Retraites, négos sociales, dialogue intergénérationnel...

Mais ce calendrier n’est qu’une base de travail, tous les négociateurs le savent il faut jouer avec le temps.« Donner le tempo », « Donner le La », « Garder la main », « Jouer les prolongations » « Prendre de vitesse », la liste des expressions utilisées en négociation démontre l’importance stratégique de la donnée temps. Alors en 2010 qu’en est-il ?

Comme toujours il y a l’intrus, cet évènement qui efface tout et prend le pas sur tous les autres, en ce moment c’est la crise financière des Etats de l’Union. Je pense que cette crise est dans la tête de tous les négociateurs d’autant plus que les retraites sont prises en compte dans le calcul des déficits publics. La crise pèse sur les représentations et les comportements sociaux, elle favorise la radicalité et augmente encore les peurs et les angoisses. Tout cela n’est pas facile à gérer.

Ensuite il faut gérer le climat social et les syndicats. C’est dans ces moments là que l’on se rappelle qu’ils existent et peuvent être utiles ou nuisibles. Qu’en est-il ?

Aucun syndicat n’est en mesure aujourd’hui de soutenir une réforme aux mesures si lourdes qui seront prises. Je vous rappelle qu’au 30 novembre 2009, il n’y avait plus un euro pour payer les retraites de décembre. Elles l’ont été grâce à la trésorerie. Aussi je ne crois pas trop à ces petites phrases laissant entendre que l’on attend par exemple le congrès de la CFDT ou que l’Elysée « gère » la relation avec B.Thibault… c’est sûrement un peu vrai mais ça ne compte pas.

Par contre le gouvernement et les syndicats ont déjà coché 2 dates importantes le 27 Mai et le
15 juin.

Le 27 mai tous les syndicats capables de mobiliser de nombreux salariés seront en grève et manifesteront à l’appel de la CGT, CFDT, FSU, UNSA, SUD et le 15 juin FO joue son « va tout » en appelant seul à une journée de grève et manifestations. Il y a fort à parier qu’avant le 15 juin le gouvernement restera sur une position d’attente et fera durer la concertation sur le document de travail d’E.Woerth.

Et puis il y a l’été et la période des congés toujours propice pour faire passer les mesures impopulaires.

Sans oublier la coupe du monde de foot qui jouera sur l’attention si ce n’est sur le moral des Français, ne pas intégrer cet évènement serait une erreur.

Tout ça pour dire que rien n’est écrit d’avance, une réforme se décide toujours dans un contexte particulier et changeant. Les stratèges gouvernementaux vont scruter la bonne « fenêtre de tir ». Espérons que chacun restera loyal c’est le propre des bons négociateurs