30/01/2012
Seafrance
Porter une étiquette syndicale n’est pas un bouclier qui permet de faire n’importe quoi et qui met à l’abri de poursuites pénales. Obtenir des garanties sociales, représenter les salariés ne justifie pas le dévoiement et la prévarication. Voler son entreprise, voler le patron, c’est toujours voler. L’objectif d’une organisation n’autorise pas l’usage de n’importe quels moyens d’action. Il n’y a ici ni alibi possible, ni excuse permise.
L’indignation devant ces faits ne doit pas faire croire que le syndicalisme serait un îlot protégé des tentations et des pratiques délictueuses au nom de sa mission. Comme toute collectivité humaine, il peut se trouver dans ses rangs des profiteurs, des voyous, des potentats qui utilisent leurs responsabilités pour se créer un petit royaume dont ils deviennent les chefs incontestés et dont ils tireront des bénéfices matériels et du pouvoir.
EDF, RATP, SNCF, SNCM, Seafrance, constatons qu’il y a des traits communs. Ce sont des grandes, voire très grandes entreprises aux effectifs salariés élevés et qui appartiennent au secteur public. Ce sont des professions, des métiers où la culture corporatiste est élevée avec des statuts particuliers, un turn over limité, un rapport au travail sous contrôle collectif. Ce sont des situations professionnelles qui ouvrent aux salariés un rapport de force potentiel puissant du fait des inconvénients pour les usagers de la moindre grève d’une partie du personnel.. De ce fait, les directions ont dû souvent acheter la paix sociale et maintenir une gestion du social où la confrontation, la menace du conflit l’emportent sur la négociation. Enfin, un syndicalisme majoritaire sans réel pluralisme y a pris ses habitudes et se pense représentant naturel des salariés, grâce à un clientélisme plus ou moins intense. Tel est ce cocktail qui explique un social particulier, d’où peut surgir une voyoucratie qui se pare des habits du syndicalisme pour mener ses prévarications ou simplement ses accommodements avec les règles du jeu.
Face à ce cocktail potentiellement dangereux, l’autocontrôle et l’appel à la morale ne suffisent pas. Il faut introduire du contrôle et de la sanction.
Le contrôle du comité d’entreprise est possible : désignation commune entre la direction et les élus d’un expert comptable payé par le comité, choix de commissaires aux comptes, publication annuelle des comptes, avec présentation analytique, droit d’alerte auprès de l’inspection du travail exercé par 5% des salariés ou par le président du CE. Les tribunaux doivent être saisis en cas de malversations.
Le contrôle de la structure syndicale de base, celle de l’établissement ou de l’entreprise est plus complexe. Il faut d’abord que les responsables syndicaux des niveaux supérieurs agissent et sanctionnent comme la CFDT vient de la faire. S’en tenir à la réplique - « on attaque le syndicalisme », ou « on attaque notre organisation » - revient à justifier un refus d’intervenir qui laisse le champ libre aux malversations. Il reste aussi aux syndicalistes à penser à différentes modalités du management syndical : association des adhérents aux décisions, modalités d’élections des responsables, règles anti-cumul, règles de renouvellement des mandats, pouvoir d’intervention des structures extérieures sur leurs bases, etc.
Reste enfin aux directions et aux tutelles nommées par l’Etat à penser une stratégie sociale qui permette un meilleur équilibre des forces en présence, un progrès de la transparence, un gain des capacités négociatrices.
Voici l'édito du site ami les clés du social qui dit mieux que je ne pourrai l'écrire ce que je pense de la CFDT SEA FRANCE.
02:08 Publié dans Actualités | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : seafrance
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