Retraites, négos sociales, dialogue intergénérationnel...

Il est des dimanches qui donnent le vertige. A Paris la manifestation contre le mariage pour tous a donné lieu à de multiples comportements politiques parfois choquants. Au même moment, à Cannes, Steven Spielberg récompensait le film « La vie d’Adèle », hymne à l’amour homosexuel.

Le cœur du problème n’est pas dans un débat pour ou contre le mariage homosexuel. Il n’est pas non plus dans la manifestation.

Non le vrai sujet est celui de l’esprit de responsabilité que doit avoir un homme politique en exercice. Quand je vois des responsables politiques de droite défiler dans le cortège de dimanche contre une loi entérinée par le Parlement, je m’interroge fortement sur leur capacité à constituer une force d’opposition responsable. Si ces responsables disent former un parti de gouvernement pour demain, ils devraient dès maintenant commencer par respecter les institutions, au premier rang desquelles le Parlement.

Mais il y a pire. Il y a cette expression, d’un jeune élu qui déclare qu’il place « la morale au dessus des lois ». Venant d’un élu de la République, cette assertion est choquante. La morale relève d’abord et avant tout du groupe auquel on appartient et de l’ensemble des habitudes et des conduites qu’il se donne. La morale n’a pas vocation à exprimer un intérêt général, supérieur, transcendant justement les règles de tous les groupes d’intérêts particuliers comme le fait la loi.

La radicalité du débat politique aujourd’hui m’inquiète. Les clivages se creusent, faisant rejaillir de vieilles fractures sociétales que l’on croyait bonnes pour les livres d’histoire.

C’est dans ces périodes de flottement que l’esprit de responsabilité prend toute son importance. Chaque responsable, chaque personne en possession d’une parcelle de pouvoir politique devrait garder à l’esprit que la conviction politique doit toujours s’effacer derrière un certain esprit de responsabilité qui place les fondements de notre République au dessus de toutes considérations partisanes.

Retrouvons un débat serein et démontrons aux jeunes générations que débattre, négocier, concilier, sont encore et pour longtemps les vertus cardinales de tous responsables en exercice.

2,1 millions d’habitants
3629 km2
586 hab/km2
857 000 emplois salariés
104 000 indépendants et chefs d’entreprise
95 000 établissements employeurs
15 320 entreprises créées en 2011
70 milliards de PIB
135 000 étudiants
32 000 travailleurs transfrontaliers (27 000 français et 5 000 belges)

Ce mardi 21 mai à 18h45, avis de grand frais sur le port de Calais, Jean Claude, ce faiseur d’humanité, s’en est allé, paisiblement. La veille, dans son bulletin Vbis, il écrivait « les vacances près du port interrompues par une absence de vent dans mon poumon ».

Jean Claude, de par sa profession, a accompagné des enfants battus, violentés, autant de petites victimes de la maltraitance dont l’évocation nous glaçait. Il aida sans compter, mais aussi sans jamais juger, des dizaines d’adolescents confrontés à la délinquance, à la drogue et toutes les désespérances de la vie. Il a ensuite, avec la remarquable association « la main tendue », accompagné, les unes après les autres, des personnes isolées et en fin de vie. Ces dernières années en accompagnant Françoise, il s’est fait de nouveaux et nombreux copains parmi les compagnons d’Emmaüs.

Et pourtant, Jean Claude était un ami gai, aimant la vie, disponible pour sa famille et ses petits enfants. Un homme d’espoir, un confident attentif. Jamais blazé par ce qu’il pouvait voir des détresses de ce monde.

Jean Claude avait le regard qui mettait en confiance, il écoutait beaucoup plus qu’il ne parlait, mais ses répliques étaient ciselées, souvent avec un humour au quatorzième degré, parfois cinglantes. Et en plus, les femmes le trouvaient beau !

Avec lui, j’ai partagé de grands moments d’amitié. Combien de soirées avons-nous passées, en sirotant un ti ponch, non pas à refaire le monde, ce n’était pas le genre, mais à chercher à comprendre. Chercher à comprendre le réel de la vie, de nos vies, la complexité de l’Etre humain. Mais aussi réfléchir au pourquoi de nos attitudes et comportements. Adieu mon frère.

J’ai écrit ce texte dans ce blog, pour lui, mais aussi pour tous ceux qui l’ont connu et côtoyé, afin de partager nos souvenirs d’un Homme puissant, un faiseur d’humanité, comme a dit le responsable de « la main tendue ».