurs du blog, merci pour vos retours souvent chaleureux.
2017 a tout chamboulé, les partis sont exsangues et leur capacité à se régénérer improbable, les syndicats et les corps intermédiaires s’opposent ou se disent -trop souvent- déçus sans exprimer de propositions audibles. Pendant ce temps le Président avance à marche forcée chacune des réformes dont le pays a besoin sans se soucier si elles fracassent les certitudes militantes.
C’est notre problème, si 2017 a tout chamboulé, peu d’organisations osent chambouler leur logiciel de pensées et d’actions.
Dans les Hauts de France, il est éclairant de voir comment nos organisations syndicales et associatives ont du mal à se restructurer en grande région. Un peu partout ceux qui souhaitent remettre en question les vieux rapports de force (2/3 pour les ex Nord Pas de Calais et 1/3 pour les ex Picardie) sont laminés, les Hauts de France qui nous permettaient de dépasser nos vieilles querelles de beffroi ne font que les attiser.
Et pourtant, nous sommes nombreux à avoir l’intuition que cet espace régional est le lieu pertinent pour décider de ce qui fait notre quotidien : notre formation et celle de nos enfants, le développement économique associé au développement social, le logement, les transports, la culture et bien sûr l’aménagement du territoire.
« Mon parti c’est la Région des Hauts de France » affirmait dernièrement notre Président Régional, et si nous le prenions au mot ? Car pour reconstruire nos nouvelles organisations il faut déjà trouver le bon emplacement. A PARIS les compétences régaliennes, aux Régions les compétences de proximité, aux communautés de communes l’organisation du bien vivre.
Quand une idée est bonne… c’est qu’elle est de bon sens. Nous voyons bien comment le régionalisme est aujourd’hui à la mode. Ce n’est pas parce que d’autres s’emparent de la question régionale à des fins d’autonomie ou d’indépendance que nous ne devons pas proposer d’autres alternatives que le nationalisme ou le fédéralisme importé d’ailleurs.
Nous ne l’avions pas perçu à ce point mais ce nouveau découpage régional s’il est un révélateur de nos immobilismes, nous oblige à inventer un nouvel espace de démocratie. Ecrire le récit de notre nouvelle région voilà peut-être notre tâche de 2018.
13:35 Publié dans A lire | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : projet regional