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20/09/2012

Ces jeunes livrés à la solitude !

Le journal La Croix a publié un sondage réalisé par l’association la Société de Saint Vincent de Paul sur la solitude des jeunes 18-35 ans.

19% des jeunes (un jeune sur 5) souffrent de solitude, 45% déclarent ressentir la solitude souvent ou occasionnellement. Cela fait beaucoup, à l’âge où se faire des amis est constitutif du passage à l’autonomie. C’est pour moi, militant des solidarités intra et intergénérationnelles, un réel problème de Société. Quand ce militant de Saint Vincent de Paul, dit « ils sont dans une situation d’isolement affectif, à la recherche d’une oreille bienveillante » je ne peux m’empêcher de faire le parallèle avec ce que nous ressentons dans les écoles de 2ème chance.


Une oreille bienveillante, c’est bien de cela dont les jeunes ont le plus besoin. Les adultes que nous sommes devraient être plus attentifs à l’adolescence. Il est trop facile de s’en remettre à la fatalité. Nous entendons encore trop souvent : « c’est l’âge ingrat, ça lui passera » ou plus poétique « il a le spleen ». Oui mais quel effort faisons-nous pour chercher le contact avec nos enfants et petits enfants rebelles. Ne les laissons pas s’enfermer dans l’isolement.

Quand on leur demande quelles seraient les causes de cet isolement, 35% répondent le manque d’argent. Eh oui ! Entendons cela, nous qui pensons parfois que l’argent ne fait pas le bonheur. Je milite pour l’attribution d’un capital de départ, un droit, « offert » par la collectivité à tout jeune qui atteint la majorité. Cette dotation autonomie pour les jeunes est aujourd’hui nécessaire pour accéder à un logement, acheter une première voiture, des dépenses obligées pour tout jeune désirant quitter la maison familiale et prendre son autonomie.
Si la famille reste la meilleure des sécurités pour de nombreux jeunes, n’oublions pas toutes celles et tous ceux qui aimeraient bien quitter non pas le « cocon » familial mais le carcan familial et cela existe. Pour eux, s’épanouir c’est acquérir le plus vite possible leur autonomie.

31% des jeunes se sentent isolés par difficultés à entrer en relation avec autrui, le manque de confiance ou tout simplement la peur de l’autre. Voilà encore de quoi nous interroger. Déjà sur la communication au sein du cercle familial, visiblement pour beaucoup ce n’est pas facile. La confiance en soi, que l’on appelle aussi l’assertivité, n’est pas assez travaillée dans les programmes de formation. Nos écoles sont encore des écoles de la punition, du moins/moins quand elles devraient s’appuyer sur les réussites et les plus/plus, il est plus facile de rabaisser que d’élever. Comment penser enfin, comment les 130 000 jeunes qui sortent de l’école chaque année en échec scolaire peuvent avoir confiance en eux ?

Je dis à tous les retraités de ma génération « tendez la main aux jeunes que vous rencontrez ». Ce sont eux qui paient nos retraites et demain la prestation dépendance, si nous continuons obstinément à ne pas vouloir, à ne pas chercher à les comprendre, les jeunes se révolteront et ne financeront plus nos retraites. Les solidarités intergénérationnelles fonctionnent aujourd’hui à l’envers. Elles vont dans le sens jeunes→ vieux quand elles devraient fonctionner à l’inverse. Je sais que de nombreux grands-parents aident leurs petits enfants mais quid de ces jeunes qui n’ont pas de grands-parents en capacité de les aider financièrement. Notre système de retraite obligatoire par répartition est basé uniquement sur les solidarités intergénérationnelles, qui ne voit pas que ce pacte de confiance est aujourd’hui en train de s’effondrer.

Un tout récent rapport du Conseil Economique et Social Environnemental (CESE) interroge les droits formels et les droits réels des jeunes, c’est Antoine DULIN, délégué national aux Scouts de France qui l’a rédigé. Il explique que si des réponses ponctuelles ont été apportées aux problèmes spécifiques des jeunes, l’accès de ceux-ci à l’autonomie est de plus en plus difficile. « Aujourd’hui les jeunes sont davantage que leurs aînés exposés à la précarité et sont plus vulnérables au chômage », « les inégalités sociales entre jeunes, ont tendance à se creuser », un jeune sur 5 vit en dessous du seuil de pauvreté, nous dit ce jeune qui n’a rien d’un gauchiste, un jeune sur 6 n’a pas de complémentaire santé, etc.

En lisant les préconisations du CESE (j’en ai lu 17), je m’aperçois qu’il y a un monde entre ce que la Société promet aux jeunes et la réalité. Entre droits formels et droits réels il y a la distance entre ce je dis et ce que je fais, un jour nous le paierons très cher, nous les plus anciens.

Pour terminer, je vous propose de faire notre la philosophie de ce rapport « la jeunesse doit être une priorité politique. Elle ne doit pas être perçue comme une charge, mais bien comme un investissement pour le présent et l’avenir de nos Sociétés ».

05:03 Publié dans jeunes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : solitude

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