28/10/2013
La pédagogie de la transition
Dans le travail engagé avec Jérémy Rifkin sur la transition énergétique, le plus important, pour moi, est la valorisation du concept de transition.
Il est commun d'entendre les décideurs affirmer qu'un monde ancien se meurt et qu'un monde nouveau va émerger, pour y arriver, plus vite, il faudrait procéder à un bing bang, comme si du passé, il fallait faire « table rase ». Ainsi, à la révolution, fut ce t elle la 3ème révolution industrielle, je préfère, de loin, la transition énergétique.
La transition a une vertu pédagogique qu'il ne faut pas sous estimer. Faire le choix de la transition comme stratégie, c'est dire à nos concitoyens qu'il n'y aura pas de retour en arrière possible, pas de statu quo, mais qu'il faut passer à autre chose par des transitions. Cette démarche est profondément réformiste.
La transition est plus douce que la rupture. Or, il est politiquement incorrect de prôner la douceur dans les rapports sociaux. La stratégie de la rupture, autant partagée à gauche qu’à droite, est celle de l'affrontement qui conduit non seulement au manichéisme mais à la violence.
Le concept de "transition" est donc le meilleur moyen de passer, par la négociation, d’une situation actuelle devenue intenable à une nouvelle position plus satisfaisante, malheureusement, c’est à plusieurs transitions que nous sommes affrontés.
La transition de la compétitivité. Il n'y a plus de décision d'investissement productif important sans garantie de gains de productivité. La notion même de productivité est en complète mutation, produire autrement c'est évident mais quid des conditions à remplir pour réussir le "faire autrement". Cela nécessite des transitions professionnelles pour les salariés, des transitions managériales, voire des transitions dans les modes de gouvernance.
La transition sociale. Comment passer d'une société enkystée dans un chômage massif, avec des inégalités de plus en plus insupportables à une société socialement soutenable. Qui peut croire que l'on va passer un jour brusquement à la société du plein emploi ? Dans les écoles de la 2ème chance, nous voyons combien les transitions sont nécessaires dans l'insertion professionnelle des jeunes, il en sera de même avec le noyau dur du chômage.
La transition démographique est en cours mais elle n'est pas assumée. Le vieillissement des pyramides des âges ne veut pas dire vieille société. Comment faire pour éviter de dire "de mon temps", pour quitter la nostalgie des préretraites et engager un processus de vieillissement actif ?
Enfin d'autres transitions sont à l'œuvre mais on ne veut pas les voir car trop redoutables, transitions migratoires, transitions territoriales, transitions éducatives.
Cette notion de transition est décidément très moderne.
article paru dans Autrement Dit
05:50 Publié dans A lire, Actualités | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : transition
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