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27/01/2019

Est-ce possible de transformer les colères en solutions? Commençons par être clair, notre critique, voire plus, sur la révolte des gilets jaunes, ne nous empêche pas, bien au contraire, de demander l’arrêt immédiat et ce pour toutes les manifestations

Commençons par être clair, notre critique, voire plus, sur la révolte des gilets jaunes, ne nous empêche pas, bien au contraire, de demander l’arrêt immédiat et ce pour toutes les manifestations sociales des fusils lanceurs de balles utilisés par les forces de l’ordre.

Toute ma vie de syndicaliste a été de négocier des revendications formulées souvent dans la colère par des salariés revêtus de leurs gilets rouges, oranges ou bleues, couleurs des syndicats. La négociation est le seul moyen de déminer les raisons d’une colère. Pour négocier, j’étais mandaté par les salariés en colère, j’étais leur porte parole, et j’avais en face de moi un interlocuteur patronal capable de me dire oui ou non à ce que je lui demandais. Avec les gilets jaunes, nous avons la colère, les gilets et même les braseros mais personne pour oser négocier. Les colères non traduites en revendications sont contradictoires, non hiérarchisées, souvent formulées en dictats et s’adressent à une multitude de décideurs non identifiés, si ce n’est le seul Président MACRON. Voilà ce que c’est de ne pas apprendre l’art de la négociation et ce dès le plus jeune âge.

Et que l’on ne dise pas que la négociation sans violence ne rapporte que des clopinettes. En 2003, la CFDT obtient non seulement le maintien des régimes par répartition, mais aussi le départ anticipé, pour carrière longue, dont bénéficieront plus d’un million de salariés. Obtenu par la négociation et non par la violence, ce plus grand acquis des années 2000 n’a pas été considéré comme une victoire mais une trahison de la CFDT. Comme dit Gaby BONNAND ( voir son blog) à propos de nombreux commentaires: « une tolérance à la violence révélatrice d’une impensée de la transformation sociale et démocratique «


Il me semble que le piège du grand débat est de laisser croire que sans négociation, il est possible de transformer les colères en décisions. Pire, c’est renforcer encore plus le bon vouloir de la puissance étatique sans négociation car la concertation n’engage jamais les personnes concertées mais uniquement celui qui l’a initiée.

Avant de vous proposer de prochaines chroniques sur les principales doléances,voici deux citations inspirantes du moment. Victor Hugo: « Souvent la foule trahit le peuple », Antonio Gramsci: « la crise est le moment où l’ancien ordre du monde s’estompe et où le nouveau doit s’imposer en dépit de toutes les résistances et de toutes les contradictions. Cette phase de transition est justement marquée par de nombreuses erreurs et de nombreux tourments ».

09:57 Publié dans Actualités | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : grand débat