23/12/2016
F FILLON doit préciser ses positions sur le dialogue social
Avec des DRH et des étudiants en relations sociales, nous avons lu le programme de François FILLON pour les primaires de droite, notre conclusion est qu’il y a encore un gros travail à faire pour qu’il réponde aux enjeux du moment.
Le chapitre sur le dialogue social commence par un sondage estomaquant: « il n’est plus possible de laisser la CGT bloquer toute réforme. Rénovons les règles du dialogue social. Je suis plutôt d’accord, pas d’accord… ». Si c’est le comportement de la CGT qui conditionne l’évolution des règles du dialogue social, ça promet. Quid des comportements CFDT, CGC, CFTC, aujourd’hui, majoritaires chez les salariés. Aucune ligne sur le travail avec les syndicats réformistes, ça interpelle.
Ensuite, il est très difficile de se positionner car les propositions ne sont, hélas, que des slogans.
« Réduire le code du travail de 3400 pages à 200 pages ». Revisiter le code du travail est une évidence. Mais si l’on veut l’adapter aux conditions contemporaines du travail, il va falloir y intégrer de nouvelles rubriques : l’exercice du numérique, le télétravail, les espaces de co-working, l’auto-entreprenariat et toutes les nouvelles formes de salariat déguisé, etc... S’il faut bien sur retirer du code tout ce qui est obsolète ou ne marche pas, qui peut croire que les nouveaux textes seront plus courts. On ne répond pas à la complexité du travail, à l’individualisation des demandes sociales par la simplification. Les simplificateurs sont toujours dangereux.
« La retraite à 65 ans comme partout en Europe », encore faudrait-il que l’âge légal corresponde à l’âge réel, or c’est l’âge réel de départ en retraite qui compte. L’ancien ministre sait pourtant que c’est la durée de cotisation qui est le seul paramètre juste et non l’age. Le programme parle des progrès de l’espérance de vie, mais quid alors des 7 ans qui séparent la mort d’un ouvrier de celle d’un cadre ? Mettre la retraite à 65 ans pour tous, c’est accepter que les ouvriers perdent 7 ans de retraite sur les cadres.
« Les règles du dialogue social datent de 1945 ». Quid alors des lois FILLON, LARCHER, REBSAMEN, El KOMRI ??. Encore un passage sur lequel il est difficile de se positionner, nous sommes d’accord pour dire que 1945, c’est la préhistoire du dialogue social mais aujourd’hui avec les accords majoritaires, les obligations de négocier, quand des pans entiers des réalités du travail sont absents de tout dialogue… que faisons-nous ?
Mon avis personnel est que, soit F FILLON a beaucoup changé, ce que je ne crois pas, soit enfin ce n’était que le programme des primaires et alors le meilleur est à venir.
11:15 Publié dans dialogue social | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : fillon
27/11/2016
Le concept de rupture : archaïque, belliqueux, malveillant, quand celui de réforme…
La rupture excite beaucoup de monde en ce moment, tout au moins en politique. C’est à celui qui serait le plus apte à engager des ruptures que nous devrions accorder nos voix.
Si les mots veulent encore dire quelque chose, la rupture est « une séparation brutale ». On parle de rupture de contrat, d’anévrisme ou tout simplement de rupture amoureuse, autant dire que la rupture ne fait pas rêver. Alors pourquoi nos candidats présidents ont-ils tous ce mot à la bouche.
Est-ce mollasson de préférer mutation, évolution, transformation, transition ?
J’ai toujours préférer le lien à la rupture, la réconciliation à la rupture, c’est même un idéal militant. J’ai eu la chance d’avoir des maitres capable de m’expliquer que la réforme est plus révolutionnaire que la révolution (cf. Nicole NOTAT). Les jeunes socio-démocrates allemands et suédois ont passé des soirées à me convaincre des vertus de la négociation. Le dissident polonais, Jacek KURON, expliquait « j’ai arrêté d’etre révolutionnaire, le jour où j’ai appris que si je gagnais je devrais vivre avec mon adversaire ». Comment ne pas voir qu’il est très difficile de coexister après une rupture ?
Comment ne pas voir que ce concept de rupture conduit à des casses que nous (ou nos enfants) serons obligés de recoller plus tard avec patience et beaucoup de persévérance.
Proposer la rupture n’est-ce pas un signe d’impuissance à changer autrement qu’en démolissant ce qu’ont fait les prédécesseurs ?
Ne serait-ce pas plus facile de refonder la politique en proposant le changement (même radical) par la négociation ?
Les partisans des ruptures ne croient plus aux corps intermédiaires capable de réguler leurs conflits d’intéret. Ils ne croient qu’à la politique au point de légiférer avec le 49-3 !
Maintenant, je comprends l’impatience, l’urgence, la nécessité de se démarquer entre candidats. Mais les réformistes ne doivent pas se taire, surtout quand les temps ne sont pas favorables.
Et puis, qui peut nous expliquer que sur les retraites, le cout du travail, la durée du travail, comment il est possible de rompre brutalement avec les réformes déjà engagées.
Aller plus vite, faire autrement, oui. Mais en laissant une place, une toute petite place, au dialogue.
09:49 Publié dans A lire | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : réforme
15/11/2016
Ce pouvoir d’achat que l’on ne sait plus négocier.
Pour la troisième année, les retraites ne seront pas augmentées. L’absence d’inflation en est la cause. Indexées sur les prix, quand les prix n’augmentent pas les retraites n’augmentent pas. Les retraités ont la garantie du maintien du pouvoir d’achat ... le problème c’est que ceux-ci n’en sont pas convaincus.
Les salaires évoluent, eux, bon an mal an, de 1%. Les taux de productivité sont évidemment bien supérieurs. La France est connue pour avoir l’un des meilleurs taux de productivité au monde.
Certains contestent la pertinence de l’indice des prix, j’en fait partie. Pourquoi utiliser le seul indice de référence avec ou sans tabac, quand il n’y a rien de commun entre la consommation d’un salarié payé au smic et celui d’un cadre de direction. Entre ce que consomme mon petit fils et moi retraité. Nous sommes décidemment des frustres. Il existe pourtant de nombreux indices de consommation, par âge, par niveau de revenu, par région, tous calculés avec précision par l’INSEE. Pourquoi DRH, syndicalistes, ministres, ne les utilisent pas ? À une époque où les théories de la complexité font fureur, les augmentations de nos salaires et de nos retraites sont négociées avec un outil préhistorique.
Par ailleurs, le concept de « rémunération globale » existe depuis des décennies. On le sait, après les augmentations générales (peanuts) et les augmentations individuelles, il n’y a plus rien à négocier. Pourtant l’entreprise et le salarié financent le logement, la santé, le transport… autant de postes importants des indices des prix sur lesquels existent des marges de négociation.
Prenons le poste « télécommunication », bien utile pour le travail, il représente 2370€ par an, soit 6% du budget moyen, 70% de ces dépenses sont des abonnements et redevances. Je connais une entreprise qui a négocié avec son opérateur un contrat groupé, les syndicats ont signé l’accord.
Il existe aussi la prime transport payée par le Conseil Régional que les entreprises refusent d’abonder.
Et que penser de ces situations scandaleuses comme celle des salariés d’Euralille qui, travaillant en seconde partie de nuit, sont obligés d’utiliser leur véhicule personnel, je tiens à la disposition de Martine AUBRY et Gérald DARMANIN, leurs contraventions à répétition car évidemment si leurs employeurs offrent un ticket parking aux clients ils le refusent pour leurs salariés !!
Aussi j’applaudis quand Xavier BERTRAND dit « il y a un réel problème de pouvoir d’achat ». On peut rajouter « et un terreau fécond pour LEPEN ».
04:35 Publié dans Actualités | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : pouvoir d'achat