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18/11/2019

Une honte, cette clause du grand père.

Cette clause dite « du grand père » c’est voter une réforme qui ne serait applicable qu’aux nouveaux entrants sur le marché du travail.
Inutile de dire que c’est voter en 2020 une réforme des régimes spéciaux pour 2062/2065!

Créer un nouveau système impactant les 42 régimes actuels nécessite une période de transition adaptable à chaque mesure et à chaque régime, c’est nécessaire pour éviter toute brutalité.
A ce stade, cette transition est déjà prévue :
- « ceux qui ont 27 années de service et ont gagné le droit de partir en retraite vont garder ce droit »
- Pour les autres, soit la moitié des salariés, la transition se fera sur 15 ou 30 ans.
- Il y aura au minimum 5 ans entre le vote et le démarrage de la réforme.C’est du jamais vu. Et cela se comprend quand on parle de temps long.

Tous les experts sont d’accord, la « transition » est décisive pour faire accepter mais aussi réussir la mise en œuvre d’une telle réforme. Comme le dit JP DELEVOYE « il y aura un chemin » pour chaque profession. Une période trop longue et les effets attendus s’estomperont au fil du temps. Trop courte, c’est générer beaucoup de déceptions pour celles et ceux qui s’étaient projetés sur une échéance. Par contre il faut éviter les effets de comportement ( partir juste avant l’application de la mesure).

En quoi cette clause est une honte ?

Comme son nom l’indique cette clause favorise les grands pères et donc défavorise les jeunes générations. C’est une clause anti-solidaire quand la retraite par répartition repose justement sur la solidarité intergénérationnelle. Le cynisme des défenseurs de cette clause est de faire payer aux jeunes actifs des avantages dont ils seront exclus. Ces jeunes travailleront et financeront les retraites des « avantagés « , répartition oblige. C’est encore une fois, une gifle monumentale donnée par les vieux aux jeunes.

Le cynisme des défenseurs des régimes spéciaux ne s’arrête pas là .Ces avantages sont payés par les usagers des services publics, par des subventions d’équilibre de l’Etat, et ce que l’on sait moins, par les autres régimes (dont le régime général) avec ce que l’on appelle la compensation inter-régimes. Ce qui veut dire que les cotisations payées par les salariés et les entreprises publiques ne suffisent pas. C’est la solidarité du privé pour financer le public.

L’on nous dit que ces avantages s’expliquent par les contraintes et la dureté des conditions de travail, c’est malheureusement le cas de beaucoup d’autres professions. D’où la nécessité d’inclure dans la réforme , comme le demandent les syndicats réformistes, des mesures particulières pour les emplois pénibles, mais des mesures identiques pour n’importe quel salarié qu’il soit du privé ou du public.

Revenons aux divergences entre le Premier Ministre et le Haut Commissaire aux retraites, car divergences il y a. D’un côté DELEVOYE mène une réforme de « société » où l’universalité, l’équité et les fondamentaux de la répartition doivent être respectés. D’un autre, nous avons, depuis la révolte des gilets jaunes, un gouvernement tétanisé par la peur de la conflictualité sociale, or aucune réforme des retraites ne peut se faire sans l’expression de conflits d’intérêts parfois inconciliables. DELEVOYE en tient compte, il déploie une énergie incroyable pour écouter, concerter. Il prend un temps énorme pour résoudre les problèmes qui surgissent chaque jour, pour convaincre. N’oublions pas que c’est lui qui en 2003 a conduit le passage des fonctionnaires de 37 ans et demi à 40 années de cotisations.
Ne lui demandons pas, en 2019, de capituler.

13/11/2019

Cette nouvelle croissance, créatrice d’inégalités, est elle vraiment souhaitable ?

Ah cette croissance tant recherchée. Croissance créatrice d’emplois à temps plein comme jadis, croissance verte pour demain ou comme aujourd’hui, croissance génératrice d’inégalités. Partout où la croissance progresse, elle est génératrice d’un accroissement terrible des inégalités.

Le drame vécu par les personnes défavorisées du Chili en est l’exemple le plus dramatique. Comme beaucoup, nous lisions que l’économie chilienne était devenue un exemple de croissance et de stabilité. Leur Président en parlait comme d’un oasis de sécurité et de prospérité. Il aura fallu une simple augmentation du ticket de métro pour déconstruire le mirage. Aujourd’hui, dans l’oasis, les militaires emprisonnent et tuent. Insupportable.

Plus près de nous, la théorie du ruissellement s’est prise en boomerang le torrent des gilets jaunes... 10 à 14 milliards dépensés sans grande réflexion pour répondre à ce sentiment d’injustices et d’inégalités. Depuis, en France, la politique aide les très riches et les très pauvres.

Dans la région, le patronat du Comité Grand Lille réuni, il y a quelques mois à la Chartreuse de Neuville qui travaille sur l’économie inclusive, s’inquiétait du risque majeur que représentait pour l’économie cette gravissime montée des inégalités dans le monde.

En juin, l’Observatoire des inégalités présentait son rapport: « Il y a une France qui vit dans l’insécurité sociale, aux alentours d’un quart de la population active ». 8 millions de personnes sont fragilisées face à l’emploi, « c’est une France qui n’a pas d’horizon de vie, ne peut pas prévoir ce que sera demain ». Nous pouvons continuer, un adulte sur 4 n’arrive pas à la stabilité qu’il recherche.

En France, les 10% les plus riches perçoivent des revenus 8,7 fois plus élevés que les 10% les plus pauvres. La France est après la Suisse, le pays d’Europe où les riches sont les plus riches.
Et l’observatoire relève qu’entre 2016 et 2019, il est « très probable « que les inégalités de niveaux de vie se soient accrues.

Baume au cœur pour les militants anti-exclusion, la protection sociale atténue fortement ces inégalités.

Autre inégalité, celle de l’espérance de vie. Chez les hommes, treize années d’espérance de vie à la naissance séparent les 5% les plus pauvres et les 5% les plus riches.

Et dans les Hauts de France? Comme il est difficile d’objectiver le sentiment partagé par beaucoup, le CESER va travailler cette question des inégalités qui aujourd’hui est source de colères de plus en plus violentes.

03:44 Publié dans Actualités | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : croissance

11/11/2019

Le « bon endroit » du Président

À RODEZ, le Président déclare solennellement : « Nous sommes en train de réinventer la grammaire du dialogue social...Il faut mettre les partenaires sociaux au bon endroit. » Cette évidence exprimée, pourquoi en appeler à la grammaire pour gommer la mise à l’écart progressive des partenaires sociaux au profit d’une démocratie directe avec des citoyens tirés au sort, ou comme à Rodez, avec des lecteurs de journaux régionaux.
C’est une vraie question, redondante, en France, Mais n’est-ce pas d’abord celle de l’Etat qui, lui, devrait se trouver et rester au bon endroit.

Disons le, la France est étatique, les corps intermédiaires n’y ont pas bonne presse. Même le leader du premier syndicat écrit dans un livre ne pas aimer ce mot lui préférant celui d’acteurs de transformation sociale -OK-.

Pourquoi cette soif d’Etat, jamais assouvie malgré DE GAULE et maintenant MACRON. Pourquoi les Jacobins dominent-ils toujours les Girondins ?

L’Histoire y répond. Les révolutionnaires de 1789 ne voulaient aucun intermédiaire entre l’Etat et le camarade Citoyen. Mort aux corporations, mutuelles, amicales et bien sûr religions, associations et syndicats étaient réprimés !

Il aura fallu un siècle pour obtenir les lois de 1884 sur les syndicats et le début du 20 ème siècle pour la loi 1901sur les associations. Dire que les rapports entre l’Etat et les religions ont été réglés par la loi de 1905 est, ces jours-ci, bien téméraire.

Oui, pendant un siècle, syndicats-associations et différemment les religions ont été interdits. Pendant ce siècle chape de plomb sur la démocratie sociale française, partout en Europe, le syndicalisme prospérait, notamment les trade-unions britanniques qui dominaient même les partis politiques. L’histoire du mouvement syndical, dans tous les autres pays européens, n’a pas connu pareille parenthèse. Après, nous nous étonnons, comme des vierges effarouchées, des comparaisons entre les taux de syndicalisation de l’Europe du Nord ou des pays anglo-saxons. Triste école de la République qui omet cette apprentissage historique.

Plus près de nous, à quelques mètres, en Belgique, les partis politiques laissent le champ du social aux partenaires sociaux. Au moment où MACRON s’accapare l’UNEDIC, les chômeurs belges vont chercher leurs indemnités chômage au local syndical. Pas questions d’y toucher, démocratie sociale et démocratie politique font bon ménage... enfin comme tous les ménages.

Pour en venir à cette extraordinaire réforme des retraites, il est désolant de se dire que nos concitoyens vont résumer les questions de gouvernance à une querelle d’intérêts quand il s’agit de redéfinir pour cinquante ans les rapports entre l’Etat et les organisations représentatives de ceux qui financent la répartition à savoir les salariés et les entreprises.