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06/02/2019

Pouvoir d’achat: l’Etat ne peut pas tout, les employeurs vont devoir sortir les billets.

La première « doléance », comme ils disent, est celle du pouvoir d’achat.
Qu’elle arrive largement en tête est logique, légitime et non démagogique.
Tous les syndicats l’ont dit et personne ne les écoutait, les Politiques de la région, X BERTRAND et G DARMANIN répètent à l’envi qu’il y a un problème de pouvoir d’achat très important notamment pour les classes intermédiaires, il n’est donc pas surprenant de retrouver cette revendication en haut de la liste. La consommation des ménages n’avait progressé en 2018 que de 0,8% contre 1,1% en 2017, preuve, s’il en est besoin, des difficultés matérielles de nombreux ménages.
Dans les Hauts de France, le revenu déclaré médian, avant impôts et redistribution est le plus faible de France métropolitaine. Il atteint 18 200 euros contre 20 100 au niveau national ( un treizième mois de différence), bien loin des 19 900 en Provence Alpes-Côtes d’Azur et les 20 600 d’Auvergne -Rhône-Alpes. Constat qui justifierait une négociation régionale d’un calendrier de rattrapage.

Ces dernières années l’emploi était l’objectif privilégié par tous les acteurs. Le coût du travail était pointé comme la principale cause du chômage et cela conduisait à limiter les revalorisations salariales.

L’inflation, ce trop vieil indicateur des négociations salariales, est devenue, certains mois, égale à zéro. Les employeurs ont usé et abusé de cet indice des prix soit disant imparable.

Et disons le, les pleurnicheries de nombreux employeurs, toujours critiques sur la productivité de leurs employés et se lamentant sur les charges tout en préservant leur train de vie, n’a rien arrangé.Lorsque ces derniers mois, nous disions, comme consultants, aux DG: « et si..., vous vous proposiez ces augmentations pour vous mêmes, les accepteriez vous? » à leur regard choqué nous avions du mal à leur faire comprendre que les délégués syndicaux les refuseraient eux aussi.


Si l’on en est arrivé là, c’est aussi parce que, ce qui est une banale question de fin de mois, a été , au fil du temps, trop technicisée avec l’explosion de la part variable des salaires. Le concept des 3 parts d’ augmentations: les « augmentations générales » réduites à une peau de chagrin, souvent moins de 0,5% par an; les « augmentations individuelles » boostées par l’individualisation et la rémunération au mérite, représentant souvent en masse le triple des augmentations générales; et enfin, les augmentations par les primes, chèques déjeuner ou autres, épargne salariale ou retraite, permettant d’échapper à une partie des prélèvements comme sur les heures supplémentaires. Avec l’euphorie de cette rémunération dite globale, bien des observateurs s’inquiétaient du manque de lisibilité et d’équité des politiques salariales. Ce qui ne se voit et ne se lit pas, n’existe pas.

La question du SMIC est aussi un peu trop systématiquement vue comme responsable du coût du travail, elle a conduit à des exonérations de charge d’abord au niveau du SMIC, puis à 1,3, 1,6 et demain?. Le coût du travail est réel pour les travailleurs peu formés, en concurrence directe avec les salariés des pays émergents mais ce n’est pas le cas de tous les secteurs comme celui de la restauration par exemple, où les patrons ont menti lors de la baisse de la TVA à 5% qui devait aller notamment à l’augmentation des salaires. Les élus ont été bernés, il est temps de remettre à plat la pertinence de toutes ces exonérations. Il est quand même édifiant de voire la revendication du SMIC réglée aujourd’hui par l’incompréhensible prime d’activité !!

10% des salariés sont aujourd’hui payés au SMIC soit autour de 1500€ mais les réductions dégressives de charges vont jusqu’à 2400€! Ces exonérations ont coûté en 2016: 27,8 milliards d’euros soit 8,5% des cotisations payées à l’URSSAF. Cela s’appelle faire financer du salaire par les impôts et taxes ( impôts et taxes rejetés par les gilets jaunes...)

Dans le grand débat, les questions posées par le gouvernement ne concernent pas le salaire proprement dit mais uniquement les primes de transport, de chauffage. Les patrons ne seraient-ils pas concernés par l’austérité salariale? Quand nous négocions notre salaire c’est avec notre employeur et non avec le ministre, espérons que le débat remettra les pendules à l’heure.

Je crains fort que très rapidement les employeurs face à des salariés en gilets jaunes regrettent les chasubles oranges ou rouges. Chez ARC, si ce sont les salariés non organisés qui ont fait plier la direction, ce sont les six syndicats qui ont signés un accord permettant de trouver neuf millions d’économie sur le coût du travail! Merci les syndicats. Merci les ringards. Merci les courageux.

Terminons par une bonne note, ce gouvernement tant décrié a quand même versé près de 12 milliards aux ménages ce qui fera un gain moyen de 440 euros par foyer. Ce n’est pas rien.

15/11/2016

Ce pouvoir d’achat que l’on ne sait plus négocier.

Pour la troisième année, les retraites ne seront pas augmentées. L’absence d’inflation en est la cause. Indexées sur les prix, quand les prix n’augmentent pas les retraites n’augmentent pas. Les retraités ont la garantie du maintien du pouvoir d’achat ... le problème c’est que ceux-ci n’en sont pas convaincus.

Les salaires évoluent, eux, bon an mal an, de 1%. Les taux de productivité sont évidemment bien supérieurs. La France est connue pour avoir l’un des meilleurs taux de productivité au monde.

Certains contestent la pertinence de l’indice des prix, j’en fait partie. Pourquoi utiliser le seul indice de référence avec ou sans tabac, quand il n’y a rien de commun entre la consommation d’un salarié payé au smic et celui d’un cadre de direction. Entre ce que consomme mon petit fils et moi retraité. Nous sommes décidemment des frustres. Il existe pourtant de nombreux indices de consommation, par âge, par niveau de revenu, par région, tous calculés avec précision par l’INSEE. Pourquoi DRH, syndicalistes, ministres, ne les utilisent pas ? À une époque où les théories de la complexité font fureur, les augmentations de nos salaires et de nos retraites sont négociées avec un outil préhistorique.

Par ailleurs, le concept de « rémunération globale » existe depuis des décennies. On le sait, après les augmentations générales (peanuts) et les augmentations individuelles, il n’y a plus rien à négocier. Pourtant l’entreprise et le salarié financent le logement, la santé, le transport… autant de postes importants des indices des prix sur lesquels existent des marges de négociation.

Prenons le poste « télécommunication », bien utile pour le travail, il représente 2370€ par an, soit 6% du budget moyen, 70% de ces dépenses sont des abonnements et redevances. Je connais une entreprise qui a négocié avec son opérateur un contrat groupé, les syndicats ont signé l’accord.

Il existe aussi la prime transport payée par le Conseil Régional que les entreprises refusent d’abonder.
Et que penser de ces situations scandaleuses comme celle des salariés d’Euralille qui, travaillant en seconde partie de nuit, sont obligés d’utiliser leur véhicule personnel, je tiens à la disposition de Martine AUBRY et Gérald DARMANIN, leurs contraventions à répétition car évidemment si leurs employeurs offrent un ticket parking aux clients ils le refusent pour leurs salariés !!

Aussi j’applaudis quand Xavier BERTRAND dit « il y a un réel problème de pouvoir d’achat ». On peut rajouter « et un terreau fécond pour LEPEN ».