25/05/2011
Mon bilan des négociations obligatoires en ce début d’année
Comme tous les consultants, j’ai suivi plusieurs NAO (Négociation Annuelle Obligatoire) sur les salaires
Ces négociations, je les ai trouvées fort délicates.
D’un côté le mandat donné aux DRH par les comités de direction (CODIR) étaient à la fois bloqués et « riquiqui », de l’autre les syndicalistes étaient, tous, pris entre marteau et l’enclume.
Le marteau était le sentiment très largement partagé par les salariés, du « précaire de chez précaire » au cadre supérieur, que dans le partage des efforts consentis par les uns et les autres les actionnaires se payaient grassement quand eux devaient se contenter de 1,8% d’augmentation générale et de 2,5% avec primes et autres augmentations individuelles. L’enclume étant la dure réalité du chômage et ce sentiment que les prix des loyers, transport et santé explosaient.
J’ai donc vu des DRH engager des négociations sans aucune marge de manœuvre et des syndicalistes exigeants mais très responsables au moment de signer des accords peu vendables.
Aussi je n’ai pas été surpris en voyant se développer (souvent après la signature d’accords) des grèves ou des conflits (ce que dorénavant il faut différencier) comme ceux d’Eiffage, Camaïeu, Toyota et bien d’autres moins médiatisés. Je mets Carrefour à part du fait de la collusion historique entre FO et la direction (parfois le syndicat maison doit faire semblant de montrer ses biceps mais les salariés ne sont pas dupes).
Oui ces NAO 2011 ne seront pas un exemple de ce que doit être la négociation collective dans un pays 4° ou 5° puissance économique mondiale. Un pays où les patrons du CAC 40, grâce à la complaisance des conseils d’administration et de surveillance sont les mieux payés d’Europe et à 27% de la population active touche un salaire égal ou inférieur au Smic (cf. liaisons sociales mai 2011)
Et pourtant nous avons réussi militants syndicaux et DRH de nombreuses entreprises à négocier quand même quelques accords intéressants si non à court terme ou au moins à moyen terme. Ces accords prennent en compte la priorité à donner aux bas salaires, la lutte contre les discriminations sournoises, la reconnaissance des compétences acquises par l’expérience, l’accompagnement des jeunes entrants, etc.
J’ai aussi rencontré des entreprises très préoccupées du stress de leurs collaborateurs inquiets des risques spycho sociaux… ces entreprises, pour certaines, font machines arrières sur les théories de management accès sur la mobilité totale, les winners et les loosers, l’individualisation à tout crin.
Oui ces NAO si difficiles à vivre pour toutes les parties portent aussi en germe les sujets qui feront les belles négociations de demain.
02:43 Publié dans dialogue social | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : nao, négociations
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