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02/12/2021

Nouvelle grille de lecture sociale: Pierre ROSANVALLON et les épreuves de la vie…

En ces temps électoraux, inquiets des reculs de la démocratie un peu partout dans le monde, il n’est pas inutile d’interroger notre modèle démocratique. Et faisons le hardiment. Ainsi, nous sommes nombreux à nous interroger « et si la démocratie représentative n’était pas le meilleur des systèmes » ou comme Socrate « pourquoi la majorité aurait toujours raison ».

Rassurez vous, notre interrogation ne conduit pas à remettre en cause la hiérarchie des normes entre le Politique, les corps intermédiaires et les individus, ou encore à prôner le pouvoir des minorités… ce qui ne serait pas rassurant c’est de se contenter de pourfendre, comme nous l’avons fait avec de bons mots, les gilets jaunes, les anti-vax, l’invasion du Capitole où l’influence d’ORBAN, sans essayer de comprendre les ressorts de ces nouveaux mouvements sociaux ou politiques.

Historien de la démocratie, Pierre ROSANVALLON nous livre une nouvelle grille de lecture des conflits sociaux dans « Les épreuves de la vie - comprendre autrement les Français ». En voici un avant goût.

Les nouveaux mouvements sociaux ne reposent plus seulement sur les antagonismes traditionnels entre le capital et le travail, la production et la consommation, entre le patronat et le salariat. Si ces antagonismes existent évidemment toujours, ils n’expliquent pas #MeToo, Black Lives Matter et autres. Il faut donc comprendre ces colères, ces angoisses, ces attentes en partant des épreuves vécues au quotidien par beaucoup d’entre nous, femmes et hommes.

Trois grands types d’épreuves sont recensées :

- Les épreuves de l’intégrité, celles qui déshumanisent, atteignent notre moi profond et menacent psychiquement et physiquement nos vies comme les violences entre les hommes et les femmes révélées par #MeToo.

- Les épreuves qui conduisent à remettre en cause ou nier le principe radical d’égalité. Égalité économique mais aussi citoyenne. Ce sont les épreuves liées au mépris, à une vision technocratique ou aristocratique du pouvoir. Ce qui nous fait se sentir inférieur ou discriminé.

Et, il y a les épreuves de l’incertitude. Construire un futur meilleur est l’ambition de toute démocratie, pour cela il faut éclairer l’avenir. Aujourd’hui tout est flou, rien n’est sûr, il y a trop d’incertitudes. Hier, l’Etat providence nous permettait de trouver des réponses à nos incertitudes, nous avions les conventions collectives et la sécurité sociale, mais ça ne marche plus aussi bien car d’autres formes d’incertitudes hantent nos vies.

Ces épreuves redessinent un nouveau paysage social et sociétal qui définit un nouveau champ des attentes et de la critique sociale. Ceux qui répondront à ces épreuves gagneront la bataille des idées et de l’action.


Jm Toulisse

Vous pouvez retrouver l’entretien dans la rubrique débats sur wwwcfdt.fr

19:41 Publié dans A lire | Lien permanent | Commentaires (0)

22/03/2021

Patchwork de réflexions virales

Chroniques personnelles de ce temps:

On peut être adepte du temps long stratégique et trouver ce temps long, trop long. Sale temps que ce temps. Lambersart, éligible enfin au vaccin, c’est mon médecin qui m’énumère mille dangers et refuse de me vacciner. Et dire que j’ai applaudi cette médecine libérale! Voici, enfin, les week-ends printaniers au calme du Ternois mais condamnés au confinement. Un ami décédé sous intubation interdit de visiter, âme sensible s’abstenir, le malheureux. Un petit-enfant toujours handicapé par un Covid long; un autre inquiet de ne pouvoir, pour la deuxième année, accéder à un stage qualifiant pour sa grande école. Et cette addiction ( vous direz, encore une) tous les jeudis à 18 heures, accro à la prestation télévisée de Super Héros Jean, pour être à chaque fois déçu... voudrais pas être à sa place. C’est ça aussi le quotidien déprimant de mars 21 quand celui de 2020 excitait nos délires sur le « monde d’après ».

Donnez moi un véto:

Un soir où je disais à Gérard LARCHER « si j’étais une vache je serai mieux soigné car, au moins, le véto me textote sur les rappels vaccinaux de mon chat », il me répondit : « c’est une question de formation, depuis PASTEUR la prévention est fondamentale dans notre formation (il était lui même véto) contrairement à celle des médecins. ». Je comprends maintenant pourquoi il a fallu un an pour faire entrer un vétérinaire dans la composition du Conseil Scientifique.

3,3 sur 10. On note tout!

Pour soigner le mal démocratique, cette chronique privilégie l’aggiornamento des acteurs de la démocratie représentative qu’elle soit politique ou sociale. D’autres souhaitent expérimenter la démocratie directe présomptueusement qualifiée de citoyenne. La note que ces tirés au sort ont infligée au gouvernement démontre le peu de maturité de ces « citoyens » qui pensent normal de noter un gouvernement comme ils notent un restaurant ou un coiffeur. A stigmatiser les corps intermédiaires trop contestataires, à tenir des propos démagogiques comme la transmission « sans filtres » des 149 propositions sauf 3 de la convention, le gouvernement se complet à se jeter dans des impasses. La dernière de ces impasses est de ressortir la réforme de l’assurance chômage refusée par l’ensemble des partenaires sociaux. Imaginons une convention citoyenne sur l’indemnisation du chômage, bonjour la cohésion sociale.

Territorialiser les décisions publiques:

Dans un État aussi centralisé que le nôtre, c’est un exploit d’avoir enfin obtenu après des mois de mesures nationales uniformes des mesures territorialisées et graduées comme le confinement du dunkerquois ou du Pas de Calais. Faire confiance aux élus de terrain sera au centre des élections régionales, à eux de nous en convaincre. Qui osera revendiquer le package compétences du monde d’après des Régions : santé, préventions, formation, social.

14:34 Publié dans A lire | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : centralisation

28/12/2020

2021, on y croit !

Après une année fracassée par cette crise sanitaire, économique, sociale, technologique, inédite, l’année 2021 sera à coup sûr marquée par des changements, des bouleversements dont nous ne pouvons mesurer, ni l’ampleur, ni les champs qui seront concernés.

Deux hypothèses sont généralement émises.

La première, très majoritairement énoncée est celle d’une période chaotique, longue et socialement dramatique. Comme de tous temps les pessimistes osent parler quand les optimistes ne sont pas sûr d’eux et n’ont pas le courage de dire leur opinion, cette option du déclin est majoritaire.

La seconde, celle du rebond sociétal. Quand la pandémie, après un 3ème pic, sera jugulée il est possible que les transitions que nous revendiquons depuis de nombreuses années ( écologiques, numériques, culturelles, économie circulaire, télé activités... ) passent au stade des réalités ancrées dans une nouvelle façon de faire société. N’est-ce ce pas le but de toute transition, passer du virtuel, du rêve, de l’utopie, au réel grâce à l’opiniâtreté du combat militant syndical, politique ou associatif.

Pourquoi l’hypothèse du rebond est envisageable.

Cette crise, après cinquante ans d’autres crises, est le révélateur brutal de trop nombreuses évolutions sociétales inéluctables, pour que dans « le monde d’après », celles-ci ne se concrétisent pas.

Ces choix sans cesse reculés se sont imposés, des concepts érigés en vérités intangibles volent en éclats. Des évolutions en transition se sont révélées enfin pertinentes. La crise les a imposées. Et qui dit transitions dit réformisme ce qui nous conforte dans nos convictions.

Ces choix si pertinents s’appellent, excusez du peu: la vie quoiqu’il en coûte ,investissements intelligents, travail dans la confiance, une école et des enseignants bienveillants, la solidarité des vieux envers les jeunes et non toujours l’inverse, ...



Le choix de la vie! Oui c’est quand même incroyable, le choix de la vie sur tous les autres choix n’était plus prioritaire comme l’économie, le travail, où même la prévention routière ...
Nos gouvernants, certes avec hésitations, mais comment pouvait-il en être autrement devant l’expression de tant d’égoïsmes et de corporatismes, ont quand même privilégié la vie sur tout le reste, quoiqu’il en coûte financièrement et politiquement . Les résistances catégorielles ou individuelles à ce choix de la vie interpellent par leur cynisme mais cela fait sens pour tous les humanistes. Que les jeunes militants y trouvent la justification rassurante et réconfortante de la justesse de leur engagement.



Le choix de l’investissement utile aux jeunes générations . Des centaines de milliards sont investis dans le monde entier. Certains, pour limiter les licenciements massifs et immédiats de ceux qui travaillent, ce dont les autres crises nous avaient malheureusement habitués. Là, grâce au chômage partiel total, des salariés qui hier auraient été licenciés pour motif économique sont aujourd’hui toujours au travail. L’outil de production n’a pas été démantelé. Si des organisations, que la crise a révélées vieillissantes sinon obsolètes vont mourrir, d’autres, nouvelles, nous ont sauté aux yeux comme évidentes de bon sens. D’autres nombreux milliards ont été investis au mépris des sacro-saintes théories sur les équilibres budgétaires à court termes dans différentes recherches: sanitaires, technologiques, nouveaux services aux personnes et entreprises. Ces milliards intelligents sont les investissements d’avenir, enfin les dettes que nous léguons aux futures générations ont du sens! Cela nous confirme la nécessité de ne pas laisser les choix d’investissements aux seuls employeurs.




Nous connaissions la révolution des temps, la révolution des distances, le « distanciel » est désormais à l’agenda social. Les choix du télétravail, télé formation, télé médecine ,téléachats, sont massifs et même irréversibles. Nous venons enfin de redécouvrir le local, le territorial, et ce grâce aux technologies de la globalisation! De très nombreuses réponses sont ainsi apportées à nos problèmes récurrents. Ces nouvelles pratiques améliorent la conciliation de nos temps de vie professionnelles et familiales, obligent les managers à faire confiance, diminuent les temps de transports, interrogent les sacro-saintes pédagogies de l’éducation, plébiscitent le retour aux produits locaux... toutes évolutions rêvées qui ont été, pour un temps, , expérimentées et validées, il en restera quelque chose. Cela dépend encore de nous les adeptes de la négociation.

Là où ce sera compliqué ce sont les mesures qui restent à prendre contre le réchauffement climatique et... le bien être animal comme nous le rappelle l’OMS.

Tous ces choix sociétaux sont exprimés dans le Pacte du Pouvoir de Vivre qui donne sens et système aux actions syndicales, associatives, écologiques, des droits de l’enfant, des femmes et de tous les discriminés. Ce rebond sociétal dépend maintenant des acteurs de terrain.

Dans les Hauts de France, la tâche est énorme. La MEL (Métropole Européenne? de Lille) est-elle capable de réunir une conférence du dialogue social pour enfin soigner durablement la thrombose dont elle est victime? Les patronats Hauts Français et les syndicats sont ils capables d’initier - L’ accord territorial exemplaire sur le télétravail et les tiers-lieux non seulement incitatif mais normatif? Un accord régional sur le statut des apprentis, des alternants, des étudiants s’impose dorénavant comme s’impose l’obligation à l’Education Nationale de faire respecter le droit au stage pour chaque jeune en particulier ceux exclus des réseaux relationnels. Rêvons que de tels accords, tellement évidents et pertinents, imposent d’autres accords territoriaux qui seraient enfin juridiquement possibles. A l’image de Rev3 construisons de nouveaux partenariats, hier improbables, notamment pour répondre à cette calamité qu’est l’échec scolaire et l’analphabétisme. Faisons des Rectorats des Directions Régionales de l’Education Nationale à l’image des autres services de l’Etat en région.

Etc...

Le militant syndical des solidarités intergénérationnelles que j’ai toujours été, est devenu le militant des écoles de la deuxième chance et donc du combat contre cette école de l’échec et beaucoup trop souvent celle de la malveillance! Les solidarités doivent dorénavant s’inverser et c’est le vieux qui devrait être beaucoup plus solidaire du jeune. Je rêve de voir d’énormes manifestations pour les droits de l’enfant comme celles que nous connaissons sur les retraites!!

Ces changements sociétaux sont possible. Non ce n’est pas utopiste ou naïf. Ce sont les combats de toute une vie, et alors oui cette vie est excitante et bien remplie.

Bonne année.

12:22 Publié dans A lire | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : 2021