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03/04/2015

Les inégalités au cœur du rejet citoyen.

J'admets ne pas avoir tout compris. Ces élections ont perturbé les schémas d'analyse classiques. Que d'illustres inconnus, très âgés, sans aucune activité publique, arrivent au deuxième tour dans mon canton est incompréhensible. Il faut avoir la modestie de le dire, il nous faudra beaucoup de recul pour appréhender la nouvelle situation, car bien des certitudes sont tombées ces deux derniers weekends.

Nous avons tous la même information, dans les 5 départements de notre future Région, l'extrême droite est majoritaire et parfois très largement. Le mode de scrutin des élections régionales exige d'en tenir rapidement compte.

L'indécente inégalité des revenus.
Analyser le vote FN, c'est regarder en face l'échec de nos politiques de lutte contre les inégalités. Celles ci augmentent et cela en devient insupportable. Quand les entreprises bénéficient de la politique de l'offre, les salariés sont en droit d'en retirer quelques avantages. La précarité de l'emploi, en particulier des jeunes, obligent à réviser les politiques de recrutement, aucun schéma économique n'oblige à cette généralisation de contrats de plus en plus courts et pourtant renouvelables. Les pauvres, contrairement aux privilégiées professions libérales n'ont plus, eux, la possibilité de faire grève, ils se vengent autrement.

Les inégalités territoriales.
L'analyse canton par canton montre que la dynamique FN part des villages, des villes moyennes, des zones rurales, toujours dans des territoires en difficulté économique. Aux régionales, les candidats républicains de la grande région devront structurer leurs projets politiques autour de cet enjeu de solidarité des territoires. La métropolisation, évidemment nécessaire, doit s'appuyer sur les territoires périphériques et les irriguer d'activités. Les villes moyennes de la grande région doivent trouver intérêt à la métropole européenne lilloise. Cela passe, en premier, par une réorganisation du service public régional qui est loin d'être de proximité. Sans déconcentration de services régionaux dans les villes hors métropole, il y aura peu de chance de séduire les nouveau électeurs frontistes.

Les limites du scrutin majoritaire.
Avec le tripartisme, le clivage droite gauche a perdu de sa pertinence, on le savait depuis longtemps, les Départementales l'ont consacré. Humanistes, unissez vous!
Si le tripartisme devait s'installer, ce sera la fin de la 5eme République et de son sacro saint scrutin majoritaire à deux tours, les règles démocratiques ne peuvent continuer à exclure autant d'électeurs de toute représentation.
Enfin, le vote républicain ne peut être à sens unique de la gauche vers la droite. Si, dans le Nord, les électeurs de gauche ont voté ce dimanche pour la droite c'est aussi parce que Jean René LECERF a été très clair dans ses consignes de vote. Le ni-ni se paiera un jour.

Article paru dans Autrement Dit

09:20 Publié dans Actualités | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : inégalités

Commentaires

Excellente analyse.

Cela dit je ne pense pas qu'on puisse décréter de l'activité. L'activité s'installe là où il y a une source, un terreaux fertile.
Donc plutôt que d'irriguer les campagnes, il faut joindre les campagnes à la métropolisation. Il faut coller la métropole lilloise, le bassin-minier et la Belgique et en ça le RER s'il est bien défini sera une excellente nouvelle.

Écrit par : samyr | 03/04/2015

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