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27/09/2012

300 000 à 600 000 emplois qui ne trouvent pas preneur.

Pour moi c’est la méconnaissance réciproque des jeunes par l’entreprise et de l’entreprise par les jeunes qui en est la cause.

On les appelle « les emplois en tension », ces milliers d’emplois qui sur les marchés des offres d’emplois ne trouvent pas de demandeurs.
Pour moi, ce ne sont pas les chômeurs (les jeunes en particulier) qui en seraient la cause principale ? Ce n’est pas seulement, non plus seulement, une question d’adéquation de compétences. Il faut chercher plus loin les causes profondes de cette inéquation entre certaines offres et les demandeurs d’emploi.


Pour moi, l’une des raisons essentielles est que depuis une quinzaine d’années, il y a une méconnaissance réciproque des jeunes et des entreprises, de ce que sont les uns et les autres.

1. L’entreprise (et encore plus particulièrement les recruteurs – c’est l’armée qui recrute !) ne comprend plus rien aux réactions des jeunes adultes. « Ils viennent une journée et on ne les voit plus sans avoir aucune nouvelle », « ils acceptent un rendez vous et ne viennent pas », « ils nous parlent congés avant d’être embauchés », etc…Je les entends ces employeurs, ces DRH me répéter leurs stupéfactions devant les réactions (les exigences) des jeunes adultes face à l’emploi.

J’ai compris une partie du problème lorsqu’un jeune de l’école de la 2ème chance m’a dit « moi je ne cherche par un travail, je cherche un salaire » Tout est dans cette déclaration.
Déjà, il était désabusé. Peut-être qu' il a déjà été trop abusé par les déclarations, les promesses des adultes.
Nous parlons emploi, quand eux ne se font plus d’illusion sur le travail. Ce qu’ils veulent en premier, c’est un salaire et pour cela ils en reviennent à la vieille conception de la vente de la force du travail. Ce sont des journaliers, « tu me proposes un petit job au rabais, eh bien tu m’auras au rabais »
Aussi quand nous parlons coût du travail, je me demande si les employeurs ont bien compris (qu’avec ou sans syndicats) les salariés négocient leur force de travail. Et ce qu’ils n’obtiennent pas en salaire, ils le font payer en freinant leurs ardeurs (et je sais par expérience qu’en l’occurrence l’imagination est prolixe), il y a parfois peu de différence entre présentitude et absentéisme.
Au bout du bout quand le « recruteur » gagne 3 ou 4 euros de l’heure, le manager, lui, gère les conséquences, et en perd 7 ou 8. Comme quoi le contrat de travail ne peut être un contrat de dupes ! Ce qu’il est trop souvent.

2. De son côté, le jeune adulte, en recherche d’un travail rémunérateur et enrichissant ne connaît rien de rien au monde du travail. Ce qu’il a connu dans le cadre familial ou à l’école n’a rien à voir avec ce qu’il rencontrera dans l’entreprise. Les codes sociaux et professionnels imposés dans les entreprises se heurtent aux évolutions sociétales de l’autorité, de la gestion du temps, des interférences vie privée - vie professionnelle, de l’utilisation des nouveaux moyens de communication immédiate et succincte.

L’entreprise reste un îlot conservateur dans une société qui bouge à toute vitesse. Ce qui provoque un véritable choc pour de nombreux jeunes qui entrent pour la première fois en entreprise.

« Des amplitudes éventuelles de 6 heures à 22 heures avec une présence possible le week end ? Non, ça ne m’intéresse pas » Qui pourrait être intéressé par une telle offre ? Les entreprises sont responsables quand elles proposent des offres d’emplois inacceptables.

Ma conclusion va peut-être vous choquer. Les jeunes sont ce qu'ils sont, nous ne les changerons pas. Si les entreprises veulent rajeunir leur effectif et trouver preneurs à leurs offres, ce sont elles qui doivent changer et s'adapter à la main d'œuvre d'aujourd'hui.

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