10/01/2014
L’ORIENTATION SCOLAIRE ET PROFESSIONNELLE : RAPPROCHER DEUX LOGIQUES
LaTribune de Bernard Quintreau
En ce début d’année, des jeunes et leurs parents se livrent à une chasse aux informations un peu particulière. Il s’agit de trouver, pour la prochaine rentrée, l’établissement correspondant aux filières les plus porteuses, et aussi les plus en adéquation avec les capacités et les désirs des intéressés. Et de parcourir les salons, et de lire des revues, et de consulter internet…
C’est un premier monde, celui de la filière scolaire, des informations qui lui sont liées, des images souvent déformées des réalités de l’entreprise. C’est le croisement de deux incertitudes pour le jeune. La première est celle d’une connaissance réelle du marché du travail d’autant plus difficile pour lui qu’elle se situe à une échéance de plusieurs années. La seconde, souvent alimentée par le système scolaire lui-même, est liée à la difficulté qu’il a à affirmer et formaliser ses propres compétences et à les projeter dans l’avenir. Tout cela est évidemment aggravé dans la période de sous-emploi que nous connaissons et contribue à alimenter tous les discours simplistes sur les pénuries de main-d’œuvre dans certains emplois.
Le second monde, malheureusement sans beaucoup de liens avec le premier, est celui des entreprises, de plus en plus complexe, aussi bien dans la définition des métiers que dans les possibilités d’anticipation. Face à des jeunes qui doivent, dans leurs vœux, se projeter sur plusieurs années, leur horizon se limite souvent à quelques mois…De plus, dans le cadre de recrutements, elles ont souvent des difficultés à définir précisément les profils des postes de travail. S’ajoute parfois une méconnaissance envers les jeunes, de ce qu’ils peuvent apporter, au-delà d’un certain nombre d’images préfabriquées. Prévoir par exemple le remplacement programmé d’un senior par un jeune n’est jamais simple, ce qui explique peut-être la relativité du succès des contrats de générations.
Tout l’enjeu de l’orientation, et il est loin d’être nouveau, est de faire se rencontrer ces deux milieux, ou plutôt de placer enfin le jeune au centre des intérêts croisés de l’éducation et de l’économie. Nous sommes sortis d’une conception linéaire et mécaniste de l’orientation. Seul un changement de ces pratiques permettra d’inverser la situation actuelle. Il s’agit d’un processus continu, permettant de rapprocher progressivement ces deux logiques éloignées et de construire des « grilles de lecture » communes. Aucune information écrite ou orale ne pourra remplacer, dans la perspective de construction de projets professionnels, le contact direct entre le jeune et l’entreprise : c’est par la découverte du monde du travail qu’il pourra créer, confirmer ou infirmer ce qui pourrait être son avenir. Et nul besoin d’inventer de nouveaux dispositifs, souvent facteurs de rigidités. La solution la plus simple et souvent la plus efficace, déjà expérimentée, est la construction de partenariats locaux.
11:35 Publié dans l'Ecole | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : l'orientation
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