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25/01/2017

Jacques MOREAU est décédé.

Sale mois de janvier, Jacques MOREAU était assis à ma gauche pour le dernier adieu à François CHEREQUE, il marchait difficilement. Ce matin j’apprends sa mort, il avait 84 ans et était toujours aussi subtil dans l’analyse du présent.

A vous, jeunes militants de la CFDT, sachez que Jacques MOREAU a fait et pensé la CFDT que vous connaissez aujourd’hui, lisez et relisez le rapport MOREAU que la CFDT mettra certainement en ligne.

Jacques a été secrétaire fédéral chimiste puis secrétaire National de la confédération quand Edmond MAIRE en était le Secrétaire Général. Il était responsable du secteur politique.
Je me souviens, c’était en janvier 1978, au conseil national de la CFDT. Un de ces moments dont la CFDT avait le chic pour se déchirer. J’entends encore la démonstration implacable, la pertinence de l’analyse, le bon sens du positionnement, je n’avais pas 3O ans. Dans la salle certains parlaient déjà de trahison, de retournement. Replaçons-nous dans le contexte, depuis septembre 1977, la gauche est divisée, le PCF a rompu avec le programme commun, la CGT encore liée au parti communiste organise des journées d’actions à répétition, souvent avec la CFDT au nom de l’unité d’action, le CNPF de l’époque est totalement bloqué, la droite est au pouvoir, la situation sociale se détériore. En 1974 de nombreux militants de la CFDT ont rejoint le parti socialiste. Les temps sont au « tout politique », ce qui inquiète les dirigeants confédéraux.
Après un débat très animé, avec 88% le conseil national engage la stratégie dite du « recentrage » ou plus exactement de « resyndicalisation ». La CFDT refuse d’attendre l’alternance politique, elle veut « obtenir des résultats concrets, donner de l’espoir, ce qui passe par les compromis nécessaires avec ceux qui dirigent l’économie et la vie sociale ». Jacques viendra à LILLE expliquer que le syndicalisme n’a qu’un objectif, celui de négocier des résultats tangibles pour améliorer la situation des salariés en toute autonomie avec les partis politiques. Les mots sont durs envers les militants syndicaux qui privilégie la voie politique à la voie contractuelle.
Après avoir été député européen, Jacques sera délégué général d’»Europe et Société ». Il aura été un militant infatigable de l’ambition européenne.

Jacques m’aura aidé à prendre, comme syndicaliste, mes distances avec le Politique en expliquant que les légitimités, les fonctions, les missions sont différentes. Il m’aura aussi, avec Albert MERCIER, mis à l’aise pour aller rencontrer, les décideurs quels qu’ils soient pour défendre le point de vue syndical.

Je perds un camarade, encore un.

18:22 Publié dans Actualités | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : jacques moreau

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