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15/02/2012

Texte que Nicole Notat a lu lors de l'enterrement de Julien Delaby

Julien a été un grand syndicaliste, une grande figure régionale de la CFDT.

Julien a aussi été un responsable remarqué de la CFDT au niveau national.
Il est élu, en sa qualité de secrétaire régional, en 1976 au bureau national de la confédération. C’est la que je l’ai connu et découvert e de 1982 à 1988, année où s’achèvera son mandat

Je garde de cette période, le souvenir d’un dirigeant attaché à sa région, à son histoire, à sa culture, ouvrière, sans que, jamais, celles-ci ne soient évoquées par Julien, comme un obstacle ou un frein aux nécessaires mutations, au renouvellement des pratiques que la CFDT se devait d’engager. Il était en phase dans ces années 80 avec le slogan « le monde change, changeons notre syndicalisme »

Julien incarnait sa région. Sa personnalité, sa réelle bonhommie, son écoute attentive, sa forte identité ouvrière en faisaient un porte parole écouté et respecté du bureau national et des responsables confédéraux.

Ce n’était pas un homme de grands discours théoriques, il préférait la simplicité des arguments travaillés, ciselés, et convaincants. Mais le ton pouvait être sec !

On parlait de julien, comme pilier du bureau national, un dirigeant qui n’opposait pas les intérêts de sa région, à l’intérêt national de l’organisation.

De là à oublier sa fibre régionale, il y a un pas que Julien était attentif à ne pas franchir. C’est ainsi, qu’il a eu à cœur de faire exister le groupe des régionaux du BN, réuni autour d’un repas, à chaque réunion du BN.

Une manière « conviviale » de prévenir, si nécessaire le risque d’une vision trop nationale ou centralisatrice de la confédération. Julien était aussi malin, affectueusement malin

A la confédération, on savait pouvoir compter sur l'esprit de responsabilité qui animait Julien. et pour gérer la CFDT il a fallu souvent avoir ce sens des responsabilités. c’est encore vrai !
C’est sans doute ce qui a fait qu’un vrai lien de confiance s’établisse entre lui et Edmond Maire en particulier

Quelques grandes étapes de la vie confédérale illustrent ce propos.
En première ligne comme représentant de l’UD 62 au congrès extraordinaire de 1964, il a approuvé l’évolution de la CFTC en CFDT dans un contexte qui, on le sait n’allait pas de soi.

Déjà la marque de Julien se dessine. Un responsable capable d’avancer sans avoir la main qui tremble, en gardant chevillé au corps, la volonté d’entrainer le plus grand nombre, de ne pas casser l’organisation.

La scission a été contenue, mais elle a été réelle, elle l’a, on le sait marqué, mais ne l’a pas paralysé dans son inlassable détermination à rassembler autour d’une ligne claire, à concevoir des passerelles plutôt qu’a ériger des digues.

Il a manifesté ce même comportement en 1979, à un autre moment crucial de la vie de l’organisation, celui du départ de la CFDT de la CMT, la confédération mondiale du travail.

Dans ses mandats nationaux, au BN, au conseil économique et social où il a été président de la commission du cadre de vie de 89 à 99, à la Présidence de l’Asseco sur les questions de la consommation, il l’a présidée de 1983 à 1993,

Julien a illustré sa conviction : il fallait défendre le salarié certes, mais aussi le consommateur et le citoyen dans sa vie quotidienne

Julien a fait preuve, avec constance, d’une fidélité à toute épreuve, d’une attention inconditionnelle à la cause des plus vulnérables face aux aléas ou aux accidents de la vie d’une ouverture d’esprit qui a fait de lui un homme de conviction, d’engagement, de dialogue et d’action

Et Julien n’avait pas le syndicalisme triste, qui n’a pas entendu une histoire de Cafougnette ou été témoin de sa joie de vivre

Fidélité et affection, il m’en a donné directement des preuves en m’envoyant à chaque nouvelle année ses quelques réflexions du moment et des mots d’encouragement. Julien entretenait les liens

Un souvenir de Matthieu, jeune étudiant de Sciences po, travaillant avec Julien au CESR. Il me disait que c’était Julien, un grand monsieur pour lui, qui, par sa conception de l’action syndicale avait rendu la CFDT attractive à ses yeux.

Il me disait encore qu’il ne comptait pas le nombre de fois où il avait alors entendu Julien dire à ses interlocuteurs « ne pas avoir le temps de s’inquiéter de l’avenir, tant il était occupé à le préparer »

Un beau principe d’action qui l’aura animé jusqu’au bout

A Marie Lou, à ses enfants je veux dire la fierté que j’ai eu, comme beaucoup d’autres ici aujourd’hui rassemblés autour de lui, d’avoir rencontré Julien

Merci Julien

08:10 Publié dans Actualités | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : julien delaby

08/02/2012

Julien DELABY est décédé


Julien est décédé, ce lundi matin à LENS, auprès des siens et dans ce bassin minier qu’il chérissait tant.

Julien a été un grand dirigeant syndical de la CFDT.

A 14 ans déjà, militant de la JOC, salarié linotypiste, secrétaire de l’Union Locale CFDT de Lens, de l’Union Départementale du Pas de Calais puis Secrétaire Général de l’Union Régionale et membre très influent du Bureau National, Julien a consacré sa vie à la défense des salariés.

Julien a connu, comme dirigeant syndical, cette avalanche de crises et de restructurations qu’a connu le Nord Pas de Calais, celles de l’acier (Usinor Denain), du textile (Confection Industrielle du PdC), du charbon (catastrophe de Liévin). Il refusa d’accuser ces crises économiques comme seule cause de la crise du syndicalisme à laquelle il s’affronta avec rigueur et ténacité.

C’est dans ces décennies 60/70/80, où les capacités industrielles de la région s’effondraient que Julien eut la responsabilité de rassembler les forces de la CFDT, il le fit avec lucidité et enthousiasme.

Il réorganisa totalement l’organisation du syndicat en supprimant les Unions Départementales et en créant 6 grands territoires, il disait qu’il y avait trop de clochers !

Julien participa à la création du Comité Syndical Inter frontalier comprenant le KENT, fut la cheville ouvrière de nombreux projets de solidarité internationale (Sénégal, Pologne).

Dirigeant influent du Bureau National , il marqua de son empreinte auprès d’Edmond MAIRE, les évolutions vers une CFDT plus pragmatique et attrayante.

Membre imminent du Conseil Economique et Social de la Nation, Julien présida la commission cadre de vie.

Mais c’est au CESR Nord Pas de Calais qu’il se fit remarquer. Il fut l’artisan de l’alternance de la Présidence, en faisant élire un employeur G GUILLAUME, ce qui démontre sa hauteur de vue et son ouverture. C’est au CESR que ses travaux sur l’aménagement du territoire seront les plus féconds et sont toujours d’actualité.

Hier soir avec Jean François Carron, nous nous disions qu’il ne verrait pas la désignation du bassin minier au patrimoine de l’UNESCO, alors qu’il était un militant très actif de ce beau projet.

Pour avoir longtemps milité à ses cotés, je voudrai que l’on se souvienne d’un homme droit, intègre, loyal, très convainquant. Un vrai militant ouvrier, désarmant de simplicité dans sa vareuse de cuir élimé, parcourant par tous les temps le Pas de Calais puis la région. Inconditionnel de la cause des « petits », des plus humbles, il prêtait attention aux militantes et militants proche du terrain. Un bâtisseur, un « creuseux d’sillons » comme son père lui aussi grand leader syndical des mines qui signait ses éditos « ch’meneux d’bidets »

Julien s’est battu pendant plus de 10 ans contre cette myopathie tardive qui petit à petit le diminuait, il fut pour nous tous, ses amis, un exemple de courage et un modèle qui nous façonna au-delà de nos propres capacités.



Comme il nous parlait toujours de syndicalisme joie de vivre, souvenons-nous de ses histoires de Cafougnette et continuons à creuser le sillon.

18:03 Publié dans Actualités | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : julien delaby

30/01/2012

Seafrance



Porter une étiquette syndicale n’est pas un bouclier qui permet de faire n’importe quoi et qui met à l’abri de poursuites pénales. Obtenir des garanties sociales, représenter les salariés ne justifie pas le dévoiement et la prévarication. Voler son entreprise, voler le patron, c’est toujours voler. L’objectif d’une organisation n’autorise pas l’usage de n’importe quels moyens d’action. Il n’y a ici ni alibi possible, ni excuse permise.

L’indignation devant ces faits ne doit pas faire croire que le syndicalisme serait un îlot protégé des tentations et des pratiques délictueuses au nom de sa mission. Comme toute collectivité humaine, il peut se trouver dans ses rangs des profiteurs, des voyous, des potentats qui utilisent leurs responsabilités pour se créer un petit royaume dont ils deviennent les chefs incontestés et dont ils tireront des bénéfices matériels et du pouvoir.

EDF, RATP, SNCF, SNCM, Seafrance, constatons qu’il y a des traits communs. Ce sont des grandes, voire très grandes entreprises aux effectifs salariés élevés et qui appartiennent au secteur public. Ce sont des professions, des métiers où la culture corporatiste est élevée avec des statuts particuliers, un turn over limité, un rapport au travail sous contrôle collectif. Ce sont des situations professionnelles qui ouvrent aux salariés un rapport de force potentiel puissant du fait des inconvénients pour les usagers de la moindre grève d’une partie du personnel.. De ce fait, les directions ont dû souvent acheter la paix sociale et maintenir une gestion du social où la confrontation, la menace du conflit l’emportent sur la négociation. Enfin, un syndicalisme majoritaire sans réel pluralisme y a pris ses habitudes et se pense représentant naturel des salariés, grâce à un clientélisme plus ou moins intense. Tel est ce cocktail qui explique un social particulier, d’où peut surgir une voyoucratie qui se pare des habits du syndicalisme pour mener ses prévarications ou simplement ses accommodements avec les règles du jeu.
Face à ce cocktail potentiellement dangereux, l’autocontrôle et l’appel à la morale ne suffisent pas. Il faut introduire du contrôle et de la sanction.

Le contrôle du comité d’entreprise est possible : désignation commune entre la direction et les élus d’un expert comptable payé par le comité, choix de commissaires aux comptes, publication annuelle des comptes, avec présentation analytique, droit d’alerte auprès de l’inspection du travail exercé par 5% des salariés ou par le président du CE. Les tribunaux doivent être saisis en cas de malversations.
Le contrôle de la structure syndicale de base, celle de l’établissement ou de l’entreprise est plus complexe. Il faut d’abord que les responsables syndicaux des niveaux supérieurs agissent et sanctionnent comme la CFDT vient de la faire. S’en tenir à la réplique - « on attaque le syndicalisme », ou « on attaque notre organisation » - revient à justifier un refus d’intervenir qui laisse le champ libre aux malversations. Il reste aussi aux syndicalistes à penser à différentes modalités du management syndical : association des adhérents aux décisions, modalités d’élections des responsables, règles anti-cumul, règles de renouvellement des mandats, pouvoir d’intervention des structures extérieures sur leurs bases, etc.

Reste enfin aux directions et aux tutelles nommées par l’Etat à penser une stratégie sociale qui permette un meilleur équilibre des forces en présence, un progrès de la transparence, un gain des capacités négociatrices.


Voici l'édito du site ami les clés du social qui dit mieux que je ne pourrai l'écrire ce que je pense de la CFDT SEA FRANCE.

02:08 Publié dans Actualités | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : seafrance