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22/11/2018

Ce que nous savons des premiers arbitrages sur la réforme des retraites.

Nous en savons un peu plus sur les grands principes qui seront à la base du futur système de retraite. Si les promesses du candidat Macron, sont à ce stade respectées, les premiers arbitrages montrent combien le sujet est sensible et ambitieux. Pour l’instant, nous avons assisté à une opération de déminage, certes nécessaire, mais les mesures techniques à venir nécessiteront encore plus d’explications, le « doigté » et l’expérience de M DELEVOYE ne suffiront pas. Voici ces grands principes affichés par le Haut Commissaire.

Construire un système de retraite par répartition, commun à tous les Français, il
remplacera les 42 régimes de retraite existants.

Créer un système par points où 1€ cotisé donnera les mêmes droits pour chaque Français. Les salariés du privé et les fonctionnaires cotiseront au même niveau (28% comme aujourd’hui), ils auront les mêmes droits. Les primes des fonctionnaires seront prises en compte.
Les indépendants auront un régime adapté où, à cotisation égale, ils auront le même nombre de points.

Bâtir un système de retraite fondé sur une solidarité renforcée. Des points seront accordés dès le premier enfant. La prise en compte des interruptions d’activité pour chômage, maladie... sera maintenue, comme les pensions de réversion et le minimum de pension.

Les questions financières nécessiteront des arbitrages difficiles. Si le nouveau système respectera les grands équilibres financiers actuels, il devra assurer sa solidité, sa stabilité et sa viabilité sur le long terme.
L’âge légal restera fixé à 62 ans. Les métiers pénibles, les carrières longues, le handicap seront examinés dans le cadre de la concertation.

La période transitoire entre l’ancien et le nouveau système sera très progressive, les salariés qui seront à moins de 5 ans de l’âge de départ ne seront pas concernés.
Rappelons que les assurés déjà en retraite ne seront pas affectés par la réforme. Pour les actifs, les droits acquis en trimestres ou en points avant l’entrée en vigueur du nouveau système seront conservés à 100%.

Les mots de cette chroniques sont, mot pour mot, ceux du Haut Commissariat à la réforme des retraites. Ils sont à même de calmer les peurs et les angoisses que cette réforme systémique peut engendrer.

07:00 Publié dans Retraite | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : retraite 2018

20/11/2018

Avec la retraite à la carte, créons une banque des temps.

Au moment où certains dirigeants donnent une image exécrable du syndicalisme, le syndicalisme de propositions travaille et préconise des solutions très pertinentes.

En dépouillant les 120 000 réponses à son enquête « parlons retraites », la CFDT a repéré que 70% des répondants préféraient avoir plus de temps libre tout au long de la vie, plutôt que beaucoup de temps libre à la fin de la vie. « La banque des temps » sera donc portée comme une revendication syndicale ces prochains mois.

Le point étape gouvernemental de la semaine dernière démontre la pertinence du dialogue social sur un sujet aussi anxiogène que la réforme des retraites. Quand, en plus, Monsieur DELEVOYE et son équipe du Haut Commissariat à la réforme des retraites, ont su gagné la confiance de leurs interlocuteurs, nous pouvons attendre beaucoup des concertations en cours. Cela nous changerait de la verticalité, prônée comme gage d’efficacité, ces derniers mois.

Oui, une réforme en profondeur de notre système peut permettre une transformation sociétale au delà de la retraite. Voici quelques-unes de ces transformations qui devraient s’échelonner tout au long de la vie.

Les jeunes: la transition études-emploi, plus tardive, est devenue multiforme ( apprentissage, alternance, stages, service civique, expériences à l’étranger, engagement humanitaire...), cette richesse de parcours, malheureusement souvent précaire, un système par points pourrait les prendre en compte.

L’adulte au travail souhaite, de plus en plus, faire des pauses tant la pression au travail est forte. La qualité de vie au travail devrait être abordée pour éviter d’arriver en retraite trop fatigué voire usé. Mieux articuler vie privée et vie professionnelle, par exemple pour les aidants familiaux, ou des congés sabbatiques pris sur le temps de la retraite répondraient au souhait de beaucoup.

La transition travail-retraite avec l’instauration d’une vraie retraite à la carte permettrait des transitions plus douces, favorisant les transferts de compétences et d’expériences.

Enfin, quand le temps moyen passé à la retraite est de 26 ans et 6 mois (mais si et c’est une moyenne), il s’agit d’une nouvelle et longue partie d’activités qu’il faut préparer minutieusement. Structurer un vrai projet de retraite nécessite un peu de réflexion, des conseils. La réforme des retraites devrait créer ce droit à l’anticipation du temps de retraite.

18:50 Publié dans Retraite | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : retraite 2018

26/10/2018

Le constat est partagé et c’est déjà bien


Ça commençait mal... La décision gouvernementale de désindexer la revalorisation des retraites sur les prix, conduit à une perte annuelle de pouvoir d’achat pour un retraité percevant une pension moyenne de 1376 euros, de 248 euros et de 305 euros avec l’instauration de la CSG, ce qui fera quand même une perte de 553 euros! De quoi plomber d’entrée le climat social à l’aube de la future réforme des retraites. Une erreur monumentale à gommer au plus vite.

Le 20 septembre se tenait, à ARRAS, une journée « d’expressions citoyennes » sur les retraites. Les 78 participants ont plébiscité un système par répartition qui garantit la solidarité intergénérationnelle mais qui est d’une complexité folle. L’impression que ce système n’a pas été conçu pour l’avenir et cette affirmation : « 42 régimes, c’est trop ! ».

À Paris, pour un bilan d’étape de la concertation engagée avec les partenaires sociaux, le constat présenté par Jean Paul DELEVOYE, le Haut Commissaire à la réforme des retraites, a été partagé très largement, ce constat, lucide et critique, est sans appel.

Notre système de retraite est générateur d’injustices. Composé de 42 régimes, organisés par profession et par statut, chacun ayant ses propres règles, les Français n’ont pas les mêmes droits. Incroyablement complexe, cette situation est aussi inéquitable. Par exemple, la naissance d’un enfant donne des droits fort différents entre régimes, ne privilégiant pas, pour autant, les plus pauvres.

Un système illisible qui ne permet pas d’anticiper. Quand un tiers des assurés cotise déjà à 4 régimes ou plus, à revenu identique, un changement de statut à des effets souvent négatifs sur le montant des pensions.

Un système qui n’est plus en phase avec les réalités du travail. Organisé sur des logiques professionnelles, la superposition des règles différentes pénalisent les mobilités et les transitions professionnelles. Aujourd’hui, un infirmier peut avoir 5 régimes de retraite différents sans changer de métier. Favorisant les carrières linéaires et montantes le système handicape les carrières hachées. Bâti quand une majorité de femmes ne travaillait pas, celles ci sont aujourd’hui désavantagées.

Le système ne garantit pas les droits parce qu’il est instable. Depuis 1993, tous les 5 ans, le système a été réformé par de simples ajustements paramétriques qui ne permettent plus aucune marge de manœuvre. Cette instabilité érode la confiance des Français. 80% pensent que le niveau de leur future pension sera insuffisant pour vivre correctement. 85% estiment qu’il ne devrait y avoir qu’un seul régime de retraite. Les jeunes pensent qu’ils ne percevront pas ou peu de retraite.

C’est cette situation qui conduit une majorité d’acteurs à, enfin, considérer que l’heure est venue de « bâtir un système commun à tous les Français, compréhensible par tous, fondé sur une solidarité renforcée ». Qui ne serait pas d’accord, à part la CGT?