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22/04/2010

Position de la CFDT sur les retraites

Sur la question des retraites dans l’avant projet d’avis de résolution soumis à son futur congrès, la CFDT se prononce clairement pour une réforme en profondeur. Elle souhaite en effet un système plus juste et plus lisible qui puisse répondre au défi démographique, aux bouleversements du monde du travail et qui laisse une plus grande liberté de choix aux salariés.


Répondre au défi démographique

Les Françaises et les Français qui ont eu 60 ans en 2009 bénéficient respectivement de 27 et 22 ans d’espérance de vie à la retraite. Ce chiffre augmente de plus d’un an tous les dix ans. Lorsque le système a été conçu, l’espérance de vie à la retraite n’excédait pas trois à quatre ans. La retraite est ainsi devenue un nouvel âge de la vie sans que le système ait intégré cette nouvelle donne. Parallèlement, l’arrivée à l’âge de la retraite de la génération du baby-boom (les personnes nées juste après la guerre) déséquilibre notre système en augmentant le nombre d’inactifs par rapport à la population active. Il s’agit certes d’un phénomène temporaire (une génération), mais qui nécessite un financement spécifique. Depuis 2006,on enregistre près de 800 000 départs à la retraite chaque année, contre 600 000 en 2003.



Prendre en compte les bouleversements du monde du travail

Les évolutions majeures du marché du travail sont notamment caractérisées par l’essor de l’emploi féminin, la précarisation des salariés et le développement des mobilités professionnelles.
Ces phénomènes remettent complètement en question le modèle de la carrière linéaire ( et essentiellement masculine ) autour duquel s’est construit notre système de retraite dans l’immédiat après-guerre. La diversité des salariés et des parcours professionnels doit aujourd’hui être davantage prise en considération. La situation des poly pensionnés (1), par exemple, n’est pas réglée, même si elle s’est améliorée grâce à la réforme de 2003. Les périodes de chômage ou d’inactivité ainsi que les inégalités de traitement entre les hommes et les femmes doivent également être mieux prises en compte.




Pérenniser le système par répartition

La CFDT défend le maintien d’un système par répartition qui est le modèle le plus à même de garantir une retraite décente à tous les salariés grâce à un fort niveau de solidarité entre les générations. Pour que ce système soit pérenne, il est toutefois nécessaire que les salariés aient confiance dans l’avenir de ce modèle. Les salariés acceptent en effet de financer les retraites parce qu’ils pensent qu’ils bénéficieront à leur tour de cette solidarité. Aujourd’hui, les enquêtes montrent que les jeunes générations doutent.
Selon un sondage CSA réalisé en janvier2010, 53% des moins de 30ans préféreraient un système de retraite par capitalisation, à travers lequel chacun épargne pour sa propre retraite. Il est donc nécessaire de rendre le système plus “sécurisant” en garantissant aujourd’hui aux jeunes générations des droits futurs à la retraite si l’on ne veut pas courir le risque qu’elles se détournent du système par répartition.



Permettre à chaque salarié de construire sa retraite


La CFDT constate une plus grande hétérogénéité non seulement des carrières, mais aussi des aspirations des salariés. Le modèle standard d’un parcours professionnel uniforme s’est élargi en un éventail plus large de profils de carrières. Le système actuel offre des possibilités de choix à partir de 60 ans : décote, surcôte, cumul emploi retraite ou bien encore retraite progressive. Ce seuil peut avoir des effets pervers. Il pénalise notamment les personnes qui ont commencé à travailler jeunes et qui ont effectué une carrière complète avant 60 ans. La CFDT souhaite que les salariés puissent avoir davantage de choix, comme celui de faire une “pause”pendant leur carrière et de repousser d’autant leur âge de départ à la retraite.



Rendre le système plus juste socialement


Aujourd’hui, les salariés qui ont un parcours professionnel morcelé sont particulièrement pénalisés au moment de prendre leur retraite. Il est donc nécessaire de renforcer la solidarité au sein d’une même génération, en améliorant notamment le niveau des basses pensions et en redéfinissant les avantages familiaux pour que ces derniers ciblent davantage les foyers les plus modestes. La complexité du système actuel cache en effet des inégalités sur lesquelles il est urgent d’intervenir. Pour rendre le système plus juste, il est également nécessaire de prendre en compte la question de la pénibilité.
Car il faut savoir que les inégalités sociales se traduisent par une différence d’espérance de vie de sept ans entre les ouvriers et les cadres. Cette inégalité est la conséquence de facteurs multiples dont les questions de pénibilité au travail.



Parvenir à bâtir un système plus simple et plus lisible

La question de la simplicité et de la lisibilité du système est centrale. Il s’agit peut-être de l’argument le plus important pour convaincre de la nécessité de réformer en profondeur notre système de retraite. La complexité actuelle pose en effet un problème démocratique. Personne, à part quelques spécialistes, n’est capable de le comprendre dans son ensemble. Le dernier rapport du COR (Conseil d’orientation des retraites), publié en janvier dernier, a ainsi mis en lumière des effets pervers qui n’étaient pas connus.
Il a fallu que les chercheurs de la Cnav (Caisse nationale d’assurance- vieillesse) et de l’Insee effectuent de multiples simulations pour qu’ils apparaissent au grand jour. Entre les régimes de base qui utilisent un système par annuités et les régimes complémentaires qui fonctionnent par points, il est bien difficile de s’y retrouver. De plus, les règles de calcul des pensions sont très différentes d’un régime à l’autre, ce qui rend la question extrêmement complexe et génère des injustices pour ceux qui cotisent à différents régimes au cours de leur carrière. Cette complexité renforce le côté anxiogène du dossier des retraites. Débattre de l’avenir du système pour les trente prochaines années se révèle donc plus que jamais nécessaire.




(1) personnes ayant cotisé à plusieurs régimes

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