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16/06/2013

CONTRAT DE GENERATIONS : D’ABORD L’EMBAUCHE DES JEUNES post de Bernard QUINTREAU

Depuis des dizaines d’années, la France est lanterne rouge en Europe pour l’emploi des jeunes, tout en n’étant pas plus brillante sur celui des seniors…
Développer les contrats de générations, comme d’ailleurs les emplois d’avenir, nécessite une volonté forte : que chaque jeune trouve demain (ce demain étant effectivement demain matin…ou dans quelques années) un emploi conforme à ses compétences et à ses aspirations. Mais dans ce domaine rien n’est simple ni linéaire. Il s’agit en fait de faire se rencontrer deux chemins très différents où la circulation n’est pas la même, ni la vitesse, ni les obstacles.



Le premier chemin est celui du jeune qui serpente, bifurque entre des conseils, des rencontres, des espoirs, des désillusions, des injonctions. S’y ajoutent quelques paysages entrevus d’un métier, d’une entreprise, et surtout beaucoup d’images déformées du monde du travail.

Le deuxième chemin est celui de l’entreprise. Apparemment plus rectiligne, plus ouvert, il présente aussi beaucoup d’obstacles, se rétrécit ou s’élargit suivant les années. S’y alignent les auto-stoppeurs de l’emploi, de plus en plus nombreux.

Il s’agit donc bien maintenant de vérifier que cette rencontre entre les jeunes et l’entreprise peut fonctionner et donc de mobiliser, pour un travail commun, tous ses acteurs éventuels : éducation nationale, structures d’accueil et de conseil, employeurs, comités d’entreprises, tuteurs…

Cette démarche collective doit permettre d’appréhender et de résoudre un certain nombre de contradictions qui sont autant de frein à une insertion réussie et à une véritable approche intergénérationnelle. Nous pouvons en citer au moins quatre :

-La première concerne le temps. C’est la contradiction entre l’échelle du temps de l’entreprise, dont les cycles de production sont de plus en plus courts-quelques mois, voire quelques jours- et l’échelle de temps du jeune, celui de son choix, des années entre les premiers rêves et la réalité.
-La seconde contradiction se situe entre la nécessité pour le jeune de connaître toutes les réalités de l’entreprise et un parcours scolaire dans un milieu fermé, complètement déconnecté de ces réalités. Inversement, et pour les mêmes raisons, les entreprises ne connaissent pas les jeunes et en restent souvent à des stéréotypes.

-La troisième se situe entre la multiplicité des expériences des jeunes, leurs compétences et leur incapacité à »dire » ces expériences, à les valoriser, à leurs yeux comme à ceux d’employeurs éventuels.
-La quatrième, mais il en existe bien d’autre, touche à la notion de mobilité. Mobilités géographiques, professionnelles, mentales sont plus que jamais nécessaires. Apprend-on aux jeunes ces nécessités ? Un certain nombre de systèmes et de dispositifs ne favorisent-ils pas plutôt l’immobilisme ?

Puissent ces quelques pistes de réflexion en alimenter d’autres, notamment sur l’orientation scolaire et professionnelle et sur l’accueil en entreprise, base d’une approche intergénérationnelle.

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