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02/12/2019

on ne reforme pas la société sans la société

À peine 30 000 manifestants pour le premier et le dernier anniversaire des gilets jaunes, tous les médias ont parlé et même théorisé sur l’originalité de cette révolte innommable.
Le 5 décembre, ce sera une autre histoire.

Les syndicats peuvent être décriés, ils sont encore les seuls à exprimer à la fois les problèmes ressentis par les salariés, à négocier ou accepter les concertations et, quand il le faut, organiser de fortes mobilisations. Cette chronique répète qu’il est irresponsable de vouloir gouverner sans une partie des syndicats.
Oui, ce 5 décembre, il y aura beaucoup de monde dans les manifestations. Depuis longtemps les grèves ne font plus recette, hormis à la SNCF, mais les syndicats français ont cette capacité à mettre des millions de gens dans la rue. Cela commence souvent par les entreprises publiques mais aujourd’hui le mécontentement est plus profond.

Alerte!!

Nous avons été surpris, le 21 novembre, par le ton de la déclaration du Bureau National de la CFDT et encore plus par la conférence de presse, convoquée en urgence, de Laurent BERGER. En exigeant une clarification de la position gouvernementale, il était facile de comprendre que le syndicat redoutait les arbitrages à venir, trop de signaux l’alertent. BERGER n’a pas hésité à dire que la réforme serait « morte dans l’œuf » avec une mesure paramétrique qu’il pressent. SEVRE , le négociateur chargé des retraites, s’en est pris au Premier Ministre jouant les pompiers pyromanes. Quand on connaît ces grands dirigeants, uniquement mus par leur convictions syndicales, le ton était grave, combatif et démontrait combien les débats internes devenaient difficiles.

Nous connaissons leur position, le système actuel est injuste. Des décennies de réformes paramétriques sur l’âge, la durée, le montant des pensions, ont renforcé ces inégalités. Il faut changer de système d’où cette réforme systémique. En citant les victimes du système actuel: les précaires, les jeunes, les femmes, les emplois pénibles, le syndicat est bien le seul à essayer de parler des causes de ces inégalités quand certains ne jurent que sur l’âge de la retraite en oubliant le chômage endémique des seniors.

Tous les observateurs le savent, quand le premier syndicat s’est engagé, seul, pour soutenir une réforme systémique, c’est à la fois parce que la retraite est un salaire différé ce qui relève de la première responsabilité syndicale, que le relèvement récurrent des paramètres qui conduit maintenant à baisser le niveau des pensions est très anxiogène et parce que les injustices récurrentes sont au cœur même d’un système aux 42 régimes, le syndicat devenu le majoritaire n’acceptera pas la remise en cause de la promesse du Président MACRON. Tout le monde le sait.

Finissons par ces mots assénés par Laurent BERGER, l’utilisation du rapport du Comite d’Orientation des Retraites est « une construction politique » pour faire accréditer l’idée que nos retraites sont en péril.

Sans la CFDT, il n’y aura pas de réforme. MACRON sait il que l’on ne réforme pas la société sans la société...

Aussi, au moment de clore ce papier, l’histoire n’est pas encore dite.

05/04/2019

La confusion ministérielle met à mal tout le travail réalisé par Jean Paul DELEVOYE

Agnès Buzin aurait mieux fait de se taire lorsqu’elle a proposé de réfléchir au recul à 65 ans de l’âge de la retraite pour financer la dépendance. Une bourde politique sur une réforme ultrasensible.

« Le mode de négociation ( de JP DELEVOYE) est de très bonne qualité, il serait dommage que les hautes manœuvres ne viennent gâcher cette confiance à un mois de conclure » relevait le négociateur de la CFDT au nom de ses collègues. Comment la Ministre a t’elle pu prendre le risque de gâcher cette confiance patiemment acquise? Réformer les retraites ça s’apprend, visiblement JP DELEVOYE a beaucoup appris comme copilote de la réforme de 2003.

Clarifions ce qui est une évidence depuis 2003!


Le recul programmé de l’âge de la retraite est déjà acté dans la loi. Ce recul tient compte de l’augmentation de l’espérance de vie par génération ( 172 trimestres pour la génération 1973 et ainsi de suite ). Pour avoir droit à une retraite sans abattement, il faut avoir 67 ans pour la génération 1955! Les 65 ans sont donc déjà dépassés, malheureusement ce sont essentiellement des femmes.


Le choix de la durée de cotisation est mille fois plus juste que l’âge pour fixer l’âge de la retraite à taux plein. En effet, celle où celui qui a travaillé plus longtemps doit pouvoir partir plus tôt en retraite, c’est une question de justice. Revenir à un âge couperet serait un grave recul.

Ne pas toucher à l’âge de la retraite est LA promesse du Président. Comme nous souhaitons que les engagements soient tenus, les 62 ans sont inscrits dans le marbre, même si nous venons de voir que ce chiffre 62 évoluait déjà tous les ans.


Une réforme systémique qui tourne le dos aux réformes paramétriques, c’est toute l’ambition de cette réforme gigantesque. Il faut donc sortir du triangle mortifère: âge-montant des pensions-taux de cotisation, car continuer à revenir tous les 4 ans au durcissement des paramètres n’est socialement plus tenable. Il faut Inventer un système pilotable sur le long terme de manière quasi automatique.


Séparer réforme des retraites et réforme de la dépendance. Ne pas tout mélanger, la retraite c’est un salaire différé, la dépendance c’est un problème de santé. La retraite est financée essentiellement par les cotisations salariales, la santé par la CSG ou la CRDS, nous aurions pu affecter une partie de la CSG retraite pour financer la dépendance, malheureusement par précipitation celle ci a été presque supprimée.

Espérons que ce triste épisode aura convaincu que « les ballons d’essai » relèvent de l’ancien monde.