16/04/2013
Tous les patronats ne se valent pas
Jeune syndicaliste, il m’était facile de nommer le capitalisme, il me suffisait de citer BOUSSAC, HERSANT, SEILLIERES, MICHELIN. Le patronat était incarné par des patrons de droit divin.
Puis, devenu responsable, j’ai eu affaire au capitalisme globalisé, désincarné, éloigné… « la main invisible » contre laquelle il était impossible d’avoir prise. J’ai connu enfin le capitalisme financier, celui des fonds de pension et du CAC 40, ces entreprises aux noms éphémères et impersonnels.
Aujourd’hui, j’ai redécouvert une vertu du capitalisme dit familial, celui qui n’est pas coté en bourse. Prenons l’exemple récent de Michaël DELL. Il crée son entreprise de matériel informatique en 1984, avec 1 000 dollars. Pour assurer le financement des investissements nécessaires à son développement, il côte son entreprise en bourse (elle vaut aujourd’hui 25 milliards de dollars). Sans les capitaux de la bourse, l’entreprise aurait végété et serait surement morte. La « famille» DELL vient de décider de racheter toutes les actions et l’entreprise ne sera plus cotée en bourse. Pourquoi ? Tout simplement parce que l’entreprise doit se réorganiser sur le long terme et qu’il sera impossible pendant plusieurs années de rémunérer le capital. Michaël DELL se libère ainsi des contraintes de l’assemblée générale des actionnaires et pourra mener une stratégie industrielle sur le temps long, temps long incompatible avec la recherche effrénée de dividendes à court terme.
Voilà pourquoi, je préfèrerais, aujourd’hui, travailler dans une entreprise dite familiale, avec un patron bien vivant, issu d’un territoire, soucieux du maintien de son entreprise et d’investir une partie des résultats dans des investissements d’avenir sans obligatoirement rechercher le profit immédiat.
Les transitions auxquelles nos entreprises régionales sont condamnées à s’engager, nécessitent une vision stratégique à long terme. Les bénéfices espérés sur retour des investissements ne se feront pas immédiatement. Je sais par expérience que les actionnaires ont horreur du risque, ce sont des rentiers courts termistes, ils demandent aux top-managers de prendre des risques industriels mais à la condition de ne pas prendre le risque de diminuer le montant de leurs dividendes.
Cela porte en germes des crises économiques et sociales majeures.
Nous voyons bien que le coût du travail n’est pas le premier responsable de la crise. Pour moi, c’est la gouvernance des entreprises qu’il est urgent de réformer.
04:19 Publié dans Actualités | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : medef
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