Retraites, négos sociales, dialogue intergénérationnel...

Ces objectifs et mesures visant à maintenir les seniors en emploi soulèvent un problème de justice car les individus ne sont pas égaux face à la santé, à l’espérance de vie et encore moins aux expositions à la pénibilité du travail.

La réponse la plus utilisée pour répondre à cette inégalité a été la sortie précoce de l’activité professionnelle. Des mesures dites préventives pour garantir une certaine « soutenabilité » du travail par des salariés naturellement vieillissant ont été soit écartées soit mis en place sans grande volonté.

L'amélioration du taux d’emploi des seniors a été de paire avec l’amélioration des conditions de travail

Or les exemples recensés par Catherine POLLAK pour le CEE démontrent que dans les pays européens du Nord notamment la Finlande l’amélioration du taux d’emploi des seniors a été de paire avec l’amélioration des conditions de travail.

La sélection par la santé (notion de travailleur sain) est effective dans de nombreux pays, elle vise à écarter du monde du travail les salariés dits en mauvaise santé.

Cependant avec les mesures incitatives pour rester en emploi, la suppression des mises en retraite d’office, la quasi-suppression des préretraites, « le maintien en santé » des travailleurs est devenu un objectif de management, la capacité à travailler et à poursuivre une activité notamment après 60 ans devient une contrainte que les managers doivent prendre en compte.

Face au vieillissement du salariat la dimension temporelle de la santé préoccupe dorénavant les responsables d’entreprises comme les représentants syndicaux. Dit schématiquement hier nous parlions d’accidents du travail aujourd’hui nous parlons d’usure au travail.

L’employabilité est maintenant le terme utilisé pour maintenir le salarié en « capacité de travail » que ce soit pour la formation ou les conditions de travail.

Rappelons ici un principe de réalité, dans tous les pays où l’emploi des seniors est important le taux de chômage général est plus faible ce qui revient à dire que pour offrir des emplois aux seniors il faut déjà qu’il y ait des offres disponibles !!

Le cocktail gagnant des pays du Nord consiste à mettre en œuvre simultanément plusieurs politiques :

Le dialogue social (négociations de branche et d’entreprise) :
> L’amélioration des conditions de travail
> L’extension de la formation permanente
> La lutte contre les discriminations

Là où les salariés se considèrent en bonne santé et avec de bonnes conditions de travail, les taux d’emploi sont meilleurs. Même si ces études sont empiriques, il y a bien une forte corrélation entre le ressenti des salariés et la froideur des chiffres. De même, les seniors en emploi se déclarent en meilleure santé que les chômeurs ou les inactifs.