140247

20/05/2015

Ethique et responsabilité du numérique

J’ai eu l’occasion de dire au Conseil Régional que la partie éthique du schéma des usages du numérique me semblait très insuffisante. En effet, les nouveaux usages du numérique soulèvent de nombreuses interrogations pour l’exercice de nos responsabilités.

Les potentialités ouvertes par ces technologies sont si « fulgurantes » qu’elles engendrent des sentiments contradictoires. C’est d’abord une fascination mêlée de curiosité pour cet immense champ des possibles qui s’offre à nous et en même temps une crainte devant les conséquences négatives voire dangereuses de certains usages. Ce qui interroge l’éthique de responsabilité.

Le numérique repose sur la liberté de chacun de créer, d’échanger, d’inventer de nouvelles applications, de nouveaux services. Cette liberté consubstantielle à ces technologies, vit par elle-même et sur ce plan, les élus et les pouvoirs publics ne peuvent être, au mieux, que des accompagnateurs vigilants. Cette liberté exige alors une plus grande responsabilisation des individus tant les applications et services qui apparaissent nous deviennent rapidement indispensables mais sont aussi pourvoyeurs de profondes modifications sur la chaine des responsables. Les parents en savent déjà quelque chose et beaucoup se déclarent impuissants à réguler les usages du numérique par leurs enfants. Les entreprises sont confrontées au droit à la déconnexion, des démocrates s’interrogent sur les atteintes aux libertés ou sur les abus d’un consumérisme addictif.

Voici 2 exemples qui, comme on dit, interpellent.

Dans le monde du travail, prenons un homo digitalus hyper connecté dont le smartphone est un prolongement naturel de la main et de son ordinateur de bureau. Il pratique grâce à ces technologies un travail dit agile qui se déroule en dehors du lieu et horaires du bureau. Imaginons sans trop caricaturer, un accident dans un supermarché de cette personne en train de faire ses courses et répondant à un mail professionnel, sera-t-il reconnu, demain comme un accident du travail ?

Autre exemple, les véhicules intelligents et autonomes qui sont aujourd’hui déjà exposés dans des salons posent les mêmes questions. Qui sera responsable d’un accident impliquant une voiture autonome : le conducteur ou le constructeur ? La législation actuelle indique que le conducteur doit en toute circonstance rester maitre de son véhicule. Ce serait donc le conducteur qui engagerait sa responsabilité tout en déléguant la conduite à un ordinateur embarqué.

Je suis persuadé que l’avenir sera numérique, ce bel avenir ne peut se faire qu’en respectant nos valeurs.


article paru dans Auitrement Dit

21:13 Publié dans A lire | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : numérique