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09/06/2011

La démographie, talon d’Achille de l’Allemagne

En France, nous nous comparons souvent aux allemands pour dire la plupart du temps que nous serions moins bons. J’ai toujours contesté ces comparaisons, à l’emporte pièce, comme la meilleure capacité des syndicats à négocier et leur soi disante répulsion à la grève.

Aujourd’hui je voudrais vous parler de la démographie allemande. J’ai déjà écrit dans ce blog que dans les 20 ans qui viennent il y aura plus de français que d’allemands et qu’en termes géopolitiques ce n’est pas rien.


Aussi, quand je vois notre débat assez lamentable sur l’immigration, je pense toujours aux allemands. D’ici 2060, avec un solde migratoire nul (ce qui n’est pas envisageable) l’Allemagne perdrait encore 24 millions d’habitants soit 30% de sa population. Avec un solde migratoire positif de 200 000 personnes par an, l’Allemagne perdrait encore 12 millions d’habitants soit une baisse de 15%.

Pour la main d’œuvre disponible, les enjeux sont considérables. Si en 1950 l’Allemagne comptait 1 retraité pour 7 actifs, elle en comptera 1 sur 2 en 2050. Là encore il n’y a pas de miracle allemand, ainsi l’âge légal de départ en retraite a été reporté de 65 ans à 67 ans à horizon 2029.

D’ici 2035, la France va gagner 110 000 actifs par an, mais ce qui me passionne est de voir comment les allemands vont gérer eux la perte de 8 millions de personnes actives d’ici 2030. Imaginez le choc que cela représente pour les employeurs et les politiques de recrutement, évidemment contrairement à la France, les DRH allemands ont depuis longtemps intégré les pyramides des âges dans les bilans sociaux. Nous savons par ailleurs qu’ils ne sont pas mauvais sur la formation vraiment tout au long de la vie. Ce qui m’étonne est l’accent mis depuis plusieurs années sur le taux d’emploi des femmes et surtout l’amélioration de leurs parcours professionnels (dans ce blog où l’amélioration du taux d’emploi des seniors est indissociable de celui des jeunes et des femmes, l’Allemagne est un bon laboratoire).

Je trouve aussi que leur rapport à la productivité des seniors n’est pas aussi négatif qu’en France. Je lisais dernièrement que le directeur du personnel de BMW disait « l’enseignement majeur a été qu’un effectif âgé peut produire la même qualité et préserver le niveau de productivité dés lors que les conditions adéquates sont réunies ».

Comme quoi le malheur des uns peut aider les autres ! Encore faut-il voir au-delà de nos frontières et en tirer les leçons pour nous.

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