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01/02/2020

André DOUCHY est décédé.


André,

Il est de grands Hommes qui font tout ce qu’il faut pour être petit. Tu es un très grand et il faut cet instant pour te le dire -maintenant- sans risque de froisser ta modestie.

Je vais parler de ce temps que vous les petits-enfants et vous les arrière-petits-enfants n’ont pas connu.

André sans son vélo ce serait André sans Georgette, oui André syndicaliste portait la bonne nouvelle syndicale dans tous les corons avec son vélo sous le soleil comme sous la neige - ça lui prenait des heures - et pourtant sa vie de militant est indissociable d’André le père de famille et de mari aimant. Si dans une vie tout est lié, André est un modèle du genre.

1968, (hier matin), je vois André, calme et serein, envahir mon lieu de travail pour faire arrêter le travail. Parmi tous les excités, un seul, la voix posée, nous explique pourquoi dans le pays les salariés sont en grève. 6 mois plus tard il me demandera d’être candidat CFDT. Nous sommes des dizaines à l’avoir suivi. Tu as été un semeur d’Hommes comme dit Maxence Vandermerch .

Quels beaux et grands moments, Georgette, quand à l’improviste, mais toujours si urgent sur le moment, je toquais comme d’autres à la porte de votre belle maison pour déverser un monceau de problèmes que tranquillement André nous aidait à décortiquer, toi avec ton sourire et cette façon de dire « à mon pauvre... », tu nous accompagnais toujours chaleureuse.

Du dépôt de St Vast où tu travaillais, toi le technicien si proche des ouvriers comme mon père forgeron, tu as su développer après 1963 le syndicat des mineurs CFDT. Le dimanche matin, car nous travaillions le samedi, tu me donnais rendez vous chez toi, nous faisions le tour des copains et nous partions en réunion à LENS pour rentrer vers 14h bien fatigués.

Et puis, trop vite pour toi, le petit qui pensais-tu allait te remplacer est parti pour devenir Secrétaire National et inlassablement tu continuas ton travail de l’ombre, celui du militant de terrain qui tenait, coûte que coûte, les permanences rue Delvaux à Valenciennes.

Être à la CFDT, soutenir réforme après réforme, des valeurs, de solidarité, de dialogue et surtout pour toi de respect, d’attention aux plus pauvres, et d’accompagnement de proximité dans les moments de souffrances, jamais ce ne fut facile. Ce syndicat nous demande toujours d’être plus courageux, d’affronter l’adversité sans jamais être démagogue. Ce syndicat qui n’attaque jamais les personnes. Si la CFDT est devenu le premier syndicat français c’est grâce à des militants comme toi. Tu personnifies le syndicalisme que l’on aime et qui est toute notre vie.

Mon Camarade, merci pour tout, merci pour nous tous qui avons profité de tes conseils et surtout de ton amitié . Dans le sillon que tu as creusé nous étions la nuée de mouettes, maintenant à nous de poursuivre et tenir sans relâche la charrue, pour le bien de tous et d’abord des plus pauvres.

14:38 Publié dans A lire | Lien permanent | Commentaires (0)