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30/09/2018

Quand plus rien ne nous étonne, c’est que ça va mal.



Drôle d’époque, quand ce qui se décide et se réalise sous nos yeux est en contradiction avec les discours présentés comme généreux et bienveillants. Quand, blasés, plus rien ne nous étonne. Quand la plus improbable des idées fausses ou des fausses informations fait parler des ignorants avec des certitudes à nous clouer le bec.

Cette rentrée sociale d’habitude marquée par les postures syndicales est cette année marquée par les provocations et hésitations gouvernementales.

Le prélèvement de l’impôt à la source est certainement la réforme la plus emblématique de l’incapacité de notre pays à oser le changement. Une majorité de citoyens est devenue pour, le candidat MACRON l’avait promis, tous les pays développés l’ont adopté et il a suffit de voir notre Président s’interroger pour entendre tout et n’importe quoi. Non, nos impôts ne vont pas augmenter avec ce nouveau prélèvement, non nos patrons ne connaîtront pas notre patrimoine et ne prendront pas de décisions fiscales à notre place, oui le crédit d’impôt dont je bénéficie parce que je paye une cotisation syndicale ne sera pas supprimé. Oui pour l’année 2018 nous ne serons pas taxés sur nos salaires et pensions ( sur la vie nous gagnons donc une année d’imposition). Comment se peut il que celui qui se présentait comme le President le plus réformiste que l’on aie connu ne soit plus soutenu que par le patronat?

Nous avions dit combien les ordonnances travail nous avaient déçu. Les premiers chiffres confirment une baisse de 15% des recours prudhommaux. Les salariés sont les grands perdants de la réforme . Face à ce qu’il considère comme une injustice, le salarié « s’écrase » sachant que le juge ne pourra rien faire pour lui au-delà du barème dérisoire. De même certains employeurs, libérés de la peur du juge prud’homal se permettent des comportements hier jugés répréhensibles comme le rapportent les conseillers du salarié . Alors, entendre l’entourage de la Ministre affirmer que « les salariés discutent beaucoup plus, voire systématiquement, en cas de conflit avant d’aller aux prud’hommes » a scandalisé les syndicalistes les plus raisonnables.

Et comme si ça ne suffisait pas, le gouvernement ressort la question des arrêts maladie -vous savez, ces jours de congés supplémentaires - comme dit le Premier Ministre. Il pourrait, par contre, imposer le repos aux 20% des salariés qui ne suivent pas la prescription de leur médecin.

Ce gouvernement aurait il un problème avec le travail?

02/07/2018

Et il ne faudrait pas s’indigner !

Stephan HESSEL avait raison, la capacité d’indignation n’est pas innée, quand le cynisme fait feu de tout bois, faudrait-il nous aussi se laisser aller aux petites démissions, silencieuses et tellement confortables. Désolé, l’été ne s’annonce pas radieux.

Les grévistes de la semaine dernière, tous des mauvais pères ! Syndicalisme devrait rimer avec solidarité intergénérationnelle. Avec les réformes des retraites ou les rythmes scolaires, j’ai appris que, souvent, ce n’était pas vrai. Pourquoi avoir puni nos enfants et petits enfants qui révisaient puis passaient leurs examens, bac ou autre ? Par aveuglement corporatiste, bras d’honneur à l’intérêt général au profit d’une minorité qui ne pense qu’à elle. Je ne décolère pas de ce printemps 2018 si éloigné de 1968 et de tout ce qui se nomme SOLIDARITE.

Parcoursup, si c’est çà entrer dans ce monde de la bienveillance ! Pourquoi punir avec une telle violence toute une génération qui a déjà tant de mal ? Un mois avant le BAC, stresser à ce point des jeunes qui ont intégré leur déclassement par rapport à la situation de leurs parents est une faute de notre génération. J’ai vu pleurer ces filles qui étaient recalées sur tous leurs souhaits, recalées par l’écran d’une machine à qui l’on ne peut rien dire. J’ai vu ce jeune qui ce 18 juin est parti passer son BAC sans avoir aucune certitude sur son avenir d’étudiant. J’ai moi aussi souffert de cette impuissance à leur proposer mon aide. Si nous voulions leur démontrer que le bac ne sert à rien, nous n’aurions pas fait mieux, me dit un ancien recteur.

Le PDG de CARREFOUR s’est invité à ma table. Pas de chance, je connais 3 proches qui travaillent à Carrefour, ils aiment leur travail et sont indignés. 273 magasins sortis du groupe, 2400 postes supprimés, un plan social pour 2100 salariés et le PDG responsable qui avait accepté une rémunération de 13,17 millions d’euros pour 2017, cadeau (ne l’oublions pas) du conseil d’administration. Comment voulez vous être syndicaliste modéré dans ces conditions ? Je n’ai pas su panser leurs plaies. Ne baissez pas les bras, Camarades.

« On met un pognon de dingue dans les minimas sociaux et les gens, ils sont quand même pauvres… » Et j’ai voté, appelé à voter pour entendre cela!

80 km/h est ce que ça vaut 400 morts même ruraux ? Les 80 km/h est-ce la bonne solution ? Regardons la vérité en face. Nord : 23 voies concentrent 47% des morts. Pas de Calais : 18 voies pour 51% des morts. Somme : 16 voies pour 51% des morts. Avez-vous vu les reportages sur ce que disaient nos compatriotes quand, en 1973, il y avait 16 000 morts pour dénigrer les limites, puis les ceintures, enfin les alcootests… les mêmes arguments à la noix que parfois nous répétons. Aujourd’hui, nous sommes 3684 à mourir sur nos routes, les cyniques disent que c’est le prix de la liberté.

08:40 Publié dans Actualités | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : 80kms

12/06/2018

Un monde politique et syndical en explosion.

Après les congrès nationaux de 4 syndicats (CGC, CGT, FO, CFDT), l’échiquier syndical est fortement modifié. Faute d’interlocuteurs patronaux et gouvernementaux ouverts à la négociation, les dirigeants et encore plus les militants syndicaux deviennent plus contestataires. Tentons une petite revue de détail.

François HOMMERIL, le président de la CFE-CGC a pris ses distances avec la qualification de réformiste qui ne serait qu’une « instrumentalisation du gouvernement ». Pour lui être réformiste c’est être considéré comme béni-oui-oui. Ainsi, depuis son congrès, la CGC prend soin de toujours se démarquer de la CFDT et de la CFTC… sans pour autant rejoindre FO.
A la CGT, Philippe MARTINEZ dit clairement ne rien attendre du patronat et du gouvernement unis dans une stratégie de détricotage systématique du modèle social français. L’unité du syndicat se fait sur la base du discours le plus radical quitte à être inopérant et assumer des défaites à répétition.

Pascal PAVAGEAU, le nouveau leader de FO se dit « FO canal historique » comprenons : plus dur que son prédécesseur. « Totalement opposé » au gouvernement, le discours est brutal : « Macron déprotège dans une logique de chacun pour soi, une logique de jungle ». Très attaché aux idéaux républicains et aux services publics, il explique « Notre engagement est noble. On cherche à défendre, protéger, proposer, construire ». Lors du congrès tenu à LILLE, les observateurs ont été marqués par l’âpreté des débats et les clivages entre les partisans de la ligne MAILLY plus ouverte à la négociation et les radicaux souvent politisés. Le congrès a aussi marqué sa volonté de participer activement aux futures manifestations voire aux grèves contre les projets gouvernementaux en particulier la réforme des retraites.

Le congrès de la CFDT vient de se terminer. Laurent BERGER s’est présenté très critique devant des militants impatients de durcir le ton sans pour autant renier les valeurs historiques avec un hommage appuyé aux anciens, décédés cette année, Edmond MAIRE et François CHEREQUE. Voici quelques paroles de militants suite aux ordonnances : « Nous n’étions pas déçus mais en colère », « il faut une position plus forte face à un gouvernement qui n’a rien à faire des syndicats », une colère sourde pointait dans de nombreuses interventions sans remettre en cause le leadership de l’équipe BERGER. La CFDT termine son congrès avec la volonté « d’exercer son contre-pouvoir sans tomber dans l’opposition politique ». Malgré les vents contraires, la ligne réformiste en sort même renforcée.

Les élections de représentativité qui se dérouleront en fin d’année dans les trois fonctions publiques donneront le classement des syndicats tous secteurs confondus, gros enjeu pour la CFDT qui brigue la première place.

19:45 Publié dans Actualités | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : monde syndical