Retraites, négos sociales, dialogue intergénérationnel...

Le président de séance annonce dans un silence tendu que le congrès va entamer la discussion sur les retraites.

Le premier amendement est décisif, il vise à supprimer du texte de la résolution générale « la CFDT est d’accord pour une augmentation de la durée de cotisation ».

Pour défendre ce point de vue ses partisans ont désigné un orateur.Une militante de Seine Maritime s’oppose à toute augmentation de la durée de cotisation que ce soit l’âge ou le nombre de trimestres . Elle argumente, souvent applaudie, sur la dureté et la précarité du travail, la pénibilité…Quand elle rappelle la formule employée en 2003 « un compromis acceptable » la salle explose, les militants debouts s’indignent où applaudissent. Je ne dis rien c’est une erreur de rappeler 2003, contrairement à ce qu’elle pense les militants sont fiers de ce que nous avons fait en 2003. Dans le brouhaha le président de séance rétablit le calme. La militante défend sa position avec beaucoup d’ardeurs.

A la fin de cette intervention j’ai le sentiment que le congrès va suivre l’argumentation visant à un blocage total de la CFDT sur toute proposition crédible.

La procédure veut qu’un point de vue opposé s’exprime. Monte alors à la tribune un métallurgiste de Saint Nazaire (je suis rassuré car ce sont des militants chevronnés qui en 20003 ont assuré un soutien sans faille malgré les attaques ignobles des autres syndicats) . Il commence par refuser tout recul sur les 60ans « c’est une borne à laquelle il ne faut pas toucher…c’est un seuil et non un couperet » ; Il argumente énergiquement pour que la réforme des retraites ne soit pas payée uniquement par les jeunes en augmentant les cotisations, il considère que l’allongement de l’espérance de vie doit être partagée entre travail et retraite. Si la CFDT veut être crédible en refusant de toucher aux 60 ans elle doit accepter l’allongement de la durée de cotisation, conclut-il.

Jean Louis MALLYS le monsieur retraite de la CFDT, celui qui m’a remplacé, est remonté à bloc. Sûr de lui comme je ne l’ai jamais vu, il assène ses arguments. Quand il dit qu’il est fier de la CFDT de la réforme de 2003 une grande partie de la salle l’applaudit une autre conteste. Je ressens cette pression que j’ai tant connu où vous vous rendez compte que maintenant tout repose sur vous que vous pouvez « retourner le congrès ». C’est l’exercice de la démocratie, le passage obligé pour pouvoir parler au nom d’un collectif qui représente ici 800000 adhérents. Vous relatez ce qu’il dit m’est impossible je suis pris par l’émotion, je serre les points à chaque huée je respire quand je sens vibrer le congrès en accord avec l’orateur.

Le Président soumet l’amendement au vote. Je me dis que cela fera du 50-50. Si le congrès vote contre l’allongement de cotisation c’est toute la CFDT que j’aime qui rejoindrai ce syndicalisme irresponsable qui refuse tout.

Les congressistes attendent de longues minutes le déroulement du scrutin électronique. Scrutin fermé annonce le grand écran.

Le président dans un silence prenant annonce d’une voix neutre « pour l’amendement 11900 voix soit 42% contre 17171 voix 58% »
C’est alors une explosion de cris et d’applaudissements de militantes et militants debout s’embrassant se congratulant. François CHEREQUE bondit de son siège les bras levés en signe de victoire. Tous les dirigeants se regardent, Gaby BONNAND saute comme un cabri.
Oui nous sommes tous soulagés.

Pour moi la CFDT reste la CFDT. LE syndicat français responsable.

Les 2 amendements suivant sont gagnés par l’équipe dirigeante. La CFDT ne s’opposera pas à l’harmonisation entre le public et le privé.

Je me lève, je peux quitter le congrès.