27/12/2016
Le grand chamboule tout
Nous vivons une période formidable, tout serait possible. Avec un bulletin de vote, un tweet, une vidéo youtube, on peut tout chambouler. Au jeu de massacre, comme à la fête foraine, le peuple s’en donne à cœur joie.
Exit SARKOZY, même pas lucide de la détestation qu’il suscitait. Exit HOLLANDE lucide de l’état d’éclatement d’une opinion ingouvernable.
Ailleurs ce n’est pas mieux, exit l’héritage OBAMA, exit Matteo RENZI, exit la Grande Bretagne de l’Europe…
Si l’alternance est indissociable de la démocratie, rien ne nous interdit d’interroger les qualités de nos démocraties.
A jouer des coups politiques dans l’immédiateté des évènements-émotions, nous prenons comme un boomerang le bâton des dures réalités qui adorent, elles, le temps long. Quand je négociais des réformes, je demandais des études pour mesurer les conséquences, les effets de comportement à venir qu’induisaient les mesures de la réforme ; et à chaque fois on n’avait pas le temps, il fallait décider toujours dans l’urgence. Il fallait plaire à l’opinion, cette même opinion qui aujourd’hui, avec les réseaux sociaux et l’info en direct, massacre tout.
A ce jeu du chamboule tout, la meilleure technique est celle du bashing. Et là, il n’existe plus de limites, plus c’est gros et mieux ça marche. La loi EL KOMRI en a été un exemple, tout était mauvais et à jeter ! La CFDT qui avait un avis partagé sur le texte n’a jamais pu trouver le moyen de faire connaitre sa position nuancée. Dès le début, elle a été étiquetée comme inconditionnelle de la loi. Seuls les opposants ont monopolisé les médias. Avec le bashing, il faut être totalement contre, il n’y a plus de place pour le moindre recul.
Le complotisme, cette nouvelle habitude de considérer, à priori, toute information comme une manipulation, un mensonge monté de toute pièce, dévaste notre démocratie. Les rumeurs les plus abjectes inondent les réseaux sociaux, la plupart des élus raisonnables en sont victimes. La défiance supplante la confiance. La pire des choses serait de considérer ces nouveaux phénomènes de société comme une fatalité. Je ressens une démission collective pour combattre ces effets dévastateurs pour la démocratie.
Quand on a tout chamboulé, massacré, que reste-il ?
Alors, comment faire de la politique, du syndicalisme, responsable dans ces conditions ? La solution passe par l’engagement de chacun de nous, le pire serait de démissionner ou d’alimenter, nous aussi, le chamboule tout. N’ayons pas peur, rien n’est écrit d’avance, le pire est possible mais nous pouvons l’éviter. Soyons militants. Engageons-nous.
01:23 Publié dans A lire | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : syndicalisme
09/06/2014
La politique de l'offre divise le syndicalisme
Le syndicalisme international a été fortement influencé en matière de politique économique par le keynesianisme. Keynes considère que le chômage est notamment dû à l'insuffisance de la demande de biens et services, il considère par ailleurs que le salaire est un déterminant important de la demande. Comme, en plus, cet économiste britannique défendait le syndicalisme, ses travaux ont longtemps été relayés - souvent de manière trop simpliste- par les syndicats.
On peut résumer ainsi le discours syndical: il faut augmenter les salaires, les retraites, les allocations et indemnités sociales,ce qui stimulera la consommation, provoquera ainsi une demande de biens qu'il faudra produire en créant des emplois. Nous comprenons alors la propension syndicale à défendre la "demande" avant "l'offre".
Le syndicat français qui se réfère encore aujourd'hui aux théories de Keynes est Force Ouvrière. Jean Claude MAILLY n'hésite pas à qualifier FO comme le syndicat de la fiche de paie. Pour FO la relance de la consommation est une priorité. Il n'est donc pas étonnant de voir ce syndicat vent debout pour contester la politique gouvernementale qui a fait le choix de l'offre et non de la demande.
La CGT soutient le même raisonnement sur l'augmentation des salaires mais insiste, en plus, sur le rôle décisif de l'Etat pour lancer une politique de grands travaux qui génèrera de l'emploi. La CGT refuse avec virulence le pacte de responsabilité.
La CGC qui s'est recentré sur la défense des classes intermédiaires est aujourd'hui très préoccupée par les hausses d'impôts et refuse la modération salariale notamment des cadres. La CGC défend le concept de TVA sociale.
Restent la CFDT et la CFTC, ces deux syndicats considèrent que la croissance n'est plus autant créatrice d'emplois que par le passé. La CFDT pense même que la croissance sans emploi est possible, elle insiste donc sur une nouvelle conception de la croissance basée notamment sur la transition énergétique et la réponse à de nouveaux besoins sociaux. Ce syndicat ne conteste pas la politique de l'offre sous tendue par le pacte de responsabilité et de solidarité. C'est même le syndicat qui demande à ses négociateurs d'entreprise de s'emparer du CICE pour demander des comptes aux employeurs sur l'utilisation des 30 milliards de baisse du coût du travail. Dans ses argumentaires pour les NAO ( négociations obligatoires sur les salaires), elle insiste sur les crédits affectés aux investissements, aux formations qualifiantes voire aux politiques d'innovation. La CFDT relaie la demande de la Ces ( confédération européenne des syndicats) pour un plan européen de grands investissements.
Pour résumer, parmi les 3 principaux syndicats, CGT et FO s'arqueboutent sur une relance par la demande et refuse la politique de l'offre nouvellement prônée par le gouvernement. La CFDT est beaucoup plus interrogative sur le lien croissance emplois et milite pour une modernisation de notre appareil productif ce qui la conduit à soutenir la politique de l'offre.
01:02 Publié dans syndicats | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : syndicalisme
14/03/2014
Le chemin de croix des syndicalistes courageux.
Dire non à son patron, ce n'est pas facile, mais apposer sa signature au bas d'un plan de reprise où des salariés sont quand même licenciés, ou au bas d'un accord compétitivité emploi où des acquis sociaux sont supprimés, peu de syndicalistes en ont le courage. Je veux, ici leur rendre hommage.
Le 6 février, en pleine audience du tribunal de commerce de Pontoise, le responsable national des routiers CFDT ,prend ses responsabilités et signe le plan de reprise de la société MORY DUCROS,désavouant par ce geste de délégué syndical de l'entreprise, ce cas douloureux n'est malheureusement pas un cas isolé. Sans ce plan de reprise se sont 5000 salariés qui étaient licenciés et une entreprise "liquidée" comme disent les juges de ce tribunal. Grace à cette signature, 2210 salariés de MORY seront repris par ARCOLE, une enveloppe de 30M€ a été arrachée en indemnités extra légales et une garantie de salaire obtenue pendant un an à hauteur de 97% du net.
Mon expérience syndicale me fait dire que ce genre de situation est invivable. L'histoire du verre à moitié plein ou à moitié vide m'a toujours rendu furieux, car c'est la moitié vide que les journalistes et encore plus mes camarades contestataires m'envoyaient à la figure. Dire qu'entre chômage et emploi,il faut savoir choisir est une énorme farce car c'est souvent entre licenciements ET emplois qu'il faut choisir!
Aussi les "redoutables" ce ne sont pas les syndicalistes de la Redoute qui auront toujours les mains propres en refusant "tout licenciement", mais ceux,qui en fin de parcours, feront le choix difficile du compromis.
J'en veux aux responsables politiques qui par confort hurlent toujours avec loups, ceux qui appellent pour nous féliciter de dire non et qui se taisent quand les coups pleuvent de partout parce que l'on a dit oui. Ce oui qui bien sûr n'est jamais donné de gaité de cœur. 10 ans plus tard, les mêmes reconnaissent que vous avez été courageux et pour se justifier vous disent "vous aviez raison trop tôt".... ça nous fait une belle jambe.
Aussi, c'est maintenant, tout de suite, que tous les décideurs doivent ouvrir leur grande bouche pour crier leur soutien, leur reconnaissance, à tous ces ouvriers, ces salariés qui prennent tous les risques en engageant leur signature et celle de leur syndicat pour sauver des emplois ou obtenir des investissements productifs moyennant des sacrifices sociaux.
02:09 Publié dans syndicats | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : syndicalisme