140247

27/05/2010

Conférence de Jean Marie TOULISSE ancien HEC

Retraite 2010 :

Comment faire d'une réforme impossible
Une opportunité d'avenir pour notre Société


La retraite un sujet sensible

Parmi tous les dossiers sociaux la question des retraites est certainement la plus sensible.

Si l’on peut penser échapper à la maladie au chômage. Nous savons que nous serons tous un jour en retraite.
Qui n’a pas dit ?

- quand je serai en retraite…
- vivement ma retraite !
- je pourrai faire ceci, faire cela…

Pour chacun d’entre nous la retraite est un projet, un investissement.

Débarrassés des contraintes liées au travail nous pensons pouvoir réaliser tout ce que l’on n’a pas pu faire durant la période d’activité.

Evidemment quand on est en retraite nous voyons que ce n’est pas aussi simple. La période de retraite a été idéalisée et certain regrettent même le travail.

De plus la retraite c’est aussi le début de la vieillesse et des représentations négatives du vieillissement avec les images d’usure, de maladie voire de perte d’autonomie.

Tout cela pour dire que le moment où l’on va être en retraite est chargé d’émotions de sentiments personnels très lourds affectivement.
En négociant les accords nationaux sur les retraites complémentaires ou la réforme des retraites de 2003, je me suis rendu compte que chaque salarié projetait sa situation personnelle au regard des décisions qui étaient prises. Nous regardons comment, personnellement, nous sommes impactés par les mesures.

Je me suis aussi rendu compte combien nos concitoyens étaient ignorants de leur propre situation et de ce fait combien ils étaient perméables aux discours démagogiques.

Toutes les étapes de révision des paramètres de la retraite sont des périodes anxiogènes. On ne peut pas réformer notre pays sur des peurs et des angoisses.

Voilà pourquoi avec d’autres je me suis toujours battu pour le « droit de savoir » pour
le droit à l’information individuelle sur la retraite.

La répartition un système basé sur la solidarité entre les générations


Notre système repose sur la répartition et là aussi il y a un énorme malentendu.

Quand j’entends dire, j’ai droit à ma retraite, j’ai gagné ma retraite, j’ai mérité ma retraite, j’ai cotisé pour ma retraite c’est à la fois vrai mais c’est totalement faux.

La répartition ce sont les cotisations des actifs d’aujourd’hui qui payent les retraites des retraités d’aujourd’hui. Vos cotisations (si vous êtes retraités) ont servi à payer les retraites de vos parents. Il y a longtemps qu’elles sont dépensées. Ceux qui ont raison d’avoir peur ce sont les jeunes.

En fait négocier la retraite c’est assez simple.

Ce sont 2 plateaux de la balance à mettre en équilibre.

Les cotisations versées = les pensions versées.

Et pour équilibrer les plateaux, vous n’avez que 3 paramètres à votre disposition.

Un taux de cotisation
Une durée de cotisation
Un montant de retraite

C’est le triangle infernal.


La bonne nouvelle

Au 19ème siècle l’espérance de vie d’une adolescente de 15 ans était de 30 ans. Un siècle plus tard elle était de 60 ans et on sait que les filles qui naissent au début de ce siècle vivront 100 ans ! Depuis la libération l’espérance de vie à la naissance augmente de 1 an tous les 4 ans. 1 trimestre par an. 77 ans hommes et 84 femmes, l’espérance en bonne santé physique et mentale progresse aussi, 72 moyenne + 1 en 2 ans.

Depuis 1950 l'espérance de vie a augmenté de 15 ans.

Depuis que l’homme existe il aspire à retarder l’âge de sa mort. Et c’est donc une très bonne nouvelle pour chacun d’entre nous.

La démographie nous oblige à l’optimisme car elle démet les représentations nostalgiques de nos contemporains. Mesdames et Messieurs, j’ai beau retourné les chiffres dans tous les sens. Non hier n’était pas mieux qu’aujourd’hui. Nous vivons mieux et plus longtemps qu’hier. Vivons nous bien est une autre question.


Le constat ou les conditions du problème

En 2010, il y a 15,5 millions de retraités, il y en aura 18 millions en 2030 et 23 millions en 2050. Ils sont tous nés et depuis longtemps.
Combien y en aura t-il d'actifs pour financer ces retraités ?

Le taux de fécondité des femmes françaises est le plus important d'Europe 2%.

la population active va progresser au moins jusqu'en 2025.

Mais le nombre d'actifs pour 1 retraité chute dangereusement.

En 1960 il y avait 4 actifs pour 1 retraité
En 2010 il y en à 1,7
En 2020 il y en aura que 1,5
Il faut aussi prendre en compte les taux migratoires en 2003 nous avions pris 50 000 par an aujourd'hui les prévisions se font à 100 000 par an.

Il y a évidemment le taux d'emploi et de chômage qui jouent sur les recettes, le COR se base sur un taux de chômage 4,5% ce qui dépasse le qualificatif d'optimiste.

il faut prendre en compte la productivité du travail le Cor se base sur 1,5% dans son scénario dit pessimiste et 1,8% dans son scénario optimiste. Il a été ces dernières années proche de 1,2%.

La crise pèse sur les recettes ainsi en 2007 le déficit que nous estimions pour 2030 sera celui de 2010.

Ajoutons que nous payons 25% de cotisations de notre salaires pour financer les retraites 1 trimestre par an.


Les besoins de financements

Le Cor a rendu son rapport très détaillé en avril sur les besoins de financements.

Les déficit sont énormes est ce à tous les étages de la maison retraite.

Le régime général de base du privé c'est 11 milliards pour 2010.

Les régimes complémentaires le seraient de 3,7 milliards ce qui fait déjà 15 milliards uniquement pour le privé.

Le fonds de solidarité vieillesse qui paye le minimum vieillesse et les aléas de la vie professionnelle sera en déficit de 4,5 milliards cette année.

Je résume ces chiffres catastrophiques.

Les déficit annuels prévus seraient de 70 milliards d'euros en 2030 et de 100 milliards en 2050.

Si vous voulez visualiser ce que cela représente dites vous qu'en 2009 les caisses étaient vides au 30 novembre qu'il n'y avait plus 1 euro pour payer décembre qui a été payé sur la trésorerie et les agios !

Il y a aussi le fonds de réserve. Son objectif était d'atteindre 150 milliards en 2020 pour soulager le fardeau des futures générations, il était de 33 milliards en début d'année.

Concernant les exonérations de charges aux entreprises, elles étaient de 30 milliards en 2008 et sont compenses par l'Etat.

Les commentaires sont fermés.