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18/07/2013

Emplois d’avenir : pas si simple…

Au départ, l’idée est généreuse et le concept très simple : de trop nombreux jeunes peu ou pas qualifiés au chômage et, en face, des collectivités, des associations, des entreprises du secteur non marchand aux moyens financiers souvent limités avec, pour en assurer le succès, une aide substantielle de l’Etat.

Cette vieille recette-un public, un dispositif, un financement- qui a pourtant été expérimentée de nombreuses fois depuis le plan Barre pour l’emploi des jeunes (1977 !) ne semble pas fonctionner comme l’espéraient ses initiateurs, avec cependant des différences entre départements, qu’il conviendrait d’analyser. On peut ici s’interroger sur l’efficacité de ces multiples plans d’emploi pour les jeunes, s’enchaînant souvent sans qu’un bilan du précédent ait été tiré, au vu d’un maintien d’un sous-emploi important pour les jeunes.


Le sous-emploi des jeunes, comme d’ailleurs celui des seniors, a des causes structurelles : le nombre d’emplois créés ou maintenus depuis la fin des « trente glorieuses » n’a jamais pu répondre à une démographie dynamique, et ce sont ces deux catégories qui en ont souffert. C’est l’image des jeunes pas encore assez performants et celle des « vieux » qui ne le sont plus !

Paradoxalement, la multiplication des contrats aidés pour les jeunes a pu accentuer cette image d’inemployabilité : ils ne peuvent pas être embauchés au vu de leurs compétences-que l’on ignore souvent- mais uniquement par une aide financière à l’employeur…

Il faut ajouter bien évidemment l’absence d’ouverture de la formation initiale vers le monde du travail qui rend presque inévitable ces périodes de rupture entre la sortie de la scolarité et l’entrée dans l’emploi alors que la continuité devrait s’imposer. De plus, les dispositifs d’orientation professionnelle ont toujours du mal à assurer des ponts entre les parcours des jeunes et l’environnement économique.
Face à cette situation difficile, à cette réalité souvent insaisissable, comment assurer le succès des emplois d’avenir ?

Le premier obstacle est celui du financement, dans le cadre des structures concernées, notamment le milieu associatif dont les moyens sont souvent limités. L’aide ici apportée par l’Etat doit pouvoir répondre à ce problème dans de nombreux cas.

Autre difficulté soulevée par certains employeurs potentiels : la durée (trois ans) du contrat. Ce point est important : si nous voulons précisément sortir de cette logique des « stages –parking », le temps est nécessaire, temps d’apprentissage d’un métier, temps de formation, temps d’installation dans l’emploi et dans la culture du travail…Et trois ans, ce n’est pas trop.

Reste bien évidemment l’essentiel : comment le secteur non-marchand peut-il répondre-quantitativement- aux nombreux jeunes qui attendent ? Les besoins sociaux sont énormes : le dynamisme du secteur associatif, facteur essentiel du lien social, n’est plus à démontrer. Souvent animé par des bénévoles retraités, il demande de nouvelles compétences. Mêmes besoins pour les services à la personne, dont les activités ne feront que croître. Il s’agit bien d’assurer un meilleur service et de préparer aux qualifications de demain.

Plus que dans tout autre secteur, la réponse ici est locale et rend encore plus nécessaire le dialogue social territorial, tant pour détecter les possibilités d’emploi que pour mobiliser les jeunes et les accompagner. Par chance, dans des organismes comme les Missions Locales ou les Comités de Bassins d’Emploi les partenaires sociaux, les associations et les élus sont largement présents. A eux de faire passer leurs convictions dans les actes.


article écrit par Bernard Quintreau

04:23 Publié dans emploi, jeunes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : emplois d'avenir

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