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22/04/2010

Une réforme uniquement paramétrique est ingérable

J'ai pris le temps de lire le rapport du COR présenté le 14 avril.

Ma conviction est faite toute réforme strictement paramétrique est impossible.

Je m'explique.


Le rapport du COR du 14 avril présente les besoins de financement à horizon 2015-2020-2030-2040-2050.

Pour cela il se base sur 3 scénarios économiques.

Scénario A taux de chômage 4,5% taux de productivité 1,8%
Scénario B taux de chômage 4,5% taux de productivité 1,5%
Scénario C taux de chômage 7 % taux de productivité 1,5%

Il est évident que les scénarios basés sur un taux de chômage de 4,5% sont irréalistes. Je trouve déjà 7% bien optimiste pour 2020 (dans moins de 10 ans).

Je prendrai donc comme tout le monde le scénario central donc le B et considérons que les taux de rendement des retraites complémentaires Agirc-Arrco restent constants.

Pour équilibrer les comptes en 2020 il faudrait :

- baisser les pensions de 3,5% (baisser le rapport entre retraite moyenne et salaire moyen)
+ augmenter les cotisations de 4,2 points
+ retarder l'âge de départ effectif de 1 an

Pour équilibrer les comptes en 2030 il faudrait :

- baisser les pensions de 8,7%
+ augmenter les cotisations de 5,6 points
+ retarder l'âge de départ d'un an et demi

Qui peut penser encore qu'il est possible avec ce triangle infernal que constituent les paramètres actuels de mener une réforme "juste" ?

Il faut donc revoir totalement le système et introduire de nouvelles sources de financement autres que les cotisations sur les rémunérations.

Vous pouvez aussi lire l'article paru le 14 avril dans Nord Eclair qui explique que si l'on ne joue que sur un seul paramètre il faudrait pour équilibrer les comptes en 2020 :

• soit reculer de 5 ans l'âge effectif moyen de départ en retraite,
• soit faire chuter de 22% le rapport entre la pension moyenne et le revenu moyen d'activité
• soit augmenter de 5,2% les cotisations (ceci dans le scénario à 7% de chômage).

Voilà me semble t-il des chiffres incontestables et d'ailleurs peu contestés car le débat du COR s'est plus situé sur les hypothèses économiques que sur les besoins de financement.

Faut-il rappeler que 2020 c'est dans moins de 10 ans !

Et dire que depuis 1992, Michel Rocard n'a jamais été démenti, il me semble grand temps que sur les chiffres au moins nous soyons assez responsables pour les prendre comme base des débats en cours. Mais qui veut débattre des retraites ?

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