140247

19/03/2019

Quand Macronien rime avec Beveridgien, c’est un choix de société

Les négociations entre patronats et syndicats concernant l’assurance chômage n’ont pas abouti.

L’UNÉDIC est gérée de manière paritaire par les partenaires sociaux, mais c’est l’Etat qui décide de l’essentiel, comme par exemple, la fusion entre les ASSEDIC et Pôle Emploi, voire du remplacement des cotisations sociales par la CSG, impôt sur lequel le gouvernement a totalement la main. De plus, les négociateurs doivent respecter une lettre de cadrage dictée par le gouvernement. C’est le paritarisme encadré ou tenu en laisse.

Car cette lettre de cadrage est l’exemple même d’injonctions contradictoires que le gouvernement ne pourra pas plus satisfaire par décrets que les partenaires sociaux n’ont pu le faire par accord.
Que dit cette lettre? Créer un système de bonus-malus pénalisant les entreprises multipliant les contrats courts qui ont explosé ces dernières années et décider de mesures permettant 3 à 3,9 milliards d’économies sur un déficit de 10 milliards.
Comme les employeurs ne voulaient pas négocier le moindre bonus-malus et que les syndicats ne voulaient pas baisser les indemnités des chômeurs, la négociation était impossible.
Rappelons les chiffres: 80% des salariés ayant eu un contrat de un mois ou moins sont réembauchés dans la même entreprise, soit 400 000 salariés. C’est le contrat précaire à répétition.

Mais l’enjeu dépasse l’indemnisation du chômage. Les syndicats redoutent, comme le dit Yves VEYRIER, leader de FO, la tentation gouvernementale d’instaurer pour la protection sociale un système beveridgien où les prestations de base seraient financées uniquement par l’impôt et décidées par le seul Etat. Système emblématique des politiques anglo-saxonnes contrairement au système bismarckien marqueur social de l’Europe du nord et du sud. Entre la logique assurancielle actuelle et la logique assistancielle c’est un projet de société qui est en jeu. Le gouvernement doit assumer son choix et l’expliciter.

La « gouvernance » est aussi au cœur des malentendus entre le gouvernement et les corps intermédiaires. Prenons le cas de la future réforme des retraites, qui sera chargé de la gestion du futur régime unique? Les partenaires sociaux ont si bien géré les régimes de retraites complémentaires qu’ils ont accumulé un fonds de réserve de 118 Milliards d’euros, fonds de réserve indispensable pour le futur régime proposé par Monsieur DELEVOYE. La crainte est grande de voir le gouvernement faire main basse sur ces fonds paritaires tout en retirant les partenaires sociaux de la gestion du futur régime.

Réduire l’indemnisation des cadres illustre aussi ce changement de système, si les cadres cotisent comme les autres salariés pourquoi auraient ils moins d’allocations? Différences entre assurance et prestation sociale... quand on vous dit que cette nouvelle majorité a peu de culture sociale.