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10/05/2019

Fallait il manifester ce premier mai? Ma réponse est non!

Adhérent de la CFDT, je suis en total désaccord avec les cédétistes lillois qui se sont agglutinés ce premier mai derrière la CGT et les gilets jaunes, cette couleur qui leur va si bien. Mes camarades ont oublié que les anarchistes brûlaient leur outil de travail et les puits de mines. Non seulement, nous sommes présentement en désaccord mais historiquement nous les combattons au même titre que nous combattons l’extrême droite.

Mon devoir était de ne pas en être. Car les objectifs des organisations appelantes sont en totale con-tradiction avec mes opinions humanistes, libérales et européennes.

Revenons sur l’analyse de la situation présente qui est compliquée, mais ne justifie pas de tout mélan-ger.

MACRON nous a déçu. Nous avons voté pour lui et nous ne le regrettons pas. Comme pour Xavier BERTRAND, tout simplement parce que nous aurions élu LEPEN!

Quand un syndicaliste manifeste c’est, toujours, pour un objectif. Un objectif clair, formalisé dans l’appel à manifester. Qui peut dire quels étaient les objectifs qui nous auraient réuni ce premier mai? Rien si ce n’est du verbiage et des désaccords.
Les objectifs de la manifestation des fonctionnaires, hier, étaient clairs, atteignables même si ce sera très difficile, la manifestation fut un succès.

Ce premier mai 2019 aura démontré une nouvelle fois l’impossible unité entre les gilets jaunes et les syndicats. Ce qui caractérise les gilets jaunes est leur individualisme exacerbé, leur refus de toute re-présentation collective au contraire des syndicalistes épris de solidarité et du collectif. Pourquoi alors montrer son impuissance en cherchant l’impossible unité. La CGT a décidé que le syndicalisme, perdu pour perdu, doit faire feu de tous bois. Mais le feu ne prendra pas.

Je sais que de nombreux militants culpabilisent en voyant d’autres militants manifester sans eux. Bien fragiles! Mais pourquoi mettre ses convictions en berne pour rejoindre des convictions que l’on ne partage pas, pourquoi ne pas adhérer à la CGT, si l’écart qui nous en sépare est si ténu.

En 1995, en 2003, alors que la CFDT défendait des réformes essentielles, c’étaient, déjà, les mêmes militants qui rejoignaient les cortèges de la CGT qui insultaient la CFDT et ses dirigeants.

Non, pas pour moi.

29/04/2019

Les citoyens sont déçus, mais on a échappé au pire

La responsabilité l’a emportée sur la démagogie et c’est tant mieux. À ce stade, la fin du quinquennat ne semble pas très handicapée.

Dans cette chronique nous n’avons jamais été adeptes du grand déballage des doléances d’un peuple autoproclamé qui s’en remet au chef, fusse t’il Président. Un débat pourtant voulu par celui qui prônait l’efficacité du management vertical et théorisait le ruissellement des premiers de cordée ne pouvait se conclure par un feu d’artifice démocratique. Aussi nombreux sont les déçus et eux qui croyaient encore aux « il faut qu’on ».

Entendre par ailleurs, le Président nous dire avoir « senti dans sa chair l’épaisseur de nos vies » est certainement une forme d’autocritique et sur le long terme une bonne nouvelle pour la pratique gouvernementale.

Assurer par les CAF le versement des pensions alimentaires aux mères monoparentales est une mesure très importante à porter au crédit de ce débat.
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Sur le renouveau démocratique, entendre dire que la démocratie représentative est essentielle, que les votes obligatoire ou blanc ne sont pas retenus, qu’une élection est faite pour décider est rassurant. Désigner 150 citoyens pour une conférence citoyenne, diminuer à un million de citoyens le seuil nécessaire pour engager un référendum d’initiative partagée, peut permettre quelques expérimentations utiles à la démocratie. La dose de proportionnelle était devenue inéluctable.

Sur les retraites, la réforme radicale et systémique est confirmée pour l’été, l’âge légal ne bougera pas car la situation de l’emploi des seniors reporterait la dépense sur l’assurance chômage, l’élargissement des incitations à retarder leur départ pour ceux qui travaillent encore au moment de partir en retraite est une bonne chose. Porter le minimum vieillesse à 1000 euros pour ceux qui ont travaillé toute une vie était bien le minimum à décider. Enfin, si revenir sur cette sale désindexation des retraites sur les prix n’est que justice sociale, mais alors comment accepter le maintien de cette injustice pour les retraites de 2000 euros jusqu’en 2021. 2000 euros ne serait quand même pas devenu le seuil d’accès aux classes intermédiaires !
L’aide aux aidants familiaux est encore promise mais rien n’est dit sur la réforme de la dépendance et le rapport LIBAULT.

Subordonner les fermetures d’écoles ou d’hôpitaux à l’accord des maires conduit à geler d’ici la fin du quinquennat l’adaptation des services publics aux évolutions démographiques. Pas très glorieux. Par contre, la généralisation des maisons de services publics « France services », réduire à 30 minutes l’accès aux services d’urgence, permettront d’améliorer l’accès des ruraux aux services de proximité.

La prime de fiscalisée est toujours bonne à prendre dans cette période malgré ces lourds effets pervers.

En redécouvrant avec un plaisir manifeste, l’utilité de la presse, le Président a t-il redécouvert l’intérêt des corps intermédiaires? La question reste posée

05/04/2019

La confusion ministérielle met à mal tout le travail réalisé par Jean Paul DELEVOYE

Agnès Buzin aurait mieux fait de se taire lorsqu’elle a proposé de réfléchir au recul à 65 ans de l’âge de la retraite pour financer la dépendance. Une bourde politique sur une réforme ultrasensible.

« Le mode de négociation ( de JP DELEVOYE) est de très bonne qualité, il serait dommage que les hautes manœuvres ne viennent gâcher cette confiance à un mois de conclure » relevait le négociateur de la CFDT au nom de ses collègues. Comment la Ministre a t’elle pu prendre le risque de gâcher cette confiance patiemment acquise? Réformer les retraites ça s’apprend, visiblement JP DELEVOYE a beaucoup appris comme copilote de la réforme de 2003.

Clarifions ce qui est une évidence depuis 2003!


Le recul programmé de l’âge de la retraite est déjà acté dans la loi. Ce recul tient compte de l’augmentation de l’espérance de vie par génération ( 172 trimestres pour la génération 1973 et ainsi de suite ). Pour avoir droit à une retraite sans abattement, il faut avoir 67 ans pour la génération 1955! Les 65 ans sont donc déjà dépassés, malheureusement ce sont essentiellement des femmes.


Le choix de la durée de cotisation est mille fois plus juste que l’âge pour fixer l’âge de la retraite à taux plein. En effet, celle où celui qui a travaillé plus longtemps doit pouvoir partir plus tôt en retraite, c’est une question de justice. Revenir à un âge couperet serait un grave recul.

Ne pas toucher à l’âge de la retraite est LA promesse du Président. Comme nous souhaitons que les engagements soient tenus, les 62 ans sont inscrits dans le marbre, même si nous venons de voir que ce chiffre 62 évoluait déjà tous les ans.


Une réforme systémique qui tourne le dos aux réformes paramétriques, c’est toute l’ambition de cette réforme gigantesque. Il faut donc sortir du triangle mortifère: âge-montant des pensions-taux de cotisation, car continuer à revenir tous les 4 ans au durcissement des paramètres n’est socialement plus tenable. Il faut Inventer un système pilotable sur le long terme de manière quasi automatique.


Séparer réforme des retraites et réforme de la dépendance. Ne pas tout mélanger, la retraite c’est un salaire différé, la dépendance c’est un problème de santé. La retraite est financée essentiellement par les cotisations salariales, la santé par la CSG ou la CRDS, nous aurions pu affecter une partie de la CSG retraite pour financer la dépendance, malheureusement par précipitation celle ci a été presque supprimée.

Espérons que ce triste épisode aura convaincu que « les ballons d’essai » relèvent de l’ancien monde.