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05/06/2015

Réactions sur le plan de mobilisation pour l’apprentissage

A partir du 1er juin, l’Etat prend en charge la rémunération des apprentis mineurs dans les entreprises de moins de 11 salariés. Je ne suis pas sûr que cette mesure réponde à un vrai problème car le coût de l’apprentissage pour les employeurs concerne les apprentis plus âgés, la rémunération augmentant avec l’âge.

Le dispositif « Réussite apprentissage » qui concernent 100 000 jeunes issus des milieux sensibles prévoit un accompagnement renforcé. C’est une bonne chose, encore faut-il cerner les problématiques liées à cette notion d’accompagnement. Dans les écoles de 2ème chance, nous avons formalisé ce que représentait cet accompagnement. Transmettre les codes sociaux et professionnels, ce n’est pas inné, il ne suffit pas d’avoir de l’expérience pour transmettre cette expérience.

Demander aux missions locales de réaliser cet accompagnement nécessite une formation des agents concernés et pour être clair, je ne suis pas sûr que les services publics de l’emploi soient les plus outillés pour réaliser cet accompagnement très sensible. Que ce plan reconnaisse la nécessité de cet accompagnement est une très grande avancée mais cet accompagnement ne doit pas être réservé aux jeunes des quartiers dits difficiles.

Reste au moins 2 questions urgentes à traiter :

- 25% des contrats d’apprentissage sont arrêtés avant la fin du contrat
- De nombreux employeurs ont besoin d’être accompagnés (eux aussi) car ce n’est pas toujours évident de comprendre et d’accepter ou de recadrer certains comportements.

02:16 Publié dans jeunes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : apprentissage

29/05/2015

Les sans protection syndicale

On connait les « sans », ils sont de plus en plus nombreux. Les sans emploi, sans domicile fixe, sans papier, sans protection sociale. Il serait temps de se soucier des sans protection syndicale ou plus précisément des sans représentant du personnel.

Je vais ici défendre les indéfendus, ceux qui ont des petits droits parce qu’ils travaillent dans des petites entreprises. Ceux qui sont face à face avec leur patron, sans aucune aide, sans aucun moyen d’être assistés quand ils ont besoin d’un conseil.

Le projet de loi REBSAMEN sur la modernisation du dialogue social va instituer des commissions paritaires régionales interprofessionnelles où siègeront à parité des représentants des employeurs et des salariés issus des TPE (très petites entreprises).

Les salariés des TPE n’ont pas le droit d’élire des délégués du personnel et cela se comprend vu la taille de l’entreprise. Ils ont le droit d’être défendu et assisté, uniquement lors de l’entretien pour leur licenciement, à ce moment-là, ils ont –quand même- le droit d’être assisté par un « conseiller » du salarié extérieur à l’entreprise. C’est pour le moins révoltant de dire à ces salariés que leur seule possibilité de recourir à l’assistance d’un représentant du personnel c’est au moment du licenciement, quand tout est foutu !

Alors évidemment que la création de ces commissions paritaires va dans le bon sens, mais alors pourquoi refuser à ces représentants la possibilité, s’ils le souhaitent, de rencontrer les employeurs ou les salariés à l’intérieur de l’entreprise ? Le projet de loi de loi s’arrête au milieu du gué, là où il pourrait devenir opérant. Il existe pourtant dans l’artisanat des commissions territoriales auxquelles les salariés peuvent faire appel, et ces commissions n’ont jamais interdit à un artisan de décider un licenciement ou une sanction.

Je me souviens, il y a 40 ans, à ARRAS, je défendais les salariés de l’agriculture. Au téléphone, un agriculteur me disait son désarroi devant la grille de qualification et je le conseillais, de même quand un salarié me disait être en conflit avec son patron agriculteur, j’appelais ou j’allais voir celui-ci et nous réglions le problème 8 fois sur 10.

Penser que l’on peut développer les TPE PME en les exonérant de tout dialogue social formalisé est une pensée du début du siècle dernier.

Je le dis ici sans provocation, les représentants des petites entreprises non artisanales, n’ont rien compris à l’économie contemporaine, en continuant à « octroyer »de petits droits à leurs salariés ils sont eux même des Petits.

article paru dans Autrement Dit

20/05/2015

Ethique et responsabilité du numérique

J’ai eu l’occasion de dire au Conseil Régional que la partie éthique du schéma des usages du numérique me semblait très insuffisante. En effet, les nouveaux usages du numérique soulèvent de nombreuses interrogations pour l’exercice de nos responsabilités.

Les potentialités ouvertes par ces technologies sont si « fulgurantes » qu’elles engendrent des sentiments contradictoires. C’est d’abord une fascination mêlée de curiosité pour cet immense champ des possibles qui s’offre à nous et en même temps une crainte devant les conséquences négatives voire dangereuses de certains usages. Ce qui interroge l’éthique de responsabilité.

Le numérique repose sur la liberté de chacun de créer, d’échanger, d’inventer de nouvelles applications, de nouveaux services. Cette liberté consubstantielle à ces technologies, vit par elle-même et sur ce plan, les élus et les pouvoirs publics ne peuvent être, au mieux, que des accompagnateurs vigilants. Cette liberté exige alors une plus grande responsabilisation des individus tant les applications et services qui apparaissent nous deviennent rapidement indispensables mais sont aussi pourvoyeurs de profondes modifications sur la chaine des responsables. Les parents en savent déjà quelque chose et beaucoup se déclarent impuissants à réguler les usages du numérique par leurs enfants. Les entreprises sont confrontées au droit à la déconnexion, des démocrates s’interrogent sur les atteintes aux libertés ou sur les abus d’un consumérisme addictif.

Voici 2 exemples qui, comme on dit, interpellent.

Dans le monde du travail, prenons un homo digitalus hyper connecté dont le smartphone est un prolongement naturel de la main et de son ordinateur de bureau. Il pratique grâce à ces technologies un travail dit agile qui se déroule en dehors du lieu et horaires du bureau. Imaginons sans trop caricaturer, un accident dans un supermarché de cette personne en train de faire ses courses et répondant à un mail professionnel, sera-t-il reconnu, demain comme un accident du travail ?

Autre exemple, les véhicules intelligents et autonomes qui sont aujourd’hui déjà exposés dans des salons posent les mêmes questions. Qui sera responsable d’un accident impliquant une voiture autonome : le conducteur ou le constructeur ? La législation actuelle indique que le conducteur doit en toute circonstance rester maitre de son véhicule. Ce serait donc le conducteur qui engagerait sa responsabilité tout en déléguant la conduite à un ordinateur embarqué.

Je suis persuadé que l’avenir sera numérique, ce bel avenir ne peut se faire qu’en respectant nos valeurs.


article paru dans Auitrement Dit

21:13 Publié dans A lire | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : numérique