Retraites, négos sociales, dialogue intergénérationnel...

La première secrétaire du PS a raison d’insister dés le début de son propos sur les gains de l’espérance de vie- dorénavant au-delà de 80 ans- elle a mille fois raison de dire que c’est grâce à notre modèle social. Mais j’aurais dit aussi que c’est grâce au paritarisme et à l’action des partenaires sociaux que ce modèle social persiste contre tant d’attaques. J’aurai aussi eu la modestie de dire qu’ailleurs en Europe et dans le monde des gains substantiels d’espérance de vie ont aussi été obtenus et que rien n’est vraiment écrit à ce jour sur le « modèle » social le plus performant.

Elle pointe avec raison la demande d’autonomie des seniors mais pourquoi ne parler que du bénévolat dans les municipalités, mutuelles, humanitaires… et ne pas parler de l’activité économique des seniors. « L’expérience est un atout, voilà la grande révolution» certes mais l’expérience ne veut rien dire si on est incapable de la traduire en compétences. Alors oui l’expérience des seniors traduite en compétences peut-être valorisée dans le bénévolat ou l’activité purement économique.

S’en suit l’essentiel de la tribune à savoir la proposition socialiste de la réforme des retraites. Voilà moi ce que j’ai compris.

D’abord le PS sera « ferme sur ses valeurs et inventif pour trouver des solutions qui garantissent la pérennité et l’équité du système ». Bravo mais pourquoi parler tout de suite de dramatisation et de citer les travaux du Conseil d’Orientation des Retraites comme « un élément parmi d’autres de l’évaluation financière » mais où sont elles donc ces autres évaluations financières ? ! Dans ce blog, je n’ai pas attendu le COR pour les citer. Depuis 1992 et le livre blanc de Michel Rocard ces évaluations –sans cesse actualisées- existent, les prendre à la légère comme le fait cette tribune n’est pas très responsable. Et encore moins opérationnel.

Après avoir évoqué comme le propose la cour des comptes l’introduction « de nouvelles ressources dans le système » en citant « des cotisations sur la valeur ajoutée, sur les stocks options et d’autres rémunérations non assujetties » la tribune nous informe enfin du positionnement du Parti socialiste.

Je cite ici le passage entier « sans renoncer à donner plus de souplesse aux choix individuels et en tenant compte de l’hétérogénéité des parcours professionnels et de leur pénibilité, nous défendons le maintien de l’âge légal de départ à la retraite à 60 ans -c'est-à-dire la possibilité de faire valoir ses droits à pension- avec la possibilité de partir plus tôt pour ceux qui ont exercé des activités particulièrement pénibles.
Les Français savent que l’accroissement de l’espérance de vie et une arrivée plus tardive sur le marché du travail nécessitent pour beaucoup un départ réel après 60 ans. L’âge moyen de départ réel est déjà de 61 ans et demi. Mais si l’âge légal était repoussé à 62, 63, 65 ans, des centaines de milliers de personnes qui ont commencé à travailler très jeunes seraient contraintes de faire 44,45, 48 années de travail »

Traduisons : « la retraite à 60 ans c’est à dire la possibilité de faire valoir ses droits à pensions… » n’est pas dire maintien de la retraite à taux plein à 60 ans, c’est dire qu’à 60 ans tout salarié a le droit de décider de partir en retraite y compris avec une décote s’il n’a pas cotisé le nombre de trimestres suffisants. Je partage totalement ce point de vue s’il est confirmé. En effet, la retraite à la carte avec « plus de souplesse aux choix individuels » ce n’est pas remettre en cause l’allongement de la durée de cotisation d’un trimestre par an et par génération. Cela aurait été plus clair de le dire ainsi.

Martine Aubry a aussi totalement raison d’affirmer que « les Français savent que l’accroissement de l’espérance de vie et une arrivée plus tardive sur le marché du travail nécessitent pour beaucoup un départ réel après 60 ans » ce qui veut dire que la retraite à 60 ans est morte depuis longtemps et pour beaucoup parce que « l’âge moyen de départ réel est déjà à 61 ans ½ » voilà qui a le mérite de la clarté. Mais ne pas parler de l’énorme victoire sociale que la CFDT a arraché seule contre tous en 2003 pour permettre aux 600 000 salariés qui ont travaillé dés 14-15-16 ans de partir plus tôt en retraite est oubli fâcheux. Le Parti Socialiste le remet-il en cause ?

Dans le reste de l’article je retiens 2 phrases qui méritent un plus d’explications :
o Que veut dire « le bien être des Français ne sera pas assuré en comblant les seuls déficits comptables » ? Il faut quand même les combler me semble t-il ?
o Et que veut dire « mieux vivre le grand âge, c’est non seulement assurer des retraites décentes»? Que veut dire retraite décente, est-ce le minimum arraché par la CFDT en 2003 de 85% du SMIC net pour un salarié ayant travaillé toute sa vie au Smic ou est-ce autre chose ?

Martine AUBRY développe ensuite quelques idées de « la société du soin » un concept anglo saxon le care. Proposer ce concept au moment de la réforme des retraites voilà une idée très originale et très pertinente. Nous en reparlerons.