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09/12/2019

Quand le syndicalisme retrouve des couleurs.

En ces temps difficiles, oui, notre préférence va à l’orange, au rouge, au bleu, ces couleurs syndicales que nous opposons au jaune d’une révolte sans objectif et sans chef.
Ce jaune des syndicats, qui au début du siècle dernier, étaient subordonnés au patronat.

Au moins avec les syndicats de 2019, nous savons que plus de 800 000 personnes se sont secouées pour manifester pour le retrait de la réforme des retraites.
Réjouissons nous de voir la démocratie sociale retrouver ses couleurs. Le syndicalisme est loin d’être mort et c’est une bonne nouvelle. Ici, nous dirons une très bonne nouvelle pour notre démocratie, pour la République.

Mais attention aux généralisations abusives en répétant « les » syndicats pour analyser la période sociale présente. Tous les syndicats n’étaient pas dans les grèves et les manifestations, et loin de là. On ne saura jamais combien ils sont, mais ils sont nombreux les sympathisants des syndicats favorables à une réforme radicale de notre vieux système de retraite.
À moins de considérer la CFDT et la CFTC comme... peanuts.

Pour tous ces militants syndicaux, qui au prix d’un courage peu commun, ont soutenu des réformes comme celle de 2003, et ... excusez du peu, ont viré la CGT de la première place, il est insupportable d’être mis dans le même sac que tous les opposants systématiques et aujourd’hui tous ces faiseurs de fake news. En faisant ces amalgames nous ne rendons pas service aux femmes et hommes responsables, courageuses, infatigables militants du compromis négocié et d’un dialogue franc et sincère.

Ces syndicalistes, contrairement à ce que l’on pourrait penser, n’ont pas la vie facile avec leurs interlocuteurs patronaux toujours tentés de profiter de leur bon état d’esprit. Les dirigeants syndicaux réformateurs vous diront comment ils ont eu à faire à pâtir de responsables patronaux non loyaux, y compris dans notre région.

Alors profitons-en, au moment où une nouvelle fois nous avons besoin d’eux, pour leur tirer un grand coup de chapeau même s’ils ne demandent rien.

Ce n’est pas une simple anecdote, mais ce jeudi 5 décembre une grosse section syndicale se formait aux nouveaux concepts de la relation sociale et aux nouvelles méthodes de négociation. Que ce soit dans la rue ou autour d’une table de négociation, ce sont tous des syndicalistes, avec leur conviction de justice et d’émancipation. Ce ne sont pas les piteux opportunistes qui se planquent derrière un mandat syndical qui nous feront oublier la majorité.

Profitons-en pour fêter un très grand, un très bel anniversaire syndical. En 1919, se créait un syndicat de femmes ( oui il y avait des syndicats féminins) et d’hommes sous le sigle CFTC. En 1963, une majorité créait la CFDT et la minorité restait CFTC.

Ce syndicat se proclamait LIBRE. Il est le premier syndicat et les deux frères, un temps ennemis, se respectent. Car ce sont des gens très respectables.

02/12/2019

on ne reforme pas la société sans la société

À peine 30 000 manifestants pour le premier et le dernier anniversaire des gilets jaunes, tous les médias ont parlé et même théorisé sur l’originalité de cette révolte innommable.
Le 5 décembre, ce sera une autre histoire.

Les syndicats peuvent être décriés, ils sont encore les seuls à exprimer à la fois les problèmes ressentis par les salariés, à négocier ou accepter les concertations et, quand il le faut, organiser de fortes mobilisations. Cette chronique répète qu’il est irresponsable de vouloir gouverner sans une partie des syndicats.
Oui, ce 5 décembre, il y aura beaucoup de monde dans les manifestations. Depuis longtemps les grèves ne font plus recette, hormis à la SNCF, mais les syndicats français ont cette capacité à mettre des millions de gens dans la rue. Cela commence souvent par les entreprises publiques mais aujourd’hui le mécontentement est plus profond.

Alerte!!

Nous avons été surpris, le 21 novembre, par le ton de la déclaration du Bureau National de la CFDT et encore plus par la conférence de presse, convoquée en urgence, de Laurent BERGER. En exigeant une clarification de la position gouvernementale, il était facile de comprendre que le syndicat redoutait les arbitrages à venir, trop de signaux l’alertent. BERGER n’a pas hésité à dire que la réforme serait « morte dans l’œuf » avec une mesure paramétrique qu’il pressent. SEVRE , le négociateur chargé des retraites, s’en est pris au Premier Ministre jouant les pompiers pyromanes. Quand on connaît ces grands dirigeants, uniquement mus par leur convictions syndicales, le ton était grave, combatif et démontrait combien les débats internes devenaient difficiles.

Nous connaissons leur position, le système actuel est injuste. Des décennies de réformes paramétriques sur l’âge, la durée, le montant des pensions, ont renforcé ces inégalités. Il faut changer de système d’où cette réforme systémique. En citant les victimes du système actuel: les précaires, les jeunes, les femmes, les emplois pénibles, le syndicat est bien le seul à essayer de parler des causes de ces inégalités quand certains ne jurent que sur l’âge de la retraite en oubliant le chômage endémique des seniors.

Tous les observateurs le savent, quand le premier syndicat s’est engagé, seul, pour soutenir une réforme systémique, c’est à la fois parce que la retraite est un salaire différé ce qui relève de la première responsabilité syndicale, que le relèvement récurrent des paramètres qui conduit maintenant à baisser le niveau des pensions est très anxiogène et parce que les injustices récurrentes sont au cœur même d’un système aux 42 régimes, le syndicat devenu le majoritaire n’acceptera pas la remise en cause de la promesse du Président MACRON. Tout le monde le sait.

Finissons par ces mots assénés par Laurent BERGER, l’utilisation du rapport du Comite d’Orientation des Retraites est « une construction politique » pour faire accréditer l’idée que nos retraites sont en péril.

Sans la CFDT, il n’y aura pas de réforme. MACRON sait il que l’on ne réforme pas la société sans la société...

Aussi, au moment de clore ce papier, l’histoire n’est pas encore dite.