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27/06/2015

Grande région : arrêtons les postures convenues et parlons nous

Mais pourquoi donc le gouvernement a-t-il demandé aux Ceser et Conseils Régionaux de Picardie et du Nord Pas de Calais de se prononcer sur le chef-lieu provisoire (oui provisoire !) de la grande région ? Tout le monde sait qu’au final le pouvoir central décidera que c’est LILLE. Ce qui devait arriver est arrivé, le Nord Pas de Calais propose LILLE, la Picardie propose AMIENS. Et chacun de marteler ses arguments jusque cette page dans le journal Le Monde pour AMIENS. Après ça comment recoller les morceaux ? On aurait pu rêver mieux comme fête de fiançailles ! La seule vraie question est de se mettre d’accord sur les conditions de réussite de la fusion.

Beaucoup de vexations inutiles ont été proférées depuis quelques mois, il faut se préparer à écouter de manière bienveillante les demandes, à priori, justifiées des uns et des autres. Je pense que c’est à nous Lillois de faire le premier pas, d’organiser des tours de table et rechercher des consensus. On a l’impression qu’aujourd’hui chacun campe sur ses positions et ça va se transformer en guerre de positions. L’heure est à la négociation.

Car que ce soit AMIENS ou LILLE, le problème n’est pas réglé pour autant. La question centrale est quelle sera l’organisation des centres de décision administratifs de la future Région. Le bureau du futur préfet est une chose mais quid des autres lieux des grandes directions régionales que sont l’ARS, le rectorat, la DIRECCTE, DREAL… La décentralisation ce n’est sûrement pas tout concentrer sur le chef-lieu de Région, si c’était cela nous aurions tout faux. La chance que nous avons est de posséder à la fois une Métropole Européenne et un beau réseau de villes moyennes où il est de plus en plus agréable de vivre. Rassembler toutes les fonctions administratives sur LILLE et AMIENS n’a aucun sens. La cour d’appel judiciaire se trouve à DOUAI et elle fêtait en 2014 ses 3OO ans, personne, heureusement, depuis le 2 octobre 1714 n’a réussi à la rapatrier sur LILLE ou AMIENS. Il y a donc à réfléchir et à trancher sur une nouvelle territorialisation de l’administration régionale où chacun serait reconnu et la qualité du service garantie.

C’est aussi à la MEL de prendre des initiatives pour aller écouter les territoires et voir comment la métropole européenne sera d’abord une métropole régionale. Il faut être sourd pour ne pas entendre ceux qui parlent de métro spoliation. LILLE n’aura pas raison contre Amiens et les autres pôles métropolitains. C’est là que la position du CESER devient pertinente quand il demande une conférence des exécutifs.

article paru dans Autrement Dit

19/06/2015

On ne négocie pas la loi !

La République est une et indivisible me dit une amie comme si cela n’allait plus de soi. Dans une formation RH, des participants réagissent quand j’explique que l’on ne négocie pas la loi. Devant de telles réactions, il est urgent de réaffirmer quelques convictions, mais aussi quelques fondamentaux de notre vivre ensemble républicain. Prenons quelques exemples.

Les violences du quartier de La Bourgogne à Tourcoing sont inadmissibles. Bruler un feu rouge est une infraction à la loi et le rôle de la police républicaine est de m’interpeller. Aucune négociation n’est légitime, j’ai fauté, je dois « m’amender ». Dans toutes les écoles de Tourcoing et d’ailleurs le rôle de l’école républicaine est de s’appuyer sur de tels évènements pour en parler en classe. Et même si un écolier affirme « Marine LEPEN, elle est bien car elle, elle a défendu les musulmans pendant les attentats » (collège Lambersart), le professeur de la République doit avoir le courage de ne pas laisser passer et de se « coltiner » la classe qui soutient l’écolier courageux.

Respecter la police, les pompiers, les instits, les élus (oui les élus de la République !) est une obligation qui ne souffre aucun débat. Je suis d’accord avec le maire qui dit ne pas vouloir débattre avec des truands. Petits ou grands, ceux qui truandent ne peuvent être reconnus comme interlocuteurs au risque d’en faire des caïds. La République est bienveillante et nous devons toujours y veiller, mais bienveillance, ce n’est pas comprendre les malveillants.

Négocier les pratiques religieuses en entreprise, est une question qui est posée par de nombreux DRH, là aussi la réponse ne peut être ambiguë. Si les conditions de mise en œuvre de la laïcité méritent discussions, la loi n’est pas négociable. Les convictions religieuses ne doivent pas remettre en cause, par exemple, les conditions de sécurité au travail. J’ai vu une demande de congés pour une activité religieuse ( 2 h pour le catéchisme), elle doit être refusée et reformulée autrement, rien n’interdit de donner un congés mais attention de ne pas tout mélanger. L’expérience montre que les dérives inacceptables arrivent après l’acceptation de demandes mineures.

Les élections régionales aborderont ces questions. Et j’espère que ce ne sera pas en réponse au Front National car ce débat est au cœur de nos vies de quartier ou d’entreprise. C’est parce que nous avons refusé de voir ces réalités, que ceux qui les vivent ont suivi les démagogues. Le respect de l’Autre et de l’Autorité est consubstantiel de la République. C’est notre devoir de l’expliquer.

Article paru dans Autrement Dit

20:09 Publié dans A lire | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : république

20/05/2015

Ethique et responsabilité du numérique

J’ai eu l’occasion de dire au Conseil Régional que la partie éthique du schéma des usages du numérique me semblait très insuffisante. En effet, les nouveaux usages du numérique soulèvent de nombreuses interrogations pour l’exercice de nos responsabilités.

Les potentialités ouvertes par ces technologies sont si « fulgurantes » qu’elles engendrent des sentiments contradictoires. C’est d’abord une fascination mêlée de curiosité pour cet immense champ des possibles qui s’offre à nous et en même temps une crainte devant les conséquences négatives voire dangereuses de certains usages. Ce qui interroge l’éthique de responsabilité.

Le numérique repose sur la liberté de chacun de créer, d’échanger, d’inventer de nouvelles applications, de nouveaux services. Cette liberté consubstantielle à ces technologies, vit par elle-même et sur ce plan, les élus et les pouvoirs publics ne peuvent être, au mieux, que des accompagnateurs vigilants. Cette liberté exige alors une plus grande responsabilisation des individus tant les applications et services qui apparaissent nous deviennent rapidement indispensables mais sont aussi pourvoyeurs de profondes modifications sur la chaine des responsables. Les parents en savent déjà quelque chose et beaucoup se déclarent impuissants à réguler les usages du numérique par leurs enfants. Les entreprises sont confrontées au droit à la déconnexion, des démocrates s’interrogent sur les atteintes aux libertés ou sur les abus d’un consumérisme addictif.

Voici 2 exemples qui, comme on dit, interpellent.

Dans le monde du travail, prenons un homo digitalus hyper connecté dont le smartphone est un prolongement naturel de la main et de son ordinateur de bureau. Il pratique grâce à ces technologies un travail dit agile qui se déroule en dehors du lieu et horaires du bureau. Imaginons sans trop caricaturer, un accident dans un supermarché de cette personne en train de faire ses courses et répondant à un mail professionnel, sera-t-il reconnu, demain comme un accident du travail ?

Autre exemple, les véhicules intelligents et autonomes qui sont aujourd’hui déjà exposés dans des salons posent les mêmes questions. Qui sera responsable d’un accident impliquant une voiture autonome : le conducteur ou le constructeur ? La législation actuelle indique que le conducteur doit en toute circonstance rester maitre de son véhicule. Ce serait donc le conducteur qui engagerait sa responsabilité tout en déléguant la conduite à un ordinateur embarqué.

Je suis persuadé que l’avenir sera numérique, ce bel avenir ne peut se faire qu’en respectant nos valeurs.


article paru dans Auitrement Dit

21:13 Publié dans A lire | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : numérique