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12/10/2019

Gagnants et perdants, comparaison n’est pas raison

Comment peut-on toujours surfer sur les peurs et les angoisses, à résumer une réforme comme celle des retraites en titrant déjà : « qui seront les gagnants et les perdants » ?

Ça ne veut strictement rien dire.
Nous pouvons être gagnants sur une mesure et perdants sur une autre.
Nous pouvons être perdant sur le montant mensuel d’une pension que nous percevrons plus longtemps avec l’espérance de vie, alors le montant total de notre retraite sera beaucoup plus important que la baisse légère de la pension mensuelle et nous serons gagnants.
Calculer la retraite sur toute la carrière pénalisera bien sûr celui qui aura eu 25 très bonnes années, mais la personne qui aura eu une carrière plane (par exemple qui aura travaillé toute sa vie au SMIC) sera gagnante, mais est-elle gagnante avec ses 80% du smic?
Dans un système injuste comme pas un, avec ses 42 régimes, qui peut penser que l’harmonisation se fera par le haut tous gagnants?
Au final, être dans un grand régime solidaire, n’est ce pas plus gagnant qu’être dans un tout petit régime déficitaire comme celui de l’opéra de Paris? C’est aussi oublier que des négociations sont en cours dans les entreprises sous régimes spéciaux, et les contreparties ne seront pas minces.

Avec un régime universel c’est l’ensemble des prestations qu’il faut comparer et c’est bien difficile , aussi l’information personnelle envoyée aux usagers sera la seule information digne de foi.
Depuis 2003 un droit à l’information retraite existe, avec un comité des usagers présidé pendant 10 ans par votre serviteur. C’est ce droit qu’il faut maintenir dans la nouvelle réforme. Pas de simulateur mais une enveloppe bleue à recevoir systématiquement chez soi.

Autre réforme où bizarrement nous ne lirons pas de tels titres. Le 24 septembre, l’UNEDIC présentait une étude d’impact de la réforme gouvernementale sur l’indemnisation du chômage.
1,3 million de demandeurs d’emploi indemnisés, soit un sur deux, la moitié, sont concernés par la baisse des indemnités. Pour 850 000 ce sera 20% en moins. Et pour le durcissement de l’ouverture des droits, ils seront 710 000, notamment des jeunes! Le leader du premier syndicat parle de « tuerie ». Insupportable. Posons la question: vaut il mieux percevoir une indemnité chômage parce que l’on a cotisé en travaillant ou se retrouver brutalement basculé dans le RSA.

Pas envie de manifester pour les retraites, par contre pour les chômeurs et les jeunes primo-cotisants, plutôt deux fois qu’une.

14:27 Publié dans Retraite | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : retraite 2019

13/10/2018

Retraite 2019-1.


Voici le temps de reparler retraite, mais autrement...

Je vous propose de consacrer, ces prochains mois, cette chronique à la réforme des retraites déjà en cours de préparation, je le ferai sans langue de bois.

Essayons de poser la problématique. Les personnes de plus de 65 ans ont en France, les revenus les plus importants d’Europe et le taux de pauvreté le plus faible. Le système est globalement à l’équilibre financier.
Nous devons cependant affronter un double paradoxe concernant la confiance dans le système. Le système est à l’équilibre et les jeunes générations pensent qu’elles n’auront pas de retraite. L’idée majoritaire de l’opinion est celle de l’appauvrissement des retraités quand ceux ci n’ont jamais été autant protégés.
Par contre, le système est illisible, injuste et difficile à adapter.

Si le problème de la future réforme des retraites n’est plus, d’abord, celui de l’équilibre financier, profitons en pour remettre en perspective les objectifs fondamentaux de ce qu’est la répartition, cette technique plébiscitée par le plus grand nombre. La répartition est synonyme de solidarités intergénérationnelles, et ce sont ces solidarités qu’il faut refonder.

Depuis les années 2000, nous sommes arrivés à un tournant de notre histoire entre les générations où les plus pauvres ne sont plus les personnes âgées mais les enfants et les jeunes adultes de 18 à 29 ans. Une époque où la plupart des retraités vivent plus de 20 ans une retraite en bonne santé et contribuent à l’essor de l’économie quand les jeunes adultes peinent à trouver leur autonomie matérielle .

La génération socialement en danger n’est plus celle des personnes âgées mais celle des enfants et des jeunes adultes. L’année 2018 restera l’année noire de la jeunesse: l’enterrement des rythmes scolaires où parents et enseignants ont préféré, égoïstement, leurs week-ends à la fatigue de leurs enfants, la gestion catastrophique de parcours sup, ces grèves qui ont compliqué la préparation et le passage des examens, les APL...Alors, si rien n’est fait pour faciliter le droit à l’autonomie des jeunes adultes, il est illusoire de leur demander d’être solidaires de leurs aînés.

De même si les familles -toutes les familles sans discrimination- ne voient pas leurs droits et devoirs revisités, comment pourraient elles faire face aux besoins de chaque génération? La famille de 1945 sur laquelle repose notre protection sociale a volé en éclats depuis longtemps.
Les relations financières individuelles entre les 5 générations sont très importantes, à la fois montantes et de plus en plus descendantes. Il faut donc repenser ce pacte de solidarités de manière globale en liant éducation- formation-travail-emploi-retraite active-le prendre soin.

Plutôt qu’une énième réforme spécifique des retraites, instaurons sur le temps long ( les finances le permettent) une batterie de réformes (certaines sont en cours) qui permettront de refonder le pacte de confiance basé sur les solidarités entre toutes les générations.

11:02 Publié dans Retraite | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : retraite 2019