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04/10/2014

Dans cette guerre, savoir raison gardée

Si je ne suis pas le plus légitime à écrire sur l'islam, son histoire, la communauté musulmane, non seulement nous avons tous, comme citoyen, légitimité à exprimer nos opinions, dans la situation actuelle, c'est un devoir.

Face au chagrin de la famille et de tous les amis de Monsieur GOURDEL, personne ne trouvera les mots adéquats pour les aider à surmonter leur peine qu'ils sachent combien nous sommes auprès d'eux par la pensée, par notre affection, notre solidarité. Je sais la force des réseaux sociaux, ce blog participe aux manifestations de recueillement en la mémoire de notre compatriote.

Raisonner avant de réagir ou de sur réagir. Refuser le œil pour œil, dent pour dent, écrit dans les textes sacrés, l'histoire nous a démontré son inopérante efficacité.

Comme Bernard GUETTA, martelons ce que sont les objectifs des leaders jdihadistes, ce qu'ils recherchent est l'affrontement entre les 2 mondes qu'ils se sont construits dans leur délire, les mécréants et les islamistes purs et durs. Ce qu'ils veulent, c'est la guerre civile dans tous les pays du monde, croyant dur comme fer qu'ils vaincront. Expliquer déjà cela me semble utile.
Ce sont des barbares sanguinaires, mais ils savent ce qu'ils font. Ils savent que certains, comme le FN, vont faire des amalgames avec les étrangers, c'est tout ce qu'ils souhaitent, que nos divisions dégénèrent. Ne leur donnons pas raison.

J'appelle les médias à la plus grande responsabilité, je me suis révolté quand mon quotidien régional à diffuser l'image d'un prisonnier à genoux (ce n'était pas M GOURDEL), le visage déformé par la peur, devant la lame de son bourreau. Attention, au nom d'une démocratie voyeuse et émotionnelle,de ne pas gagner de l'argent facile, expliquer ses petites faiblesses soi disant tolérables, et faire le jeu involontaire de ceux qui sont tout simplement nos ennemis.

Enfin, la communauté musulmane fait entendre son indignation, sa totale appartenance à la patrie, il le fallait. Affirmer une certaine modernité, c'est condamner les exactions faites aux femmes et aux fillettes par les jdihadistes. En ce moment toute ambiguïté serait ravageuse. Je m'interroge cependant, n'est il pas trop tard. Pourquoi les imams n'ont pas réagi aussi vite et fort après les assassinats des citoyens américain et britannique? Je ne suis pas naïf au point de ne pas voir les institutions musulmanes financées par le Maroc, l'Algérie.. contestées par ceux qui disent ne pas avoir à s'excuser pour d'autres et font l'amalgame avec les guerres coloniales ou simplement Gaza. La clarification est elle vraiment commencée, nous le verrons quand l'émotion sera passée.

02:57 Publié dans A lire | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : guerre

22/09/2014

Y a-t-il encore raisons à espérer? Bien sûr que oui!

Dans cette rentrée morose, y a-t-il des raisons d’espérer, me demande le rédacteur en chef et je réponds sans hésitation, qu'il y a mille raisons pour ne pas baisser les bras, ne pas sombrer dans le désespoir, de voir le positif même quand le négatif nous aveugle. A contrario, désespérer, c’est renoncer et ne pas être très responsable envers les générations futures.

Remettons nos idées au clair. Oui, je suis indigné de voir tout ce qui se passe. La situation du chômage, de la pauvreté est inacceptable. La décapitation d’un journaliste par des fanatiques, la détresse des femmes ukrainiennes face aux horreurs de la guerre sont insupportables. J'ai envie de vomir quand j'entends la nouvelle ministre de l'éducation attaquée sur ses origines marocaines ou sa coupe de cheveux, quand on veut me faire croire, comme un gros béta, qu'une mosquée va s'implanter au premier étage de la Tour Eiffel. Tout cela est révoltant, mais c'est quand même facile, avec un peu de bon sens, de démonter ces bobards et de ne pas participer à la propagation de toutes ces rumeurs qui tentent de remuer ce que nous avons de plus laid en nous.

Ma première raison d'espérer est liée à mes convictions humanistes, mon espoir en l’Homme, en l'intelligence humaine. La capacité de raisonner est donnée à tout le monde, je fais donc confiance aux Personnes que nous sommes pour ne pas tomber dans les pièges qui nous sont tendus. J'entends de grandes voix religieuses, syndicales, associatives et même politiques nous appeler à cet effort, cela ne dépend que de nous.

Ma deuxième raison d'espérer est la nouvelle politique économique dite de l'offre. Il y aurait de quoi être pessimiste si notre gouvernement n'avait pas changé de cap, s’était entêté dans l’échec. La politique de l'offre vise à faire baisser le coût du travail, à mettre quelques dizaines de milliards dans les facteurs de production que sont les investissements, les formations qualifiantes et la recherche développement. Relancer la production passe par cet effort que, paresseusement, nous avions jusqu’alors refusé. Le pacte de responsabilité, le CICE, vont dans ce sens. Par ailleurs, je ne comprends pas cette propension à donner plus d'importance à un livre de ragots qu'à un plan de 40 milliards d'euros. Moi je n’ai pas d’argent, ni le temps pour lire le livre, mais j'ai lu le plan, question d'efficacité et de responsabilité!

Ma troisième raison d'espérer est de voir augmenter le RSA de 2%. Quand on nous parle d'austérité, il existe bien un volet solidarité au pacte de responsabilité et même si c'est difficile de vivre avec 509 euros pour une personne seule ou 764euros pour un couple qui ne travaille pas, je me refuse à dire que l'on ne fait rien pour les pauvres. Il faut aller à Londres, Berlin, Lisbonne, pour se rendre compte de ce qu’est l’austérité. Tant que ces actes de solidarité existeront, je ne cracherai pas dans la soupe, je ne baisserai pas les bras.

Ma quatrième raison d'espérer est dans les dernières décisions du sommet international de Newport. Les guerres en Ukraine, Irak, Syrie, portent en elles de graves menaces pour notre propre sécurité. Les réponses sont tout sauf simples. Devons nous vendre les deux bateaux de guerre à la Russie et perdre ainsi la confiance en la parole internationale de la France? Je remarque que notre pays n'a pas fui ses responsabilités et renié ses idéaux en retardant la remise du premier mistral tout en s'engageant dans les négociations diplomatiques pour un cessez le feu bien sûr fragile. Dis autrement, nous voyons bien que les hommes et femmes de bonne volonté, y compris à la tête des Etats, ne baissent pas les bras, qu'il est toujours possible d'allier écoute et fermeté, force et négociation.

Alors bien sûr qu'il ne faut pas être naïf. J’ai ici décidé de voir le verre à moitié plein. La (les) situations est grave, tous les clignotants sont au rouge, les loups hurlent partout, les faucons distillent leur agressivité, mais il faut toujours raison gardée. Être raisonnable c'est regarder le verre à moitié vide et ne pas se laisser aller à en rajouter car nous n'avons rien à gagner, à dire, qu'il est vide et ainsi à mentir.

Oui je crois aux femmes et aux hommes raisonnables, capable de raisonner et de faire entendre raison. J'y crois d'autant plus, Monsieur le rédacteur en chef, que votre journal en est la preuve à chaque numéro. Nous pouvons exprimer nos désaccords sans être obligés de noircir la réalité et de nous claquer la tête contre le mur.

03:35 Publié dans A lire | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : l'espoir

11/09/2014

Jean Paul JACQUIER nous a fait la nique, une dernière fois

Quand d'autres syndicalistes cherchaient de fausses bonnes raisons à la crise du syndicalisme des années 80, Jean Paul JACQUIER, secrétaire national de la CFDT, décide d'expérimenter de nouvelles méthodes, de nouveaux outils pour retrouver une meilleure efficacité au service des salariés. Il est bien seul, à l'époque.

Son parti pris est de prendre le contre pieds radical des syndicalistes dits purs et durs, sûrs d'eux,incapables de remettre en cause leurs fondamentaux. Dans son livre, un peu délirant, "les cowboys ne meurent jamais", il propose un new deal syndical aussi décapant sur la forme que sur le fond.

J'ai adhéré rapidement au style JACQUIER, provocateur, irrévérencieux, décalé.. mais surtout basé sur l'expérimentation. Ainsi, l'autre jour avec Françoise BOUREL, nous nous rappelions l'épopée du premier Forum des Comités d'Entreprise. Jean Paul, considérant la bonne image des CE ( par ailleurs très décriés par ceux qui refusaient l'institutionnalisation du syndicalisme), décida de valoriser les actions innovantes menées par les élus, y compris les non syndiqués qui étaient majoritaires. Françoise était chargée de l'accueil, "le plus convivial possible" avait exigé JP, mais voilà qu'à l'heure dite, les visiteurs étaient rares et c'est la peur au ventre que nous regardions les stats d'entrée... Le premier Forum fut un succès.
Autre "innovation" de Jean Paul, l'analyse informatisée des accords négociés en entreprise. Cela paraît normal aujourd'hui, mais ce fut à l'époque une vraie révolution syndicale. Il n'était pas habituel de valoriser les acquis syndicaux, modestie oblige, le syndicaliste ne devait pas se mettre en avant, un bon syndicaliste devait se faire mal, Jean Paul raillait cette vision masochiste du militantisme. Il avait le syndicalisme joyeux, flamboyant.

Dans un papier hebdomadaire dans le journal officiel de la CFDT, intitulé "pingpong", JP clouait au pilori le gouvernement de Mitterrand, histoire d'enfoncer le clou sur l'indépendance syndical, ou sur les doubles discours patronaux ou syndicaux.

Même à la retraite, Jean Paul réalisa ce que la CFDT n'avait jamais pu ou voulu mettre en place, le site "les clés du social" véritable banque de données sur le social français mais aussi européen. Convaincu avant l'heure de l'efficacité des réseaux sociaux, Jean Paul réalisa ainsi la synthèse de l'œuvre de toute une vie.

Jean Paul JACQUIER est décédé au début de cet été, incapable d'écrire ce texte plus tôt, je garderai toujours le souvenir chaleureux de Jean Paul qui d'après sa femme me considérait comme son fils putatif, je suis fier d'avoir été l'ami de ce monument syndical.

02:21 Publié dans A lire | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : jp jacquier