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28/04/2011

L’intérêt de certains médecins contre celui des malades

J’ai déjà écrit plusieurs papiers pour dénoncer les déserts médicaux et la libre installation des médecins, les actes médicaux inutiles là où il y a sur densité médicale, etc…
Les médecins se disent libéraux, mais que seraient-ils sans la Sécurité Sociale, sans les mutuelles.

Il est rare que je reprenne in extenso les éditos écrits par d’autres, voici cependant celui de Véronique DESCACQ, secrétaire nationale de la Cfdt chargée de la protection sociale.
Non seulement, je partage totalement son point de vue mais je vous propose de le partager.


« L’égal accès aux soins doit rester une priorité.

Lorsque après la guerre, la Sécurité Sociale s’est construite sur des principes de solidarité et d’universalité, elle a néanmoins confirmé d’autres principes fondamentaux, chers aux médecins, et censés garantir la qualité des soins et l’exercice de l’art au bénéfice des patients : liberté d’exercice, liberté d’installation, liberté de prescription, indépendance du médecin ou encore paiement direct de l’acte et libre choix du médecin par le patient.

Force est de constater, plus d’un demi-siècle plus tard, que ces « libertés » défendent davantage l’intérêt de certains médecins que celui de la majorité des malades.

Aujourd’hui, en effet, l’égal accès aux soins se révèle être fortement remis en cause. Les dépassements d’honoraires, les restes à charge et la désertification médicale dont sont victimes certains territoires entraînent le renoncement aux soins d’une bonne partie de la population. Constat insupportable dans un pays comme le nôtre, alors qu’une partie de la cohésion sociale repose sur la réputation de son système de soins et de protection sociale.

La liberté d’installation peut amener des médecins à ouvrir un cabinet en fonction de leur intérêt propre sans avoir à prendre en considération les besoins de la population. Se créent ainsi des zones dans lesquelles les malades doivent, au mieux, subir un long trajet pour se faire soigner; au pire, renoncer aux soins et d’autres zones au cœur des centres villes à fort pouvoir d’achat où des spécialités médicales pratiquent des dépassements d’honoraires abusifs.

Afin de tenter de remédier au problème des déserts médicaux, la loi Hôpital, patients, santé et territoires de 2009 mettait en œuvre des mesures incitatives : le contrat santé-solidarité prévoyait une obligation pour les praticiens installés en zone sur-dense d’effectuer des vacations dans les zones de sous-densité.
A défaut, ils se voyaient appliquer une taxation (relativement modeste) de 3 000 € par an.

C’est encore trop selon certains médecins, décidés à ne pas laisser échapper l’occasion de la campagne présidentielle pour faire valoir leurs intérêts !

Ainsi, les sénateurs viennent de supprimer cette mesure incitative, et l’Assemblée pourrait confirmer cette semaine cette suppression.

A moins que les députés ne prennent conscience des difficultés accrues d’accès aux soins de leurs concitoyens (et électeurs) dans les territoires.

La Cfdt tient à rappeler au législateur que l’égal accès à des soins de qualité est un principe à valeur constitutionnelle et demande aux députés de revenir sur le vote du Sénat »

01:13 Publié dans Santé | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cfdt, protection sociale

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