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11/02/2010

Pour un changement radical de notre système de retraite (pendant 2 semaines chaque jour je vais vous proposer un petit papier sur ce que pourrait être un nouveau système de retraite par répartition

La retraite, une réforme arrêtée


En 2003, la CFDT et le gouvernement Raffarin-Fillon ont réformé en profondeur les régimes de retraite améliorant à terme l’équilibre financier et en créant de nouveaux droits importants (régime additionnel FP, carrières longues, minimum contributif …)

En 2008, dès le premier rendez-vous qui était censé poursuivre la réforme, rien n’a été décidé, pire, le gouvernement est revenu sur des mesures de 2003.

En 2009, les partenaires sociaux n’arrivent pas à négocier un accord permettant l’équilibre des retraites complémentaires.

En 2009, c’est la cour de cassation qui alloue à un homme, père de famille, les avantages familiaux réservés jusqu’alors aux femmes qui ont mis au monde un enfant.

Oui, la réforme des retraites en France est non seulement bel et bien arrêtée, mais elle se fait dorénavant par la jurisprudence !

Pourquoi ces blocages ?


En 2003, dans un système paramétrique, nous avons pensé qu’il fallait instituer une réforme par étapes successives. En effet, de nombreux paramètres fluctuent avec le temps comme les taux de natalité, d’emploi, de chômage, de croissance, du coût de la vie ou la progression de l’espérance de vie. Il fallait donc adapter régulièrement les règles de pilotage des régimes aux fluctuations des paramètres.

Malheureusement, il faut se rendre à l’évidence : nous nous sommes trompés.

Pas sur le fond ! L’argumentation reste non seulement juste car nous avons vu combien ces paramètres évoluaient très rapidement (plus rapidement que l’on ne le pensait) mais nous avons sous-estimé la portée anxiogène de ces rendez-vous périodiques.

Ces rendez-vous attisent des comportements générés par les peurs et les angoisses, des salariés nombreux anticipent leur départ en retraite à l’inverse des effets de comportements souhaités et toutes les forces démagogiques se déchaînent pour ne rien faire.

Par peur de renouveler les soubresauts sociaux de 2003, en 2008 les décideurs n’ont rien décidé. En 2008 c’est la victoire des tenants du statut quo ! C’est dire ainsi combien le système est à bout de souffle.

Nous avons vu aussi que les régimes spéciaux n’ont pas été réellement réformés. Les grandes entreprises ont compensé les augmentations de cotisation par des augmentations de salaires, des régimes chapeau ont été créés… c’est si vrai que même la CGT cheminot a accepté, c’est donc que ce n’était pas une vraie réforme. Pour payer la réforme du régime des cheminots la SNCF fait même la manche auprès des Conseils Régionaux. Pour le Nord Pas de Calais (c’est 40 millions d’euros que les contribuables et non usagers devront débourser !)

Il faut aussi se rendre à l’évidence, le corps social, c’est-à-dire les salariés et les retraités mais aussi les corps intermédiaires que sont les syndicats et les organisations patronales, ne veut plus s’engager pour soutenir une réforme paramétrique.

Les 3 paramètres de la répartition, sont vraiment devenus le triangle infernal triangle infernal.doc ! Face à l’allongement de l’espérance de vie, les ajustements ne peuvent se faire que par une perte du pouvoir d’achat des actifs et /ou des retraités, ou une augmentation de la durée de cotisation que même les militants de la CFDT ne semblent plus vouloir soutenir.

Si l’on ajoute à cela la non capacité à s’engager d’une majorité de syndicats, il est illusoire de penser obtenir un accord majoritaire sur un ajustement périodique des paramètres fût-ce t’il équilibré.

Pour un syndicat aussi réformiste soit-il, il est impossible de négocier (avec ou sans les règles actuelles de représentativité) une nouvelles évolution paramétrique des systèmes de retraite

L’autre leçon de 2008, c’est qu’un gouvernement, même avec Monsieur Fillon comme Premier ministre, n’est pas en capacité de décider seul d’une réforme difficile. La conclusion s’impose d’elle-même : il faut changer de système et abandonner à termes les systèmes paramétriques.

Ajoutons que le système actuel est illisible, non solidaire pour les carrières ouvrières et comme dit François Chéréque « il est illisible parce qu’ainsi il permet de rouler les plus faibles ».


Commentaires

Comment des syndicats se disant responsables peuvent, avant le démarrage de toute négociation sur les retraites, annoncer que l'âge de départ en retraite,à 60 ans, et la durée de cotisation sont non négociables ?
Dans tous les pays développés, compte tenu de l'augmentation de l'espérance de vie, l'âge de départ en retraite a été porté à 65 voire 67 ans.
En plus, tout le monde sait qu'en France l'âge effectif de départ en retraite se situe en moyenne à 58 ans et pas à 60 ans. Ce qui veut dire que pour que l âge effectif de départ soit 60 ans il faudrait commencer par porter l'âge légal de départ à un minimum de 62 ans.

Écrit par : caen | 12/04/2010

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